Crash immobilier pour Mario Lemieux: il perd patience à Tremblant

Crash immobilier pour Mario Lemieux: il perd patience à Tremblant

Par David Garel le 2025-06-11

Quatre ans après avoir cédé la majorité des parts des Penguins de Pittsburgh au groupe Fenway Sports pour une somme avoisinant le milliard de dollars américains, voilà que Mario Lemieux fait à nouveau jaser.

Pas seulement dans les coulisses de la LNH, mais également dans le monde parfois toxique  de l’immobilier de luxe. Et pour cause : l’ancien numéro 66 pourrait bien redevenir propriétaire majoritaire des Penguins, tout en étant victime d’un agent immobilier plus têtu qu’un vieux gardien de but refusant de raccrocher les jambières.

Selon les informations du respecté Pierre LeBrun, Lemieux, accompagné de Ron Burkle et de David Morehouse, serait actuellement en pourparlers avec le groupe Fenway Sports dans le but de racheter les Penguins… qu’il a lui-même vendus en 2021!

Ironie du sort? Peut-être. Coup de génie? Probablement. Mais ce retour potentiel à la tête de la franchise s'accompagne d’un autre dossier plus embarrassant : son gigantesque manoir de Mont-Tremblant, baptisé « Château Fleur de Lys », toujours invendu après pratiquement trois longues années sur le marché.

Et là, on ne parle pas d’un petit chalet en bois rond. On parle d’un véritable château de conte de fées, de 16 794 pieds carrés, sur le bord du lac Tremblant, inspiré du Château Frontenac, trônant sur un terrain de 228 614 pieds carrés, avec 6 chambres, 9 salles de bain, 17 foyers, un cinéma maison, une piscine, un spa, un four à pizza et même un ascenseur. Et pourtant, malgré son faste, malgré son histoire, malgré son prestige... personne n’en veut.

Le prix du caprice : 21 999 066 $

Mais pourquoi donc? La réponse tient en un chiffre : 21 999 066 $. Un prix absurde, calqué sur le célèbre numéro de l’homme qui a dominé la LNH, et surtout, une somme qui trahit une stratégie marketing beaucoup trop rigide.

Car en immobilier, tout le monde le sait : quand une maison de luxe reste plus d’un an sur le marché, elle commence à sentir mauvais. Les acheteurs se méfient. On se demande : est-ce la structure? L’emplacement? L’accès? Ou, pire, le vendeur qui refuse de s’adapter?

Dans ce cas-ci, la réponse est claire : l’agent immobilier de Mario Lemieux est en train de saboter la vente en refusant obstinément de revoir le prix à la baisse.

Comme si le prestige du propriétaire suffisait à justifier une facture astronomique. Et cette obstination rappelle tristement un autre épisode, celui vécu par la famille de Guy Lafleur, dont la maison à L’Île-Bizard est restée bloquée sur le marché pendant des mois après son décès, jusqu’à ce que sa veuve, Lise, soit contrainte de baisser drastiquement le prix initial.

Tout est là pour séduire l’acheteur international : une vue spectaculaire, une architecture unique, des matériaux de première qualité, un environnement paisible et prestigieux. En bonus : vendue entièrement meublée, la maison est prête à être habitée.

Mais le hic, c’est qu’à ce prix, les taxes municipales s’élèvent à plus de 72 000 $ par année, et la taxe de bienvenue dépasse les 540 000 $. Une addition salée, qui refroidit même les acheteurs les plus enthousiastes.

Et pourtant, le marché est favorable. À Mont-Tremblant, la hausse des prix atteint des sommets : +36 % en 2021, avec une offre en baisse de 39 %.

Un contexte idéal pour vendre. Mais encore faut-il que le prix soit raisonnable, même pour une propriété d’exception. Or ici, le prix est devenu une blague. Une référence au numéro 66 plus qu’un véritable appel à l’achat.

Ce qui choque, c’est que Lemieux n’est pas un amateur en affaires. On parle d’un homme qui, en 1999, a sauvé les Penguins de la faillite en transformant 20 millions $ de paiements différés – que l’équipe lui devait – en parts dans la concession, renonçant volontairement à 7,5 millions $. Un stratège. Un visionnaire. Et surtout, un homme qui a touché près de 350 millions $ lors de la vente aux gens de Fenway.

Mais voilà qu’aujourd’hui, cet homme d’affaires aguerri semble être la victime de son propre représentant immobilier, incapable de lui faire comprendre qu’un prix mal jugé ruine une vente.

Un manoir qui dort, c’est de l’argent perdu. C’est aussi une réputation entachée. Car dans le monde de l’immobilier de prestige, les propriétés stagnantes deviennent des symboles d’échec. Et Lemieux, lui, mérite mieux que ça.

Pourquoi l’agent refuse-t-il de baisser le prix? Poser la question, c’est y répondre. À 22 millions de dollars, la commission partagée de 4 % représente 880 000 $, soit 440 000 $ dans les poches de chaque courtier impliqué.

Une baisse de prix, même minime, diminue cette part. Et dans ce monde où les courtiers voient en chaque transaction une question de prestige personnel, le château Lemieux est devenu un trophée à brandir, pas une maison à vendre.

Mais pendant ce temps, le château devient un fardeau. Son entretien, ses taxes, sa gestion, tout cela coûte cher. Et Lemieux, qui prépare possiblement un retour spectaculaire dans la LNH comme actionnaire majoritaire, traîne ce caillou luxueux dans sa chaussure.

Quel message cela envoie-t-il à ses futurs partenaires d’affaires? À ses fans? À ceux qui l’admirent pour son flair commercial?

La maison de Guy Lafleur à l’Île-Bizard avait elle aussi tout pour plaire. Avec sa hélisurface pour accueillir les hélicoptères, son style plantation unique, elle avait été le repaire du « Démon blond » pendant plus de 25 ans. Et pourtant, elle s’est transformée en malédiction immobilière après sa disparition. La famille a dû ajuster le prix de 2,5 M$ à 1,695 M$, une chute brutale. Ce n’est qu’ainsi que la maison a fini par se vendre. Une leçon douloureuse, mais nécessaire.

Ce parallèle est encore plus troublant lorsqu’on pense que les deux hommes sont des légendes au Québec. Deux géants du hockey, deux icônes aimées, et pourtant, tous deux confrontés à la dure réalité d’un marché immobilier qui ne pardonne pas l’entêtement.

En tentant de « brander » son château avec le chiffre 66, Lemieux commet une erreur classique : croire que son mythe personnel suffit à séduire le marché. Mais le prestige ne paie pas les taxes.

Ce que veut un acheteur de 20 millions, c’est une bonne affaire. Pas une relique surévaluée. Pas une stratégie marketing. Une demeure à la juste valeur de son luxe.

Et c’est peut-être ça, la tragédie dans tout cela. Mario Lemieux est sans doute l’un des esprits les plus brillants de l’histoire du hockey. Un homme qui a su dominer sur la glace, puis dans les affaires. Mais aujourd’hui, il est piégé dans une boucle ironique : coincé entre la fierté de son image et l’avidité d’un courtier incapable de faire son travail.

Alors que les rumeurs s’intensifient sur un rachat potentiel des Penguins par Lemieux lui-même, l’ancien capitaine ferait bien de tirer une leçon de ce fiasco immobilier.

Pour redevenir le chef d’orchestre d’une franchise de la LNH, il devra se départir de ce poids princier, revoir sa stratégie et, surtout,remplacer son courtier par quelqu’un de compétent, efficace et honnête.

Car si Lemieux veut vraiment redevenir le roi à Pittsburgh, il doit d’abord redevenir le maître de son propre château. Et cela commence par une décision simple, mais fondamentale : abandonner le fantasme du 66 et revenir à la réalité du marché.

Crash immobilier pour Mario Lemieux: il perd patience à Tremblant
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