Il fallait s’y attendre. À force de le marginaliser, de douter de lui, et de le tenir à l’écart comme un paria, Logan Mailloux a fini par exploser. Littéralement.
Dès les premières séances du camp d’entraînement des Blues de Saint-Louis, le jeune défenseur droitier de 6 pieds 3 pouces a fait l’unanimité. Il est en feu, et ce, au grand dam des partisans du Canadien qui commencent sérieusement à se demander pourquoi Kent Hughes a décidé de l’échanger aussi rapidement.
Et pendant que Mailloux démolit tout sur son passage à Saint-Louis, Zachary Bolduc, lui, est planté à Brossard sur une ligne totalement inutile avec Alex Newhook au centre et Owen Beck à l’aile. Une combinaison qui, pour plusieurs, sonne comme une punition.
Alex Newhook... est le virus du hockey IQ...
Il faut dire les choses telles qu’elles sont : Alex Newhook est devenu, à lui seul, le symbole de tout ce qui ralentit un alignement.
Selon plusieurs observateurs, le placer au centre d’un trio est un choix toxique, sportivement parlant. Il freine le développement des jeunes, il ralentit le rythme, et il ne voit rien venir sur la glace. C’est un joueur qui, bien malgré lui, contamine la chimie offensive d’un groupe.
Alors quand on voit Zachary Bolduc, que Patrick Roy considérait comme une perle à Québec, être placé entre Newhook et Beck, ça frôle le sabotage.
Bolduc a du talent, on ne l’a jamais nié. L'adjoint Claude Julien lui-même était déçu de le voir partir de l’organisation des Blues. Et pourtant, Montréal le met dans une position qui ne fait aucun sens.
Pendant ce temps, Logan Mailloux, lui, nage dans le bonheur.
Selon les informations crédibles d’Andy Strickland, journaliste bien branché sur les activités des Blues, les joueurs de Saint-Louis capotent sur le niveau d’habiletés de Mailloux.
Ils n’en reviennent pas de son tir des ligues majeures, de sa mobilité, de sa puissance physique, et surtout, de son calme en possession de rondelle. Bref, tout ce qu’on cherche dans un défenseur moderne au format géant.
Doug Armstrong ne l’avait pas caché : dès le 1er juillet, après l’échange impliquant Bolduc, il a affirmé que Mailloux était prêt pour la LNH. Pas dans deux ans. Pas à mi-saison. Maintenant.
« On veut lui donner toutes les opportunités pour qu’il soit en mesure de se faire valoir », avait déclaré Armstrong en conférence de presse.
C’est exactement ce qui est en train de se produire.
Faut-il rappeler que Mailloux ne débarquait pas à Saint-Louis avec une feuille blanche? Son passé judiciaire, son attitude jugée arrogante dans certaines entrevues, et ses fréquentations, notamment la rumeur voulant qu’il fréquente les partys avec ses propres gardes de sécurité, avaient jeté un certain froid dans les bureaux du CH.
Mais jusqu’ici, rien de cela n’a transpiré dans le vestiaire des Blues. Au contraire. Il est concentré, imposant, et terriblement efficace.
Oui, il lui reste du travail dans sa propre zone. Oui, il a parfois des oublis défensifs. Mais offensivement, il est déjà vu comme un game-changer. Un défenseur droitier capable de faire tourner le momentum d’un match avec un seul tir ou une montée fulgurante.
« Ils sont impressionnés par ce qu’ils ont vu de sa part », a rapporté Strickland.
« Son niveau d’habiletés retient l’attention dans la chambre des Blues. »
Et ça, ce sont les joueurs qui le disent. Pas juste les journalistes.
Pendant ce temps, à Brossard, c’est l’incompréhension totale. Le nom de Logan Mailloux hante littéralement le camp du Canadien. Dès qu’on évoque les duels internes, les défenseurs de la relève, ou même le jeu de puissance, le fantôme de Mailloux refait surface.
Il faut dire que le CH ne croule pas sous les défenseurs droitiers : et si on avait échangé le mauvaise défenseur entre lui et David Reinbacher?
En sacrifiant Mailloux pour Bolduc, Kent Hughes a fait un choix politique, pas un choix de hockey.
Et il va devoir vivre longtemps avec les conséquences.
Le seul à ne pas s’enflammer pour Mailloux à l’heure actuelle, c’est Simon Boisvert, alias le Snake. Il continue de croire que le défenseur va redescendre dans la Ligue américaine d’ici Noël, affirmant qu’il est encore trop instable dans son positionnement.
Mais même les plus cyniques doivent commencer à revoir leur copie. Mailloux n’est pas juste en train de bien faire : il domine. Il impressionne. Il fait parler. Il déplace de l’air. Et tout ça, à 22 ans seulement.
Il faut aussi être honnête : Mailloux ne voulait plus rester à Montréal. Il en avait assez d’être le vilain petit canard, d’être évité par certains coéquipiers, jugé par les médias, et toléré plus qu’accueilli.
Son comportement parfois cocky, son franc-parler en entrevue, et son besoin constant d’être traité comme une vedette ont rendu sa cohabitation difficile avec le modèle « culture du groupe » prôné par Martin St-Louis.
Mais à Saint-Louis, son attitude passe mieux. Parce qu’elle est accompagnée d’un talent pur, d’une énergie contagieuse, et d’une envie évidente de s’imposer.
Et dans un vestiaire encore jeune, où les responsabilités défensives sont partagées entre des vétérans vieillissants et des jeunes en quête d’identité, Mailloux est exactement le genre de bombe à retardement qui peut exploser… dans le bon sens.
C’est peut-être un peu tôt pour conclure que Kent Hughes a fait une erreur historique. Mais tout pointe dans cette direction.
Mailloux est déjà dans le top-4 des Blues.
Il est adoré par ses coéquipiers.
Il a un style unique dans la LNH.
Et surtout : il veut se prouver, contre le CH.
Pendant ce temps, Zachary Bolduc apprend à patiner en ligne droite avec Alex Newhook et Owen Beck.
Et tenez-vous bien : l’arrogance d’antan semble avoir complètement disparu. Lors de sa première entrevue vidéo officielle lors du premier jour du camp d’entraînement, Mailloux était méconnaissable.
Fini le jeune cocky qu’on accusait de jouer au dur avec des gardes du corps à ses côtés dans les soirées mondaines. Il n’y avait plus trace du gars qui croyait que tout lui était dû.
À la place, c’est un jeune homme concentré, humble, presque ému, qui a pris le micro. Il a reconnu à demi-mot qu’il sait à quel point cette opportunité avec les Blues est précieuse et à quel point les vétérans prennent soin de lui:
Son langage corporel ne mentait pas : le message des vétérans a été reçu. On raconte d’ailleurs que des piliers comme Brayden Schenn et Justin Faulk ont pris Mailloux sous leur aile dès le premier jour, ne laissant aucune place aux vieux démons.
Cette fois, il est bien entouré… et il semble le savoir.
Si Logan Mailloux garde cette attitude, on pourrait bien parler de l’une des renaissances les plus spectaculaires du hockey moderne.