Cri du cœur étouffé : Zachary Bolduc et Samuel Montembeault prisoniers du même sort

Cri du cœur étouffé : Zachary Bolduc et Samuel Montembeault prisoniers du même sort

Par André Soueidan le 2025-11-12

On ne veut jamais en arriver là.

On ne veut jamais voir un journaliste obligé de s’adresser directement au public pour supplier un minimum de décence.

Pourtant, c’est exactement ce qui s’est produit cette semaine, et c’est ce qui révèle ... encore une fois  ...l’envers brutal du marché montréalais pour les joueurs québécois.

Ce « cri du cœur étouffé » qui plane aujourd’hui, il ne vient pas de Zachary Bolduc, ni de Samuel Montembeault.

Il vient de partout autour d’eux.

Il vient du climat.

Il vient de ce poids invisible que seuls les joueurs nés ici connaissent.

Et c’est pour ça que Bolduc et Montembeault se retrouvent, l’un à St. Louis, l’autre à Montréal, frappés par le même sort : celui d’être jugés plus sévèrement que n’importe quel autre joueur.

« Là, si vous êtes au Centre Bell et que vous voyez quelqu’un huer pour aucune raison, dites-lui. Il ne faut pas que ça soit comme Patrice Brisebois dans les années 2000. »

Quand un journaliste en arrive à faire ça, c’est parce que la relation est déjà fracturée.

Parce que le joueur est déjà atteint.

Parce que le filet de sécurité entre l’athlète et son propre public… n’existe plus.

Et c’est exactement là que Montembeault se retrouve.

Les stats sont dures :

Moyenne : 3.52

% d’arrêts : .861

Seulement 4 victoires en 9 matchs

Mais ce ne sont pas ces chiffres qui blessent le plus.

Ce qui blesse, c’est la réaction qui vient avec.

Ce qui blesse, c’est l’impatience.

Ce qui blesse, c’est le marché.

À Montréal, un Québécois n’a jamais droit au même traitement qu’un joueur étranger.

Jamais.

Tu cherches une preuve?

Elle fait 30 ans.

Rappelle-toi :

Patrick Roy, hué.

Patrice Brisebois, détruit.

Mike Ribeiro, détesté.

José Théodore, usé.

David Desharnais, ridiculisé.

Jonathan Drouin, écrasé.

Philippe Danault, incompris jusqu’à ce qu’il parte à L.A.

Et maintenant… Montembeault.

C’est toujours le même cycle.

On embrasse le Québécois quand ça va bien.

On l’étouffe quand ça tourne mal.

Zachary Bolduc : un autre Québécois, un autre marché qui brûle

Pendant que Montréal se déchire autour de Montembeault, St. Louis commence à goûter au même phénomène avec Zachary Bolduc.

Le jeune Québécois, acquis dans l’échange Logan Mailloux, vivait un début de saison correct… jusqu’à ce que sa production s’éteigne.

Et là, la machine s’est emballée :

Aucun point à ses 6 derniers matchs.

Glissade en avantage numérique.

Utilisation en baisse.

Pression en hausse.

Et le verdict est tombé, exactement comme il tombe toujours ici : un Québécois n’a jamais le droit à l’erreur.

Pourquoi eux? Pourquoi toujours les Québécois?

Parce qu’ici ... peu importe la ville ... le poids de « représenter les siens » est immense.

Quand un joueur américain connaît une mauvaise séquence, il peut respirer.

Quand un joueur européen traverse un trou, il peut vivre dans sa bulle.

Quand un Québécois traverse la même chose… il vit la pression partout.

À l’aréna.

Dans les médias.

Dans les textos qu’il reçoit.

Dans les regards à l’épicerie.

Dans les réseaux sociaux.

Tu veux savoir pourquoi Drouin a quitté?

Pourquoi Danault n’a pas voulu revenir?

Pourquoi tant de Québécois jouent mieux ailleurs?

Parce que quand ça va mal ici, ça va mal PARTOUT.

Et quand un journaliste se vide le cœur… c’est déjà trop tard

Le segment de Séguin, c’est le symptôme, pas le problème.

Quand un journaliste doit sortir publiquement pour défendre un joueur québécois en direct, ça veut dire : que le joueur est déjà affecté, que le lien avec une partie du public est rompu, que la confiance est brisée, et que la relation ne survivra peut-être pas.

Montembeault pourra-t-il continuer à Montréal après ça?

Si ça empire, la réponse pourrait être non.

Et Bolduc?

Deux joueurs, deux villes… un même fardeau

Les Québécois nés ici le savent : porter un chandail canadien vient avec un double poids.

On te demande d’être meilleur.

Plus constant.

Plus mature.

Plus discret.

Plus solide mentalement.

Et quand tu faiblis, la chute est plus haute.

Et c’est exactement ce qui se produit aujourd’hui.

Ces joueurs-là ne sont pas fragiles.

Ils ne sont pas faibles.

Ils ne sont pas incapables de gérer la pression.

Ils sont simplement… Québécois dans un monde où être Québécois est un sprint constant contre l’opinion.

Et ce texte, ce cri du cœur étouffé, c’est pour rappeler ça :

Ce n’est pas le talent qui est en jeu. C’est le climat. C’est le regard. C’est la patience.

Zachary Bolduc et Samuel Montembeault ne vivent pas une mauvaise séquence : ils vivent la réalité d’ici.