C’est un geste typiquement Patrick Roy.
Un coup de théâtre comme lui seul sait les orchestrer. Avant même le début du camp d’entraînement des Islanders de New York, « Casseau » a pris tout le monde de court en dévoilant la composition de ses trios pour la saison… et en confirmant ce que bien peu osaient croire : Jonathan Drouin commencera la saison sur le premier trio, aux côtés de Bo Horvat et du phénomène Maxim Shabanov.
Voilà une déclaration qui fait trembler les colonnes québécoises, qui enflamme les réseaux sociaux et qui envoie un message clair à toute l’organisation : Patrick Roy est l’homme de parole qu’il a toujours été.
Quand il a pris Jonathan Drouin sous son aile avec les Islanders, plusieurs ont cru que c’était pour le sauver à court terme. Mais aujourd’hui, c’est clair : Roy est prêt à tout pour que son protégé retrouve sa place parmi l’élite de la LNH.
Il faut se rappeler d’où revient Jonathan Drouin.
Repêché au 3e rang en 2013, il a été présenté comme le prochain joueur électrisant du hockey québécois. Mais des blessures, des problèmes de santé mentale, une pression monstrueuse à Montréal et une relation tendue avec les entraîneurs (Claude Julien, Dominique Ducharme) ont transformé cette promesse en parcours brisé.
Et pourtant, en 2023-2024, à Denver, il a connu une résurrection. Une saison de 56 points, sa meilleure en carrière, obtenue dans l’ombre de Nathan MacKinnon. Puis, malgré les blessures, il a obtenu 37 points en seulement 43 matchs avec le Colorado.
Quand Roy a été nommé pour diriger les Islanders, une rumeur s’est mise à circuler : il voulait ramener Drouin avec lui. Mais rares sont ceux qui croyaient qu’il irait jusqu’au bout. Encore moins que Drouin, sans même attendre l’ouverture du marché, signerait un contrat de deux ans et 4 M$ par année pour rejoindre Roy à Long Island.
Et aujourd’hui, Roy confirme ce que plusieurs soupçonnaient, mais n’osaient prédire : il donne les clés du premier trio à Drouin.
Aucun flou, aucun bluff : Roy dévoile tout.
Ce qui frappe encore plus que le choix de Drouin, c’est la franchise brutale avec laquelle Patrick Roy a dévoilé ses cartes. Lors du tournoi de golf de l’équipe, en plein mois de septembre, l’ancien #33 a dévoilé la composition complète de ses trois premiers trios.
Bo Horvat – Jonathan Drouin – Maxim Shabanov
Anders Lee – Mathew Barzal – Kyle Palmieri
Anthony Duclair – Jean-Gabriel Pageau – Simon Holmström
Même si le 4e trio n'a pas été dévoilé, tout le monde s'attend à ce que Emil Heineman joue avec Casey Cizikas et Maxim Tsyplakov.
Aucun cache-cache. Aucun "on verra au camp". Roy ne joue pas ce jeu-là. Il mise sur la clarté, l’adhésion immédiate et la responsabilisation des joueurs.
C’est aussi un message envoyé à Drouin : Tu n’as plus à te battre pour prouver ta valeur. Je t’ai vu, je te connais, je sais ce que tu peux faire. Maintenant, livre la marchandise.
L’autre surprise de ce trio, c’est bien sûr Maxim Shabanov. Encore inconnu du grand public en Amérique du Nord, l’ancien joueur du Traktor de Tcheliabinsk a été l’un des meilleurs espoirs russes en KHL la saison dernière (67 points en 65 matchs). Signé en douce par les Islanders durant l’été, l'attaquant de 24 ans a été la grande sensation du camp des recrues.
Et Patrick Roy n’a pas perdu de temps. Il a vu le talent. Il a vu le potentiel. Et il a décidé d’envoyer Shabanov directement dans la fosse aux lions, sur la première ligne avec Horvat et Drouin.
Ce n’est pas un pari. C’est un statement. Une façon de dire que cette équipe ne vivra pas dans le passé. Elle fonce vers l’avant. Avec les meilleurs joueurs, peu importe leur CV.
Peu de duos entraîneur-joueur ont une histoire aussi singulière que Patrick Roy et Jonathan Drouin.
Ce lien ne s’est pas construit dans la lumière des projecteurs, mais dans les coulisses d’un vestiaire, dans les moments difficiles, dans les conversations humaines loin des caméras.
Roy a été l’un des premiers à défendre Drouin publiquement lors de son congé pour des raisons de santé mentale à Montréal.
C’était un signal lancé à toute la communauté du hockey québécois. Patrick Roy dirigeait encore les Remparts de Québec. Rien ne l'obligeait à monter au front.
Mais "le roi" a tenu à rappeler que « le hockey n’est pas plus important que la santé mentale », et que « ce jeune-là mérite du respect, pas des jugements ».
Ces déclarations avaient profondément touché Drouin. Depuis ce jour, un lien s’est tissé entre les deux hommes. Un lien basé sur l’écoute, la loyauté et une compréhension mutuelle que peu de gens dans le milieu peuvent revendiquer.
Ce n’est pas un hasard si Roy lui donne maintenant les clés du premier trio.
Il a toujours cru en son potentiel offensif, et il n’a jamais été de ceux qui résumaient Drouin à sa fragilité mentale, ses erreurs ou sone effondrement public.
C’est cette loyauté qui a conduit Drouin à signer à Long Island. Ce contrat de deux ans, c’est une marque de confiance absolue. Et aujourd’hui, le fait qu’il soit immédiatement propulsé sur le premier trio prouve que Roy n’a jamais hésité dans sa foi envers son ancien joueur.
Le dévoilement complet de l’alignement n’a rien d’anodin.
Dans une ligue où la stratégie est souvent voilée, où les entraîneurs cachent leurs cartes jusqu’à la veille des matchs, Patrick Roy vient de dynamiter les conventions. Il s’est avancé. Il a mis des noms. Il a montré son plan.
Et ce plan, c’est un alignement jeune, rapide, audacieux, qui n’a rien à voir avec les Islanders rigides et défensifs des dernières saisons.
Les médias new-yorkais en ont fait leur une dès lundi midi. L’expression « Patrick Roy shakes things up » s’est retrouvée dans tous les titres.
À Montréal, la nouvelle a aussi fait réagir. Voir Drouin ressuscité sous les ordres de Roy... c'est une belle histoire à la québécoise...
Roy a aussi surpris en plaçant Mathew Barzal au centre du deuxième trio, entre Lee et Palmieri. Le principal intéressé ne s'en plaint pas et affirme être heureux d'être avec deux vétérans expérimentés.
Anthony Duclair, lui, formera la troisième unité avec Pageau et Holmström. Clairement, il sera déçu de ne pas jouer avec son chum du Lac St-Louis.
Jonathan Drouin n’a que 30 ans. Il a encore plusieurs bonnes saisons devant lui s’il reste en santé.
Mais on ne se le cachera pas : cette saison est déterminante.
Sur le premier trio, dans un système enfin offensif, avec un entraîneur qui l’adore… toutes les excuses sont levées. Tout est en place pour une explosion.
Et si elle a lieu? Drouin pourrait non seulement décrocher un autre contrat à New York, mais aussi redevenir un joueur d’impact dans la LNH. Un Québécois respecté, admiré, enfin débarrassé de ses démons.
En dévoilant ses trios, Patrick Roy a aussi envoyé un message cinglant à Mathieu Darche et aux partisans : il dirige cette équipe à sa façon.
Pas de filtres. Pas de faux mystères. Pas de peur de l’erreur. Roy s’assume. Il assume ses hommes. Et il assume ses décisions.
Et avec ce geste audacieux, il vient peut-être de ressusciter l’espoir à Long Island. Le rêve d’un hockey inspiré, passionné, dirigé avec les tripes.
Et qui sait? Peut-être que dans quelques mois, on parlera de Drouin comme de la plus belle histoire de rédemption de la saison 2025-2026. Et de Roy comme de l’homme qui l’a rendue possible.
Encore une fois.