Regrets à Montréal: Cutter Gauthier devrait être un membre du CH

Regrets à Montréal: Cutter Gauthier devrait être un membre du CH

Par David Garel le 2025-11-09

Il est difficile de croire qu’en ce moment même, Cutter Gauthier, l’un des meilleurs buteurs de la Ligue nationale avec 11 buts en 14 matchs pour 18 points, aurait pu porter le chandail du Canadien de Montréal.

Et pourtant, c’est bel et bien ce qui aurait pu se produire à l’été 2023, si Kent Hughes avait accepté l’offre que lui avait faite Daniel Brière pendant le repêchage : échanger le cinquième choix au total contre Cutter Gauthier. Autrement dit, David Reinbacher pour Cutter Gauthier. Un scénario qui, aujourd’hui, paraît irréel... et va nous hanter à vie.

Le refus du Canadien... est devenu une erreur historique...

Selon Renaud Lavoie (TVA Sports), les Flyers avaient offert le jeune centre américain au Tricolore :

« Au dernier repêchage de juin, les Flyers ont tenté de mettre la main sur le cinquième choix, celui des Canadiens, et ont offert Cutter Gauthier au Tricolore. Si cette transaction avait été conclue, Kent Hughes aurait eu une patate chaude dans les mains, parce qu’il est facile de croire que Gauthier n’avait aucune intention de jouer à Montréal et qu’il aurait soit forcé les Canadiens à l’échanger, soit attendu d’obtenir son autonomie complète en août 2024 comme le permet la NCAA. »

Hughes, craignant que Gauthier refuse de se rapporter à Montréal, a donc choisi la prudence : il a gardé son choix, repêché David Reinbacher… et laissé passer un sniper générationnel.

Un an plus tard, Reinbacher peine à s’imposer dans la AHL pendant que Gauthier pulvérise les compteurs à Anaheim. La différence de trajectoire est vertigineuse.

Le clan Gauthier, lui, nie farouchement les affirmations de Renaud Lavoie. Pour Cutter et sa famille, l’idée qu’il ne voulait pas jouer au Canada est un malentendu total.

Le père de Cutter, Sean Gauthier, ancien gardien originaire de Sudbury, parle encore français. Le jeune homme, né en Suède lorsque son père jouait à Skellefteå, a grandi dans un environnement bilingue. Lors d’une entrevue à TVA Sports avant le repêchage 2022, il disait :

« Mon père parle encore français couramment. Pour ma part, je le comprends davantage que je ne le parle. Si je suis au cœur d’une conversation, je peux comprendre ce qui se passe, mais je le parle difficilement. Des amis de la famille habitent Montréal. J’y suis venu à quelques occasions. C’est une superbe ville. D’ailleurs, ce serait un honneur d’être repêché par le Canadien, une équipe avec un historique aussi bien rempli. »

Ces mots, clairs et sincères, contredisent l’image d’un joueur prétendument dégoûté par Montréal. Pire encore : ils montrent qu’il rêvait réellement d’enfiler l’uniforme tricolore.

Lorsque les médias montréalais (bonjour Gilbert Delorme) l’ont détruit à la radio, le traitant de capricieux et de « princesse », le jeune homme était déjà étiqueté comme le vilain petit canard du hockey universitaire américain.
Refuser de jouer pour les Flyers, selon Delorme, relevait d’un manque de respect :

« C’est incompréhensible qu’un joueur universitaire adopte une attitude aussi capricieuse, refusant de rejoindre une organisation de la LNH simplement parce qu’elle ne correspond pas à ses préférences personnelles. »

Mais ce que peu de gens ont rappelé, c’est pourquoi Gauthier refusait Philadelphie : à cause de John Tortorella.
L’entraîneur, connu pour son approche brutale et son mépris affiché envers les jeunes joueurs créatifs, représentait tout ce que Gauthier voulait éviter. Ce n’était pas une question d’arrogance : c’était une question de faire le mieux pour éclore de la bpnne façon dans le hockey professionnel.

Et l’histoire lui donne raison : depuis qu’il a été échangé à Anaheim, Cutter Gauthier est devenu un phénomène. Son tir est comparé à celui d’un jeune Auston Matthews ; sa puissance et son flair offensif font de lui un joueur autour duquel les Ducks reconstruisent leur identité.

Pendant ce temps, Daniel Brière, croyant avoir été « clairvoyant » en se débarrassant d’un problème, a hérité d’un défenseur moyen : Jamie Drysdale.

L’échange Cutter Gauthier pour Jamie Drysdale et un choix de 2e tour 2025 est aujourd’hui unanimement considéré comme un désastre.

Pendant que Gauthier affole les compteurs, Drysdale tente de prouver qu'il est plus qu'un défenseur de milieu d'alignement,

Même les partisans des Flyers, pourtant indulgents envers Brière jusqu’ici, ont décroché. Leurs tribunes sportives parlent désormais de « la pire transaction depuis Jeff Carter contre Jalub Voracek ».

Imaginez : Cutter Gauthier à Montréal, aux côtés d'Ivan Demidov.

Un trio qui aurait combiné vision, vitesse, finesse et finition destructrice. Un joueur francophone d’origine, charismatique, qui aurait incarné la nouvelle ère offensive du CH.

Surtout, il aurait comblé le trou béant au centre du deuxième trio, celui que Kent Hughes cherche désespérément à combler depuis trois ans.

Au lieu de ça, le Canadien a opté pour David Reinbacher, un jeune défenseur encore en apprentissage, fragile, correct mais sans éclat, et qui ne comblera jamais l’absence d’un buteur naturel comme Gauthier.

Ce dossier illustre parfaitement la fracture culturelle entre les organisations canadiennes et américaines : au Canada, on privilégie encore la prudence, la “bonne attitude”, le formatage.

Aux États-Unis, on tolère davantage les personnalités fortes, l’assurance, voire l’arrogance.

Cutter Gauthier, c’est tout cela : un jeune homme sûr de lui, parfois provocateur, mais habité par une obsession : devenir le meilleur.

Son arrogance n’était pas un vice, c’était son moteur. Et à Anaheim, personne ne l’a jugé pour ça. On lui a donné de la glace, de la liberté, et il a répondu avec 11 buts en 14 matchs.

À Montréal, il aurait probablement subi le même traitement médiatique que Juraj Slafkovsky : décortiqué, étiqueté, jugé avant d’être compris.

Mais il aurait aussi trouvé une ville francophone, des racines familiales, et un public prêt à le suivre. C’est le grand « et si » de l’ère Kent Hughes.

On se rappellera un jour que le CH aurait pu obtenir Cutter Gauthier.

Et qu’il a préféré un défenseur droitier timide pour éviter une “patate chaude” médiatique.

Aujourd’hui, il faut regarder la réalité en face : Cutter Gauthier est le vrai premier choix de 2022.

Ni Slafkovsky, ni Cooley, ni Nemec, ni Wright n’ont atteint son niveau d’impact. Il a surpassé toutes les attentes, s’est imposé comme le meilleur buteur de sa cohorte, et pourrait déjà être candidat au Trophée Maurice-Richard.

Le plus troublant, c’est que Cutter Gauthier n’a jamais renié Montréal.

Contrairement à la légende entretenue par certains analystes, il n’a jamais dit non au CH.

Son père francophone lui a transmis cette affection pour le Québec. Il l’a dit, répété : « Ce serait un honneur de jouer pour le Canadien. »

Mais entre les peurs de gestion, les rumeurs mal fondées et les erreurs de perception, le CH a laissé filer le joyau qui aurait pu tout changer.

Et pendant que Gauthier brille sous le soleil californien, Montréal reste figé dans ses calculs, ses hésitations et ses regrets.

En espérant que la porceline David Reinbacher ne casse pas à nouveau.