Le dernier match préparatoire du Canadien de Montréal contre les Sénateurs d’Ottawa vient d’agir comme une claque en plein visage pour tous ceux qui rêvaient encore d’un miracle.
L’alignement présenté par Martin St-Louis est un message clair, sec, brutal : la saison va commencer sans Florian Xhekaj, sans Owen Beck. Les deux seront envoyés à Laval après le match.
Le tri est terminé. Le rêve aussi.
Ceux qui croyaient encore à une ouverture de dernière minute pour percer l’alignement partant peuvent ranger leurs espoirs dans un tiroir.
Quand on regarde plus attentivement, quand on décode les choix de Martin St-Louis et du groupe de direction, le message est clair et sans pitié : Owen Beck et Florian Xhekaj sont déjà virtuellement en route vers Laval.
C’est le genre de décision qui ne fait pas de bruit, qui n’est pas annoncée officiellement, mais qui s’imprime dans le béton en regardant l'alignement :
Attaquants :
Caufield – Suzuki – Slafkovsky
Veleno – Dach – Gallagher
Anderson – Evans – Laine
F. Xhekaj – Beck – Blais
Défenseurs :
Guhle – Hutson
Struble – Dobson
A. Xhekaj – Engstrom
Gardiens :
Montembeault
Dobes
Joueurs laissés de côté :
Ivan Demidov
Oliver Kapanen
Alex Newhook
Mike Matheson
Zachary Bolduc (blessé, « au jour le jour »)
Et c’est là que tout s’éclaire.
La logique du dernier match pré-saison est cinglante : les joueurs en uniforme sont ceux qui doivent encore faire leurs preuves. Ceux qui ne jouent pas ce soir ont convaincu. Ils ont leur place. Et on les ménage. Pas besoin de les exposer au risque de blessure, ni de gaspiller des minutes inutiles : Kapanen est assuré de commencer l'année à Montréal avec Demidov et Newhook.
Et dès lors, ceux qui patinent ce soir le font parce qu’ils ne sont pas dans le plan initial. Ils jouent pour la forme. Pour « boucler la boucle ». Mais les dés sont jetés. Ce n’est pas un test. C’est un adieu.
Florian Xhekaj, qui a tout donné depuis le début du camp et imposé son style physique dans les matchs préparatoires, patine ce soir sur un faux quatrième trio aux côtés de Beck et Samuel Blais. Et ce n’est pas un cadeau. Ce n’est pas une récompense. C’est la dernière exposition avant le couperet.
Owen Beck, lui aussi exemplaire depuis le début, solide dans les cercles de mises au jeu, irréprochable défensivement, responsable, intelligent… n’a tout simplement pas de place.
Jake Evans est toujours là, intouchable malgré une performance anémique au camp. Et le trio Anderson–Evans–Laine, le nouveau 4e trio du CH, sans réelle cohésion ni avenir, vient malgré tout de verrouiller une chaise que Beck convoitait depuis deux semaines.
Le nom qui crève l’écran dans cette rotation, c’est Oliver Kapanen. Le jeune Finlandais a tranquillement gravi les échelons sans fracas, sans bruit, mais avec une constance remarquable. Et le fait qu’il soit laissé de côté ce soir est tout sauf anodin. Il a gagné son pari. Il a convaincu Martin St-Louis. Il est dans le top-12.
Le scénario qui se dessine est clair : Demidov-Newhook-Kapanen sera le deuxième trio du CH pour commencer la saison. Et à partir de là, tout le reste de l'alignement se fige. Il n’y a plus de place. Plus de trous. Plus d’options.
Veleno n’a pas brillé, mais il a survécu. Il sera le remplaçant de Bolduc, si ce dernier n’est pas prêt à temps. Et Beck, se retrouve condamné.
L’autre observation cruciale de cet alignement, c’est la descente discrète de Patrick Laine. Il est désormais associé à Evans et Anderson, un trio qui ne fait pas rêver. Dans les faits, Laine est déjà sur un quatrième trio, même si le CH tente d’enrober ça dans un faux statut. Il glisse, lentement mais sûrement, vers l’anonymat d’un rôle secondaire.
Et pourtant, Josh Anderson, dont la condition physique est sérieusement remise en question par ceux qui l’ont vu s’essouffler dès les premiers drills du camp, reste en place. Intouchable. Pourquoi? Parce que son contrat pèse. Parce que l’organisation a peur de le rayer complètement. Et tant qu’il est là, Beck et Xhekaj n’y seront pas.
Le Canadien ne dira rien publiquement avant la fin du camp. Il n’y aura pas d’annonce fracassante. Mais les faits sont là. L’alignement du soir, c’est l’alignement du rejet. Ceux qui jouent ne seront plus là demain.
Florian Xhekaj retournera à Laval. Et pourtant, il aura été l’un des plus convaincants. Il s’est battu. Il a marqué. Il a dérangé. Il a montré qu’il pouvait être utile. Mais il n’a jamais eu sa chance sur un vrai trio NHL.
Même chose pour Beck. Jamais il n’a été inséré dans un trio offensif digne de ce nom. Jamais il n’a eu la moindre chance de pivoter autre chose qu’une unité défensive. On a « testé » son utilité, pas son potentiel.
Et que dire de Samuel Blais, inséré à la dernière minute pour compléter le quatrième trio ce soir? Il est le 13e attaquant idéal. Un joueur de profondeur, capable de sauter dans l’alignement en cas de blessure, mais sans réel avenir dans le top-12. Sa présence ce soir est une formalité. Il ne vole rien à personne, mais il confirme que Beck et Xhekaj sont déjà dehors.
Le hockey professionnel ne récompense pas toujours les plus méritants. Il récompense les contrats, les statuts, les politiques internes. Le CH a décidé de jouer la sécurité. Pas l’audace. Et ça coûte cher à ceux qui méritaient mieux.