Coup de théâtre à Laval: Joshua Roy veut se faire échanger

Coup de théâtre à Laval: Joshua Roy veut se faire échanger

Par David Garel le 2025-09-29

C’est désormais une certitude qui circule dans tous les couloirs du Centre Bell, à voix basse, comme une vérité interdite : Joshua Roy va demander une transaction.

La décision n’est pas encore officielle, mais elle est prise. Ce n’est plus une question de « si », c’est une question de « quand ».

Et pour quiconque suit de près les opérations du Canadien de Montréal, l’issue de ce feuilleton était écrite depuis longtemps.

Ce n’est plus une histoire de performances. Ce n’est plus une affaire de développement. C’est une rupture totale entre un joueur et une organisation qui l’a sacrifié au nom de ses contradictions. Une rupture émotionnelle, psychologique, professionnelle. Une cassure profonde, irréversible.

Tout avait pourtant bien commencé. Joshua Roy avait fait tout ce qu’on lui avait demandé. Il avait perdu du poids. Il avait changé son hygiène de vie.

Il avait mis fin à ses virées nocturnes, ses excès, ses excès de confiance. Il avait coupé tous les ponts avec son passé de “party boy”, un passé qui l’avait suivi comme une ombre depuis sa première journée à Brossard.

Il s’était enfermé dans une discipline militaire, dormant tôt, pesant chaque aliment, réduisant à néant le moindre gramme de gras. Il s’était présenté au camp du Canadien en pleine forme, avec l’espoir naïf qu’on lui accorderait une vraie chance.

Mais Montréal, comme souvent, avait déjà tourné la page sans le lui dire.

Dès les premiers jours, le silence de Martin St-Louis a été sans pitié. Lorsqu’on lui a demandé quels jeunes s’étaient démarqués, Joshua Roy n’a jamais été nommé.

Même des joueurs marginaux comme Jared Davidson ou Sean Farrell ont été salués. Mais Roy ? Oublié. Effacé. Rayé du discours. Et ce n’était pas un oubli. C’était un verdict.

C’est probablement la partie la plus cruelle de l’affaire. Martin St-Louis n’a pas eu besoin de critiques publiques, ni de gestes spectaculaires.

Il a simplement ignoré Roy. Froidement. Cliniquement. Comme s’il n’avait jamais existé. Dans une entrevue avec Patrick Friolet, le coach a énuméré tous les jeunes qu’il voyait prendre un pas : Beck, Kapanen, Mesar, Farrell, Florian Xhekaj, Davidson… mais jamais Roy.

Et quand on l’a interrogé sur son jeu en désavantage numérique, là aussi, c’est le flou : « Il faut que je revoie les séquences… » Le vrai message : je ne veux même pas me prononcer. Roy n’a pas existé.

Selon plusieurs sources proches du dossier, Kent Hughes et Jeff Gorton ont déjà acté le départ de Joshua Roy. Cet été, son nom est revenu dans toutes les offres d’échange comme throw-in indésirable : pour Pavel Zacha, pour Jared McCann, pour Sidney Crosby, même.

À chaque fois, Roy était l’un des éléments proposés. Pas comme pièce maîtresse. Non. Comme comme bonus de bas-étage. Un joueur dont on veut se débarrasser, sans le dire trop fort.

Pire encore : Georges Laraque l’a confirmé en ondes à BPM Sports.

« Joshua Roy, on ne le reverra plus à Montréal. Il va devenir un outil de transaction. Il n’y a plus de place pour lui. »

Ce n’est pas un commentaire anodin. C’est un écho direct de ce que les dirigeants laissent filtrer. Pour eux, Roy est fini. À 22 ans. Un rejet.

Et puis il y a Zachary Bolduc. L’arrivée du Québécois dans l’échange de Logan Mailloux a été une condamnation déguisée.

Bolduc, c’est le même profil que Roy… en mieux. Plus rapide, plus intense, plus complet. Un ailier qui peut jouer au centre, qui frappe, qui crée de l’espace, qui rentre dans le moule. Et surtout, un joueur formé dans l’organisation exigeante des Blues de St. Louis, pas dans le chaos de Laval.

Depuis l’arrivée de Bolduc, Joshua Roy est devenu superflu. Indésirable. Jetable.

Mais au-delà du hockey, c’est dans l’humain que se cache le vrai drame. Roy, malgré son passé tumultueux, avait fait les efforts.

Il avait compris les erreurs de l’an dernier, notamment cette journée où, malade d’un lendemain de veille, il avait vomi en plein entraînement sous les yeux de Martin St-Louis.

Un épisode honteux, que le coach n’a jamais oublié, et qu’il a raconté mot pour mot à Kent Hughes et Jeff Gorton. C’est ce jour-là que Roy a été banni. Il ne le savait pas encore. Mais sa condamnation était écrite.

Depuis, il s’est ressaisi. Il a coupé avec le nightlife. Il a quitté la maison d’Alexis Lafrenière sur la Rive-Nord. Il a arrêté de sortir. Il a mis fin à l’époque où il se croyait invincible. Et malgré tout… rien. Aucune récompense. Aucun signe. Aucun pardon.

Et puis il y a eu l’humiliation publique. Le 14 janvier dernier, Roy était attendu à une séance d’autographes chez Universe Collectibles à Vaudreuil.

Il ne s’est jamais présenté. Pas d’excuse. Pas d’appel. Les organisateurs ont été obligés de rembourser les fans. Roy a brûlé une base partisane qui voulait encore croire en lui. Et son agent, Olivier Fortier, a géré la crise comme un amateur. Ce jour-là, Roy a perdu la ville.

Et maintenant, le cercle est complet. Joshua Roy ne veut plus être là. Il sait que le CH ne lui offrira pas de contrat l’an prochain. Il sait que sa fenêtre est fermée. Et surtout, il sait que dans l’esprit de Martin St-Louis, il est rayé à jamais. Lorsqu’un joueur sent qu’il est devenu un fardeau, la demande de transaction devient une évidence.

Dans les coulisses, Roy est déjà représenté agressivement sur le marché. Son entourage espère que le CH agira avant que l’histoire ne devienne publique.

Mais Roy est prêt à tout faire sauter. Si Hughes ne bouge pas, il passera par les médias. Il lancera la bombe. Comme Yegor Chinakhov à Columbus, il n’hésitera pas à publier une déclaration incendiaire, même via son agent, pour forcer un échange.

Mais Chinakov est encore à Columbus. Car quand tu n'es pas une vedette, tu dois prendre ton trou. Et Chinakov est un joueur de la LNH. Pas un plombier de Laval comme Roy.

Et c’est ça, la tragédie. Ce n’est pas juste un joueur qui veut partir. C’est un jeune Québécois qu’on a monté en prodige, qu’on a exhibé comme un espoir national, puis qu’on a jeté quand il ne cadrait plus dans le narratif.

Roy, c’était la belle histoire. Le kid de Saint-Georges-de-Beauce qui voulait conquérir Montréal. Le franc-tireur repêché en cinquième ronde, mais qui a dominé la LHJMQ. L’enfant prodige devenu le “steal” de 2021. Un Québécois pour un club en quête d’âme.

Mais le rêve s’est transformé en naufrage.

À Laval, Pascal Vincent tente de sauver les meubles. Il parle d’attitude, de progrès, de patience. Mais même lui sait que c’est fini. Roy n’attend plus un rappel. Il attend la sortie. Il veut tourner la page. Quitter une organisation qui l’a enterré vivant.

Et à ce stade, c’est le CH qui a le plus à perdre. Car plus les jours passent, plus Roy devient une bombe. Une bombe médiatique. Une bombe émotionnelle.

Et quand elle explosera, ce ne sera pas silencieux.

Il reste à Kent Hughes deux options : agir maintenant, et sauver la face… ou attendre la fin du contrat du Québécois.

Car Joshua Roy, dans l’état actuel des choses, ne remettra plus les pieds au Centre Bell. Et surtout, il ne se taira pas.

Et dans une ville comme Montréal, où chaque mot devient un feu de forêt, la prochaine déclaration de Roy pourrait tout faire basculer.

Parce que quand un joueur francophone, aimé, talentueux, discipliné, est laissé de côté sans raison apparente… c’est toute une province qui grince des dents.

Joshua Roy est au bout de sa corde. Et la corde est sur le point de casser.

La transaction n’est plus une rumeur. C’est une urgence. Un devoir. Une nécessité morale et sportive.

Il faut que ça se fasse. Maintenant. Pas pour Roy. Pour le Canadien. Parce que s’il explose… Montréal n’a pas fini d’en entendre parler.