Crise dans la chambre: Pascal Vincent perd le contrôle

Crise dans la chambre: Pascal Vincent perd le contrôle

Par Marc-André Dubois le 2025-06-02

Pascal Vincent vient de connaître la pire semaine de sa carrière d’entraîneur. Ce n’est pas simplement une défaite, c’est un effondrement. Une chute libre publique, brutale, qui emporte avec elle non seulement sa crédibilité, mais aussi, très probablement, son avenir dans la Ligue nationale de hockey.

En l’espace de trois matchs, il a perdu la chambre, perdu la série, et perdu la confiance de Kent Hughes et Jeff Gorton.

Tout allait bien après une période de jeu pour le Rocket de Laval, dimanche, dans le troisième match de sa série contre les Checkers de Charlotte. Jusqu’à ce que la rondelle tombe pour amorcer le deuxième engagement.

En moins de cinq minutes, les Checkers ont inscrit trois buts. Le Rocket était à genoux. Et Vincent, les bras croisés derrière le banc, avait l’air d’un homme qui savait. Qui savait qu’il avait tout perdu.

Son choix de renvoyer Cayden Primeau dans la mêlée pour un troisième départ consécutif défie la logique. Primeau s’était déjà effondré lors des deux premières rencontres.

Pourquoi revenir avec lui, alors que Jacob Fowler aurait pu changer le momentum de la série? Pourquoi revenir avec lui après une performance désastreuse en match #2? L’explication? Une guerre d’égo.

Selon nos informations, Jeff Gorton et Kent Hughes avaient imposé un système d’alternance jusqu’à la finale. Mais une fois rendu là, ils ont donné carte blanche à Vincent.

Ce dernier, irrité par cette imposition initiale, a voulu montrer qu’il était le maître à bord. Il a choisi Primeau. Il a désobéi. Et il s’est effondré.

Dans le vestiaire, le malaise était évident. On raconte que Vincent s’est enfermé dans son bureau après la défaite. Aucun mot n’a été échangé avec Gorton ni Hughes. Ils l’avaient prévenu. Ils avaient vu venir le désastre. Et maintenant, ils ont les preuves qu’il n’est pas l’homme de la situation.

La conférence de presse de Pascal Vincent après le match #3 était surréaliste. Visiblement ébranlé, il a tenté de justifier sa décision en parlant de mérite, de leadership, de symbolisme.

Il a dit que Primeau « méritait ce départ » pour tout ce qu’il avait fait pour l’équipe. Mais personne n’a cru à cette excuse. C’était une tentative pathétique de se justifier… aux yeux de ses propres patrons.

Pascal Vincent a tenté de défendre l’indéfendable. Après avoir lancé Cayden Primeau dans la mêlée pour un troisième match consécutif — malgré deux performances catastrophiques —, l’entraîneur-chef du Rocket a livré une justification qui a fait froncer bien des sourcils.

Visiblement mal à l’aise, la voix hésitante, il a expliqué :

« Avec tout ce qu’il a fait pour l’équipe, autant ce que les gens voient que ce qu’ils ne voient pas, j'étais obligé de l'envoyer. Je sais que Fowler voulait jouer, et nous aussi on voulait le voir devant le filet. Mais à un moment donné, il faut que l’ascenseur redescende à ceux qui ont bien fait les choses, pour leur donner une chance de rebondir.

On lui a donné cette chance. Malheureusement, ça ne s’est pas passé comme on l’espérait. Et pour le prochain match, ce sera Fowler devant le filet. »

Autrement dit : Primeau méritait une dernière chance… et Vincent admet s’être trompé. C’est un aveu malaisant. . Pendant toute la série, Vincent a joué au grand mystérieux, refusant de dire qui serait le gardien partant, croyant ainsi semer la confusion chez l’adversaire. Mais là, d’un coup, il abdique. Il ne cherche même plus à défendre son plan. Ce revirement, ce ton de perdant, ce besoin maladroit de se justifier : tout le monde dans la salle de presse l’a senti.

Le malaise était immense. Les journalistes étaient figés. Même les joueurs du Rocket, qui ont entendu la conférence, sont restés muets. Aucun mot. Aucune réaction. Pascal Vincent ne contrôlait plus son vestiaire. Il ne maîtrisait plus son message.

Et cette scène, où l’entraîneur semblait parler plus à Jeff Gorton et Kent Hughes qu’aux médias, a confirmé ce que tout le monde pressentait : il a perdu la bataille, sur la glace comme dans les coulisses.

Pendant ce temps, dans le vestiaire, c’était la panique. Logan Mailloux s’est fait battre à plusieurs reprises. Sur le deuxième but des Checkers, il a complètement raté sa couverture par nonchalance. Son langage corporel trahissait une perte totale de confiance. Le pire? Il est au cœur de rumeurs de transaction, et il le sait.

Même chose pour Joshua Roy, invisible depuis le début de la série. Il est affecté par les spéculations qui le lient à un éventuel échange avec Mailloux. Dans la chambre, les regards étaient fuyants. L’atmosphère, lourde. On sentait que le groupe savait. Que tout ça allait mal finir.

Florian Xhekaj, lui, a démontré qu’il n’était pas prêt pour la LNH. Il est jeune, prometteur, mais son erreur de couverture en deuxième période a mené directement à un but. Il a été surclassé. Ce n’est pas une critique, c’est un constat. Il aura besoin d’une autre année à Laval. Minimum.

L’erreur de Vincent est d’autant plus grave qu’elle a été commise à répétition. En match #1, le Rocket s’est fait surprendre tôt dans chaque période. En match #2, c’était encore pire. Et malgré tout, il a persisté. Il a persisté avec un gardien instable, il a persisté avec une défensive ébranlée, et il a persisté à ne pas corriger ses unités spéciales. Résultat? Le Rocket a été dominé 15-4 au chapitre des buts après trois matchs. Un désastre.

Vincent n’avait pas confiance en son club. Il n’avait pas confiance en Jacob Fowler. Il n’avait confiance qu’en lui-même. Et il a perdu. Tout perdu.

Le coup de grâce? Ce n’est même pas le 5-1. C’est la réaction des joueurs après le match. Des gars comme Brandon Gignac, Lucas Condotta et Barré-Boulet avaient le visage long. Pas celui de la frustration. Celui de la résignation. Celui d’un groupe qui sait que l’entraîneur a failli à sa tâche.

Quant à Cayden Primeau, il mérite les tomates. Son taux d’efficacité de ,772 est indéfendable. Il n’a pas seulement perdu un match. Il a perdu sa carrière.

On croyait qu’il pourrait signer un contrat à un volet cet été. C’est fini. Il n’aura même pas d’offre sérieuse en LNH. Peut-être un contrat à deux volets. Peut-être même un passage en ECHL.

Et son père, Keith Primeau, qui critiquait discrètement l’organisation, va devoir se faire à l’idée : son fils n'est pas un gardien de la LNH.

Cette série contre Charlotte est plus qu’une élimination. C’est un désaveu total de la gestion de Pascal Vincent. À se demander s'il va vraiment se trouver un poste ailleurs dans la LNH.