Nazem Kadri. Ce nom-là, à Montréal, fait lever les yeux au ciel autant qu’il suscite des discussions enflammées.
Et pourtant, c’est précisément ce nom-là que Darren Dreger a glissé hier soir dans un segment d’Insider Trading sur TSN.
Sans avertissement, Dreger a nommé le Canadien de Montréal, les Canucks de Vancouver et même les Leafs de Toronto comme des équipes qui pourraient être tentées d’ajouter un deuxième centre expérimenté comme Kadri à leur formation.
Et bang, une rumeur de plus qui vient mettre de l’huile sur le feu.
Et on comprend pourquoi.
Parce qu’en ce moment, Nick Suzuki tient l’équipe à bout de bras.
À sa quatrième saison comme capitaine du CH, le centre de 25 ans est en feu. 16 points en 11 matchs, un des meilleurs de la LNH, au coude à coude avec des noms comme Eichel, Mackinnon et Celebrini.
Et il le fait avec constance, en compagnie de Slavkovski et Caulfield, une chimie qui prend forme depuis maintenant plus d’un an.
Ce n’est pas qu’il est complètement seul… mais à force de tout assumer, du leadership aux mises en jeu, en passant par l’avantage numérique et les désavantages à répétition, on finit par s’inquiéter.
Depuis le tournoi des Quatre Nations, Nick Suzuki est tout simplement le meilleur pointeur de la LNH.
Rien de moins. Vous cherchez un joueur underrated? Oubliez les clichés : Suzuki est l’incarnation même de ce qu’on appelle un joueur sous-estimé.
Mais le Canadien n’a personne pour le seconder. Kirby Dach, qu’on voyait comme le sauveur, est blessé pour la saison. Alex Newhook patine comme un fou, mais il n’a pas la constance défensive d’un vrai centre.
Joe Veleno, lui, essaie, mais on voit bien qu’il n’a pas encore gagné la confiance de Martin St-Louis.
C’est dans ce contexte que le nom de Kadri revient hanter les conversations.
Et même si le joueur traîne une réputation sulfureuse, il n’en reste pas moins qu’il remplirait un besoin criant chez le Canadien.
Un vétéran capable de gagner des mises en jeu, de jouer du hockey robuste, et de prendre du temps de jeu important contre les meilleurs trios adverses.
Mais attention : personne n’a oublié ce que Kadri a fait au Centre Bell dans les dernières années.
Le gars a toujours été une véritable peste, un joueur qui se prétend tough, mais qui se laisse tomber comme une feuille morte au moindre contact.
Il joue un jeu sournois, toujours sur le fil, sans jamais se battre quand ça compte. C’est ce genre de joueur qu’on déteste… jusqu’à ce qu’il joue pour notre équipe.
Et il faut le dire franchement : Kadri n’a jamais changé.
Même depuis sa conquête de la Coupe Stanley avec l’Avalanche en 2022, il continue de provoquer, de japper, et de tomber.
Mais il sait gagner. Il sait jouer au hockey. Et il produit encore.
Cette saison avec Calgary, malgré un club en perdition, il a déjà 7 points en 11 matchs, joue 20 minutes par soir, et sert de pilier offensif à un alignement qui n’a plus d’âme.
Ce qui bloque l’affaire? Le contrat.
Kadri est signé à 7 millions par saison jusqu’en 2029. Une vraie enclume salariale, même si l’augmentation du plafond en 2025-2026 pourrait donner un peu d’air à certaines formations.
Pour qu’un échange fonctionne, Calgary devrait retenir du salaire, ou accepter un retour minimal pour s’en débarrasser.
Dans les deux cas, Kent Hughes a l’habitude de flairer les aubaines. Il l’a fait avec Sean Monahan. Il pourrait bien le refaire.
Mais soyons clairs : si Kadri débarque à Montréal, ce n’est pas pour prendre la place de Suzuki.
C’est pour épauler Suzuki. Et d’un point de vue stratégique, ce serait un message fort. Un peu comme quand Gorton et Hughes ont acquis Monahan en disant : « On vous donne enfin des outils pour que vous arrêtiez de couler seuls. »
Et dans le pire des cas, Kadri deviendrait un mentor temporaire, en attendant que Michael Hage soit prêt à prendre la relève.
Il amènerait du grit, une attitude dérangeante, et de la profondeur au centre. Ce que le Canadien n’a pas. Du tout.
En attendant, c’est Nick Suzuki qui saigne sur la glace chaque soir, pendant que les recrues apprennent, que les vétérans prennent leur chèque, et que Martin St-Louis fait de la magie avec un alignement à moitié fonctionnel.
Alors oui, Kadri est jaune. Kadri est baveux. Kadri est fatigant. Mais Kadri est un joueur de centre top-6, encore capable de produire.
Et dans un monde où le CH commence à gagner pour vrai, ce genre de pièce, aussi polarisante soit-elle, devient un levier potentiel pour faire passer l’équipe au prochain niveau.
Et s’il fallait faire ce move-là? Juste pour voir ce que Suzuki pourrait faire avec un vrai coéquipier de centre?
Peut-être que le moment est venu de ravaler notre fierté.
À suivre ...
