La lune de miel est terminée à Philadelphie.
Daniel Brière, autrefois présenté comme le sauveur d’une franchise moribonde, est désormais la cible de la colère des partisans, des journalistes et même de certaines figures internes de l’organisation.
Le discours a changé du tout au tout : celui qu’on encensait pour avoir « volé » Matvei Michkov au septième rang du repêchage 2023 est maintenant considéré comme l’un des directeurs généraux les plus confus et incohérents de la LNH.
Et pour cause : les Flyers s’enfoncent, les choix de Brière se multiplient sans logique apparente, et le fiasco du repêchage 2024 a transformé la frustration en véritable révolte.
Tout commence avec l’échange de Cutter Gauthier. Une transaction qui a brisé la confiance des partisans. Gauthier, un pur buteur, un joueur de caractère, avait tout pour devenir la pierre angulaire de la reconstruction.
Mais Brière n’a pas supporté d’être humilié. Lorsque l’agent de Gauthier a exigé un départ, plutôt que d’apaiser la situation ou de protéger son actif en congédiant John Tortorella (Gauthier ne voulait pas jouer pour Torts), Brière a agi par orgueil.
Il l’a envoyé à Anaheim pour Jamie Drysdale et un choix de deuxième ronde. À première vue, on pouvait comprendre : Drysdale, 6e choix au total 2020, jeune défenseur mobile, semblait un pari logique. Mais tout le monde savait qu'il était fragile autant physiquement que mentalement, et que tu n'échanges pas un futur "power forward' vedette pour un flop de 5 pieds 11.
Mais aujourd’hui, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Drysdale connaît un début de saison catastrophique et n’a pas l’impact qu’on attendait d’un défenseur censé stabiliser la première paire.
Pire : il semble déjà dépassé par le rythme et la pression du marché, lui qui a déjà perdu sa place sur la première unité d'avantage numérique au profit de Cam York.
Pendant ce temps, Cutter Gauthier explose sous les couleurs des Ducks : cinq buts, deux passes, sept points en huit matchs. Une machine offensive, un véritable sniper qui fait exactement ce que Philadelphie attendait de lui. Une gifle pour Brière. Une humiliation publique.
Et ce n’était qu’un début. Car au repêchage suivant, Daniel Brière avait une chance de se racheter. Le 12e choix au total. Un moment clé pour relancer la confiance, redonner espoir à une base de partisans usée par des années de promesses creuses.
Et que fait Brière? Il sabote encore sa propre crédibilité. Alors que Zeev Buium, défenseur de l’Université de Denver, glisse inexplicablement jusqu’à la 12e position, l’occasion était en or. Buium était décrit par de nombreux recruteurs comme un futur quart-arrière d’élite, un défenseur capable de transporter la rondelle, de diriger une première vague de supériorité numérique et d’imposer son rythme à la ligne bleue.
Plusieurs le voyaient comme un joueur top-5. Philadelphie pouvait le cueillir sans effort. Mais non. Brière a préféré échanger son choix au Wild du Minnesota, descendre d’un rang, obtenir un choix de troisième ronde… et regarder, impuissant, le Wild se ruer au podium pour repêcher Buium.
Résultat : Buium s’épanouit aujourd’hui au Minnesota, déjà quart-arrière de leur powerplay, un but, six passes, sept points en neuf matchs. Et Philadelphie? Le choix suivant, 13e au total : Jett Luchanko.
Un centre de soutien, honnête, mais sans éclat. Un joueur de fond d’alignement. Un gars de troisième ou quatrième trio. Un choix sans vision, sans audace, sans ambition.
Ce qui rend cette décision encore plus incompréhensible, c’est la raison avancée par Brière lui-même : il ne voulait pas d’un autre défenseur « petit format ».
Selon lui, avec Cam York (6 pieds), Jamie Drysdale (5 pieds 11) et Emil Andrae (5 pieds 9) déjà dans l’organisation, ajouter un autre défenseur de six pieds et moins aurait déséquilibré l’unité défensive. Un argument absurde, surtout à une époque où les défenseurs modernes ne sont plus jugés uniquement sur leur gabarit, mais sur leur mobilité, leur lecture du jeu et leur intelligence tactique.
Daniel Brière dirait-il non à Lane Hutson? Voyons donc!
Surtout, il y avait une autre vérité derrière ce refus : Zeev Buium est représenté par le même agent que Cutter Gauthier. Et Brière, par orgueil personnel, ne voulait plus rien avoir à faire avec ce clan. Une décision émotionnelle, stupide, et destructrice. Ce n’est pas du leadership. C’est de la rancune pure.
Et ce n’est pas tout. En 2025, Brière a récidivé avec un repêchage encore plus décevant. Au 12e rang, il a choisi Jack Nesbitt, un attaquant de soutien, projeté comme joueur de troisième trio au mieux, alors qu’il avait à sa disposition des talents supérieurs comme Carter Bear ou Victor Eklund.
Deux joueurs explosifs, créatifs, capables de changer un match à eux seuls. Mais Brière, fidèle à sa philosophie de prudence, a encore une fois opté pour la sécurité.
Les Flyers se retrouvent aujourd’hui avec une banque d’espoirs remplie de joueurs « moyens », bons mais jamais dominants. La reconstruction stagne, la vision s’effondre, et la patience des partisans est à bout.
Ce qui est tragique, c’est que le seul bon coup de Brière, le repêchage de Matvei Michkov, ne lui appartient même pas vraiment. Tout le monde sait qu’il s’agissait d’un miracle de circonstances. Les autres équipes avaient peur du facteur russe, de la KHL, du comportement de Michkov.
Brière n’a eu qu’à ramasser ce que la peur des autres avait laissé passer. Ce n’était pas du génie, c’était de la chance. De la chance stupide. Et aujourd’hui, même ce choix est en train de lui exploser au visage.
Michkov traîne une réputation d’enfant-roi. Des sources internes parlent d’un joueur difficile, d’un vestiaire fragilisé, d’une mentalité d’individualiste. Si Michkov échoue à s’adapter, le dernier atout de Brière s’évaporera. Et avec lui, le peu de crédibilité qu’il lui reste.
À Philadelphie, la grogne monte. Les partisans n’en peuvent plus de voir une organisation tourner en rond. Même si Philadelphie montre une fiche de 4-3, ils sont beaucoup plus loin que prévu dans leur reconstriction, qui a commencé en même temps que le Canadien de Montréal.
On sent une organisation bloquée, incapable de choisir entre reconstruire ou viser les séries. Et c’est là que la faute revient entièrement à Brière. Ses choix incohérents, ses repêchages timides, ses échanges défensifs et ses décisions guidées par l’émotion ont paralysé le projet.
Il faut le dire sans détour : Daniel Brière n’est pas un bon directeur général. L’ancien joueur charismatique, symbole du leadership à l’époque, n’a pas réussi la transition vers la gestion.
Il confond prudence et manque de courage, loyauté et orgueil, vision et entêtement. Il a hérité d’une organisation en reconstruction avec des choix au repêchage à l'infini et, deux ans plus tard, elle n’a pas avancé d’un pouce.
Au contraire, elle recule. Les Flyers auraient dû être à ce stade une équipe jeune, affamée, excitante à voir évoluer. Au lieu de ça, ils sont... sécuritaires... avec beaucoup trop de plombiers two-way.
La colère qui gronde à Philadelphie n’est pas un simple caprice de partisans impatients. C’est la colère d’un marché de hockey qui comprend le jeu, qui reconnaît les erreurs de gestion, et qui refuse de se contenter d’excuses.
La patience n’est plus une vertu ici. Elle est devenue une punition. Et Daniel Brière, autrefois idole, est désormais l’incarnation du problème.
Son poste n’est pas encore officiellement menacé, mais il suffirait d’une autre saison désastreuse pour que la pression devienne intenable.
Le congédiement n'est pas très loin. Il est même demandé par plusieurs membres des médias de Philadelphie qui ont l'habitude d'être sans pitié.
Les propriétaires regardent, les médias s’impatientent, et les partisans exigent des résultats.
Le pire, c’est que Brière avait tout pour réussir. Il avait la confiance du public, la compréhension du marché, le soutien de ses anciens coéquipiers, et la sympathie naturelle d’un ancien joueur respecté.
Mais en deux ans, il a gaspillé ce capital de crédibilité. Et aujourd’hui, à Philadelphie, on ne parle plus de patience. On parle de survie.
Ouch...
