C’est désormais officiel : le Canadien de Montréal vient de lancer un message cinglant à toute la Ligue nationale de hockey. Un message qui résonne jusque dans les couloirs du Combine de Buffalo, où les regards sont braqués sur Kent Hughes et Jeff Gorton.
En multipliant les entrevues musclées, en tendant les pièges psychologiques les plus redoutables, et surtout, en ciblant clairement deux attaquants de calibre élite, Porter Martone et Caleb Desnoyers, le duo de dirigeants vient de dévoiler son jeu. Montréal veut grimper. Montréal ne reculera devant rien.
Selon Anthony Martineau de TVA Sports, l’entrevue de Porter Martone avec le CH a été la plus intense et éprouvante de tout le Combine.
Pas seulement une question étrange ici ou là, mais une vraie séance d’interrogatoire psychologique. Une guerre de nerfs. Une démonstration claire que le Tricolore n’envisage pas de perdre son temps avec des choix de mi-première ronde. Non. Le Canadien vise le top 5.
Martone lui-même l’a confirmé :
« Assurément l’une des entrevues les plus intenses du lot. »
Et ce n’est pas un hasard. L’ailier format géant, qui a inscrit 98 points en 57 matchs avec les Steelheads de Brampton, est exactement ce que le CH veut ajouter à son top 6 : un mélange de Corey Perry et Matthew Tkachuk, selon ses propres mots. Un joueur robuste, qui joue avec du chien, qui frappe, qui produit, et qui veut gagner une Coupe Stanley avec ses poings autant qu’avec son talent.
Il ne s’en cache pas : « Je pense que je mérite d’être le premier choix parce que j’apporte des éléments différents à la table. »
Le problème? Son IQ hockey laisse certains recruteurs perplexes. Son patin est ordinaire. Son explosion doit être travaillée. Il le sait. Il veut ajouter 15 livres de muscles et s’entraîner tout l’été. Mais une chose est sûre : Martone ne sera plus disponible au 16e ou 17e rang, là où le CH possède présentement ses deux choix.
Mais Martone rejette les critiques du revers de la main.
« Je suis robuste, gros et j’ai beaucoup de chien. On voit que ces éléments sont primordiaux dans une quête de Coupe Stanley. »
Après que le CH se soit fait brasser comme des enfants face aux Capitals en séries, Martone envoie un message direct à Kent Hughes et Jeff Gorton.
L’attaquant de 6 pieds 3 et 208 livres n’a pas peur de se comparer aux meilleurs :
« J’aime déranger, j’aime jouer physique, et j’ai la touche offensive pour produire. »
Martone, conscient qu’il n’est pas encore prêt physiquement pour la LNH, a aussi été brutalement honnête :
« Je me considère prêt pour la LNH, mais je veux ajouter du muscle d’ici août et travailler sur mon explosion. »
La question du CH au Combine? « Tu croises Nick Suzuki au Casino à 3h du matin. Martin St-Louis te demande le lendemain si tu l’as vu. Tu réponds quoi? »
Ce genre de mise en situation n’est pas qu’un test moral. C’est une fenêtre sur la tactique du CH. Une façon de savoir si le joueur est capable de naviguer dans une culture de vestiaire, de respecter un code, de s’imposer sans trahir. Et surtout, de comprendre la complexité des relations entre le coach, les joueurs... et la haute direction.
Et cette direction, justement, commence à se montrer brutalement proactive.
L’autre joueur qui a senti la chaleur montréalaise? Caleb Desnoyers, le centre au gabarit puissant, réputé pour son éthique de travail et son intelligence sur la glace. À 6 pieds 1 pouce et 190 lb, Desnoyers est un joueur de centre complet, qui excelle dans les deux sens de la patinoire et qui est perçu par plusieurs comme un joueur à la Patrice Bergeron.
Encore une fois, le CH n’a pas ménagé ses efforts pour tester les limites mentales de Desnoyers au Combine. L’entrevue fut intense, méthodique, impitoyable.
Et si Hughes et Gorton ont mis autant d’énergie sur ces deux espoirs, ce n’est pas pour les regarder s’envoler vers Chicago ou Anaheim. Le Tricolore veut monter au repêchage. Et vite.
Avec deux choix en première ronde (le 16e ou 17e), Kent Hughes a de la munitions pour grimper. Et il le sait. Si un club dans le top 6 est prêt à reculer de quelques rangs pour obtenir un autre choix de première ronde ou un jeune défenseur (Logan Mailloux), une transaction pourrait être imminente.
Le CH a déjà un bassin de jeunes défenseurs : Reinbacher, Hutson, Guhle, Engstrom. Il peut se permettre d’en sacrifier un pour aller chercher un attaquant au profil élite.
La cible? Probablement le 5e ou 6e rang. Là où un joueur comme Martone, malgré ses lacunes techniques, pourrait encore être disponible s'il se met à descendre.
Certains le disent : IQ hockey moyen. Explosion ordinaire. Mais le Canadien a fait un pari semblable avec Juraj Slafkovsky, critiqué pour sa lecture du jeu mais adoré pour son physique et sa combativité. Le CH semble convaincu que Martone est un monstre en devenir, un futur ailier de séries, un gars qui se pointera en avril avec le menton sale et le regard de tueur.
C’est exactement ce que Martin St-Louis réclame depuis des mois : du chien, de la robustesse, de l’intensité.
Kent Hughes ne veut plus de saisons gaspillées. Il ne veut plus repêcher 5e ou 6e à chaque été. Il veut frapper fort maintenant.
Martone et Desnoyers sont les deux noms encerclés dans son calepin. Les deux joueurs qui représentent l’identité que le CH veut construire pour les cinq prochaines années. Et à voir l’énergie déployée au Combine, le message est clair, net et précis : Montréal est prêt à sacrifier gros pour grimper.
La date limite des transactions approche. Le repêchage aussi. Et le CH, tout en luttant pour une place en séries, joue en coulisses une autre bataille bien plus stratégique : redéfinir son avenir offensif.
La majorité des clubs tentent de dissimuler leurs intentions. Pas Montréal. En mettant Martone et Desnoyers sur la sellette de manière aussi frontale, Hughes et Gorton crient haut et fort leur plan : ils veulent frapper dans le top 5.
Et la récompense? Peut-être le prochain Tkachuk ou Bergeron.