David Reinbacher de Montréal à Pittsburgh: TVA Sports ne lâche pas le morceau

David Reinbacher de Montréal à Pittsburgh: TVA Sports ne lâche pas le morceau

Par Nicolas Pérusse le 2025-11-02

David Reinbacher se relève pendant que Crosby est en feu : deux destins qui se croisent...

Le hockey aime les symboles, et celui-ci est parfait. Alors que Sidney Crosby marquait son neuvième but de la saison dans une défaite sans appel des Penguins de Pittsburgh face aux Jets de Winnipeg, un autre joueur, beaucoup plus jeune, reprenait tranquillement son souffle au sud de Montréal.

David Reinbacher, souvent critiqué, souvent blessé, a enfin retrouvé un peu de lumière.

À Laval, le jeune défenseur autrichien a connu son match le plus complet depuis des mois. Après avoir terminé la veille avec un différentiel de -2 et s’être blâmé lui-même pour le but gagnant de Rochester, Reinbacher a rebondi avec calme et lucidité.

Dans une victoire convaincante de 5-2 contre ces mêmes Americans, il a récolté sa première mention d’aide de la saison, sur le but d’assurance de Jared Davidson, et a terminé la rencontre avec une fiche de zéro, mais surtout avec le sentiment d’avoir enfin retrouvé son rythme.

« Je me sentais vraiment bien, léger. On a bien bougé la rondelle et j’ai eu quelques bonnes séquences. Il faut juste que je continue », disait-il vendredi après la défaite. Samedi, il a mis ses paroles en action.

Reinbacher n’avait pas cherché d’excuse après sa gaffe de la veille. Il avait vu un jeu risqué, tenté d’intercepter une passe, et ça s’était retourné contre lui. 

« C’est de ma faute », avait-il lancé sans détour. Dans un vestiaire où les jeunes évitent souvent de se mouiller, ce sens des responsabilités avait marqué l’entraîneur Pascal Vincent, qui l’avait aussitôt défendu :

« C’est son premier match après une longue absence. Il faut lui laisser le temps. »

Cette réaction, à la fois honnête et mesurée, résume tout le défi de Reinbacher. Depuis son repêchage en 2023, son développement est haché par les blessures : un genou droit opéré, puis un tir reçu sur la main pendant le dernier camp d’entraînement du Canadien. À chaque fois qu’il semble prêt à décoller, la malchance le rattrape.

Mais samedi, il a enfin joué comme un joueur libéré. Fluide, mobile, alerte. Pas de geste inutile, pas d’erreur coûteuse.

Son duo avec Adam Engström a retrouvé la synchronisation qui manquait la veille. On a revu, pour la première fois depuis longtemps, le défenseur qui avait séduit le CH au repêchage : un patineur élégant, patient avec la rondelle, capable de voir les ouvertures avant les autres.

La bonne nouvelle, c’est que le Canadien, malgré les critiques, n’a pas abandonné sur son cas. Pascal Vincent l’a répété : Laval existe pour former les jeunes, pas pour les enterrer.

 Et Reinbacher fait clairement partie du plan. Avec le départ de Logan Mailloux, en difficulté à Saint-Louis, les prochaines semaines seront cruciales pour l’Autrichien. Il aura du temps sur toutes les unités spéciales, incluant l’avantage numérique, pour reprendre confiance et se réinstaller comme l'espoir défensif du futur.

Et pendant que Jacob Fowler enchaîne les performances dignes d’un futur Carey Price (36 arrêts sur 38 tirs contre Rochester, quatre victoires en six matchs), Reinbacher se rapproche de son propre déclic. Les deux jeunes forment déjà, sans le savoir, le noyau défensif d’un CH qui pense à long terme.

Pendant que Laval se réjouissait de la progression de ses espoirs, les Penguins, eux, se faisaient manger tout ronds par les Jets de Winnipeg. Score final : 5-2.

Un naufrage collectif. Seul Sidney Crosby, fidèle à lui-même, a réussi à sauver l’honneur sur le jeu de puissance avec son neuvième but de la saison. Mais derrière la fiche incroyable de 8-3-2, la réalité est brutale : les failles des Penguins éclatent au grand jour.

La défense est lente, la relève inexistante, et le gardien Tristan Jarry multiplie les erreurs. Kyle Dubas, leur directeur général, le sait : cette équipe n’est pas bâtie pour durer. Plusieurs sources à Pittsburgh affirment qu’il veut poursuivre la reconstruction même si le club connaît encore des succès surprenants.

Et c’est là que Montréal entre dans l’équation.

Renaud Lavoie l’a répété à TVA Sports : si jamais Sidney Crosby accepte de lever sa clause de non-mouvement, le joueur sacrifié pour l’obtenir serait probablement David Reinbacher.

L’idée, encore théorique, a fait frémir tout le Québec. Et le timing est fascinant : le même soir où Reinbacher jouait enfin à la hauteur de son talent, Crosby marquait dans une défaite qui pourrait être le début de la fin à Pittsburgh.

Tout indique que les Penguins approchent du virage. Dubas ne veut pas prolonger Evgeni Malkin, 39 ans, au-delà de 2026. Kris Letang vieillit. Et même si Crosby continue de dominer, il sent que sa fenêtre se referme. Il l’a dit cet été : il veut finir sa carrière en gagnant, pas en s’accrochant à une équipe en déclin.

Montréal, lui, représente tout ce que Pittsburgh n’est plus : l’énergie, la jeunesse, la reconstruction qui prend forme. Et avec Kent Hughes à la barre, les moyens existent. Le Canadien a la masse salariale, les espoirs et la patience nécessaires pour absorber un contrat comme celui de Crosby, surtout s’il permet de propulser le club dans une nouvelle ère.

Ce n’est pas un hasard si plusieurs dépisteurs de la LNH étaient présents à Laval samedi soir. Ils voulaient voir David Reinbacher. Certains provenaient de Pittsburgh. Le message est clair : le CH ne bougera pas ses joyaux sans raison, mais tout le monde évalue les options.

Et Reinbacher, en livrant un match complet, a peut-être rappelé qu’il valait mieux que sa fiche de la veille. Un joueur honnête, lucide, en progression. Le genre de défenseur qu’une équipe comme les Penguins recherche justement pour amorcer leur transition.

Ce parallèle entre Crosby et Reinbacher illustre tout ce que la LNH vit en ce moment : le passage de relais entre les légendes et la nouvelle garde. D’un côté, un monstre de régularité qui refuse de vieillir; de l’autre, un jeune homme qui tente de prouver qu’il n’est pas fait de verre.

Crosby continue d’accumuler les records, mais ses Penguins ne pourront pas tenir la cadence. Reinbacher commence enfin à reprendre le contrôle. Les trajectoires semblent opposées, mais elles se rejoignent dans un point  : le moment où Montréal et Pittsburgh pourrait transiger..

Renaud Lavoie l’a dit, et il n’est pas le seul : si Crosby devait quitter Pittsburgh, ce serait pour Montréal. Et dans cette hypothèse, Reinbacher serait la pièce centrale du retour.

En même temps que le jeune Autrichien pense se remettre sur les rails, mais Lavoie lui rappelle qu'il n'est qu’un simple actif de transaction.

Pour l’instant, tout reste hypothétique. Reinbacher doit encore prouver sa durabilité. Crosby doit décider s’il veut réellement partir. Et Dubas doit trancher entre nostalgie et reconstruction. Mais tout indique que la route du Canadien et celle des Penguins sont en train de se croiser.

À Laval, on a vu samedi un Reinbacher plus confiant, plus précis, plus calme. À Winnipeg, on a vu un Crosby dominant mais impuissant, marquant dans le vide d’une défaite qui annonce peut-être la fin d’une ère.

Et si l’histoire décidait de s’écrire ainsi, on pourrait dire qu’elle a commencé un soir de novembre, alors que David Reinbacher retrouvait ses repères à Laval, pendant que Sidney Crosby, lui, perdait les siens à Pittsburgh.