Cela devait durer quatre semaines. Voilà maintenant près de cinq semaines que David Reinbacher a disparu des radars du Canadien de Montréal, victime d’une fracture à la main censée guérir rapidement. Cinq semaines plus tard, aucune mise à jour officielle. Aucune image d’un retour sur la glace. Rien. Le silence.
Et plus ce silence s’étire, plus une question revient avec insistance dans le microcosme montréalais : David Reinbacher a-t-il encore un avenir à Montréal ?
La réponse, à en croire Renaud Lavoie, pourrait bien être non.
C’est lui, le premier, qui a laissé filtrer l’idée. Selon le journaliste de TVA Sports, le Canadien serait prêt à échanger David Reinbacher… mais uniquement si Sidney Crosby devenait disponible. Une phrase qui, à première vue, semblait symbolique : on ne touche à Reinbacher que pour une légende. Mais dans le monde du hockey, une fois qu’un nom circule, c’est trop tard.
Parce que cette déclaration a eu l’effet d’une bombe sur le marché.
D’un seul coup, les directeurs généraux de la ligue ont compris que David Reinbacher n’était plus “intouchable”.
Et ça, ça change tout.
Depuis qu’il a été repêché cinquième au total en 2023, Reinbacher n’a pratiquement pas joué. Blessure en Suisse. Blessure à Laval. Blessure à Montréal. Rechute à Brossard. Rechute à Laval. À 20 ans, il est déjà étiqueté comme un défenseur de porcelaine.
Et même à l’interne, le ton a changé. On ne parle plus de lui comme d’un futur pilier à la Guhle, mais comme d’un actif à valeur décroissante.
Le CH a beau répéter qu’il “suit sa réhabilitation”, il y a un malaise qui flotte. Quand on promet un retour “dans quatre semaines” et qu’il n’y a toujours rien cinq semaines plus tard, c’est qu’on cache quelque chose. Et les autres clubs le sentent.
Et voilà que Vancouver débarque dans le portrait.
Les Canucks sont en panique. Leur saison s’effondre, Elias Pettersson est méconnaissable, et les rumeurs de reconstruction commencent à circuler. Le DG Patrik Allvin cherche désespérément un centre top-6 pour relancer le projet, et c’est là que les choses se corsent pour Montréal.
Selon plusieurs sources, Vancouver aurait offert Tom Willander, repêché 11e au total en 2023, pour acquérir un vrai centre comme Pavel Zacha des Bruins de Boston.
Un défenseur droitier, jeune, intelligent, classé 39e meilleur espoir de toute la LNH par The Athletic. Un actif premium, un équivalent presque parfait de Reinbacher en termes de profil.
Et si Vancouver est prête à sacrifier Willander, c’est parce que la guerre des deuxièmes centres vient de commencer.
Trois équipes cherchent activement un centre numéro deux : Boston et la Caroline. Trois marchés qui, chacun à leur façon, représentent une menace directe pour Montréal.
À Boston, Pavel Zacha est devenu le pivot par défaut depuis le départ de Bergeron. Le joueur de 28 ans touche 4,75 millions de dollars jusqu’en 2027, un contrat d’une rare stabilité. Un vrai 2C dans son âge d’or. Mais les Bruins n’ont personne derrière lui.
Et s’ils décident de reconstruire, Zacha deviendra le nom le plus convoité du marché.
À Calgary, Nazem Kadri est sur le déclin, 34 ans, toujours combatif, mais plus aussi rapide. Personne n’en veut à ce prix-là.
Et à Caroline, les Hurricanes, qui ont déjà testé le marché pour un centre à l’été, seraient prêts à sacrifier le défenseur droitier Dominik Badinka (34e choix au total en 2024) et/ou l'attaquant Bradly Nadeau (30e choix au total en 2023).
Bref, tout le monde cherche la même chose : un vrai 2C.
Et au cœur de ce jeu de chaises musicales, le Canadien détient un atout de premier ordre : David Reinbacher.
Faut-il le sacrifier ?
C’est la grande question.
Le Canadien de Montréal est aujourd’hui à 7-3, une fiche qui confirme son statut de club en pleine ascension. L’équipe joue vite, bien, et a trouvé une identité.
Mais sans deuxième centre naturel, le plafond reste limité.
Dans ce contexte, faut-il sacrifier Reinbacher ?
La logique de Kent Hughes a toujours été la même : on échange pour du talent immédiat, mais pas à n’importe quel prix.
Pour Sidney Crosby, oui.
Pour Pavel Zacha, peut-être.
Pour Nazem Kadri, jamais.
Mais si Vancouver propose Tom Willander à Boston dans un package pour obtenir Zacha, et que les Bruins acceptent, Montréal se retrouverait derrière la file.
Et c’est là que tout bascule : le CH, pourtant bien positionné, risque de voir le marché se refermer devant lui.
Il faut être lucide. Montréal a deux ans de fenêtre avant que Demidov reçoive un salaire de 10 M$ et plus.
Deux ans pour gagner.
Deux ans pour solidifier le centre.
Zacha, avec ses deux années restantes à 4,75 M$, cadre parfaitement dans cette logique.
Mais Reinbacher ? Il n’a pas joué un seul match NHL complet depuis son repêchage. Et chaque jour qui passe brise sa valeur.
Kent Hughes se retrouve donc coincé entre la vision et le moment :
S’il garde Reinbacher, il protège l’avenir, mais il risque de laisser filer une opportunité de consolider l’équipe maintenant.
S’il le bouge, il prend le risque de de donner un jeune qu’on regrettera dans trois ans.
Et pendant ce temps, Vancouver avance ses pions.
Le parallèle entre Tom Willander et David Reinbacher est fascinant. Deux défenseurs droitiers, deux repêchés du top-15 de 2023, deux profils “modernes” : mobiles, intelligents, bons passeurs, mais pas encore dominants.
La différence ?
Willander joue (dans la ligue américaine) . Reinbacher ne joue pas.
Et dans une ligue où la disponibilité vaut autant que le talent, c’est énorme.
Les Canucks, conscients de la valeur de leur jeune défenseur, sont prêts à s’en départir parce qu’ils savent qu’il a de la valeur aujourd’hui.
À Montréal, Reinbacher la perd un peu plus chaque semaine.
Si Renaud Lavoie dit vrai, et que Reinbacher est bel et bien disponible, alors le moment est venu pour le CH de trancher.
Car pendant qu’on attend qu’il guérisse, le marché, lui, ne s’arrête pas.
Vancouver offre Willander. Boston écoute. Calgary négocie pour Nazem Kadri. Carolina prépare un coup.
Et Montréal, encore une fois, se retrouve à la croisée des chemins.
L’équipe gagne, mais elle sent que le prochain palier passe par une décision difficile.
Et si, ironiquement, le seul moyen de ne pas revivre un “échec Reinbacher” était… de l’échanger ?
