Il y a des moments dans l’histoire d’une franchise où le destin bascule. Où le rêve d’un peuple devient une éventualité. Et où les murmures deviennent des cris.
Depuis que Dany Dubé a pris la parole à l’émission de Mario Langlois sur les ondes du 98.5 FM, une onde de choc s’est propagée dans tout le Québec. Parce qu’il a osé le dire. Parce qu’il a mis les mots sur ce que plusieurs espéraient en silence : Sidney Crosby pourrait bel et bien terminer sa carrière à Montréal.
Pas à Denver. Pas à Los Angeles. Pas à Vegas. À Montréal.
Et le plus frappant, ce n’est pas tant l’espoir que Dubé a insufflé dans les veines des partisans du CH. C’est le rejet catégorique de l’hypothèse Colorado.
Selon lui, l’Avalanche est complètement écartée du portrait. Rayée. Rayée pour de bon. Et quand on écoute ses arguments, difficile de lui donner tort.
Tout part de là : Mikko Rantanen. Ou plutôt, la façon ignoble dont l’Avalanche du Colorado a traité l’un des meilleurs ailiers de sa génération.
Rantanen, qui a connu deux tours du chapeau dans la série contre… son ancienne équipe. Oui. L’Avalanche. La même formation qui, au lieu de le prolonger, l’a échangé aux Hurricanes de la Caroline, qui eux-mêmes l’ont ensuite expédié aux Stars de Dallas.
Résultat? Rantanen vient littéralement de mettre fin à la saison de l’Avalanche avec un feu d’artifice offensif qui a secoué la planète hockey.
Dany Dubé résume parfaitement l’impact de cette bourde stratégique :
« Est-ce que l’Avalanche va se remettre de ça? »
C’est une question sans pitié. Parce que tout le monde dans la Ligue — surtout les superstars — a vu comment Rantanen a été traité.
Et il y a une chose que les fans ne mesurent pas toujours : dans la LNH, les supervedettes forment une confrérie. Une fraternité. Une solidarité sacrée. Quand un des leurs est sacrifié, les autres prennent des notes.
Sidney Crosby a pris des notes.
La rumeur la plus persistante depuis un an envoyait Crosby au Colorado. Pourquoi? Parce que MacKinnon est son grand ami. Parce que les deux s’entraînent ensemble. Parce que l’Avalanche a connu le sommet en 2022. Mais aujourd’hui?
L’Avalanche est en chute libre.
L’Avalanche n’a plus de profondeur.
L’Avalanche n’a plus de crédibilité.
Ce que Dany Dubé martèle, c’est simple :
Crosby ne s’en va pas là. Il ne s’en va pas dans une équipe qui a perdu son éthique. Qui ne respecte plus ses piliers.
Et c’est là qu’intervient Montréal.
Quand Mario Langlois lui demande si Crosby à Montréal ouvre une fenêtre de Coupe Stanley, la réponse de Dany Dubé est limpide : « Oui. Pas la première année, mais dans deux ou trois ans. Et avec Demidov… Crosby est parfait pour jouer avec lui. »
Parce que Dubé ne parle pas juste d’une transaction de joueur. Il parle d’une révolution dans le vestiaire. Il parle d’un leader générationnel qui vient transmettre le flambeau à la nouvelle vague. Il parle d’un homme qui élève chaque joueur autour de lui. Et dans le cas de Demidov, il voit une chimie digne de Lemieux-Jagr.
«Parce que là, tout à coup, tu as quelqu'un pour jouer avec Demidov. Tu as une super vedette en devenir, puis tu as un des meilleurs joueurs au monde qui joue avec... à la position de centre. La position maîtresse. La position qui fait que tes ailiers fonctionnent.»
«Sidney Crosby, c'est le joueur le plus efficace dans toute la LNH lorsqu'il n'a pas la rondelle, rapport âge/performance. C'est, de loin, le joueur le plus engagé, le plus efficace à cinq contre cinq. Si tu veux gagner, c'est là que ça se passe!»
Dubé continue :
«C'est comme ton arbre de Noël: Tu peux avoir un beau sapin, mais si tu n'as rien à mettre dedans...Mais si tu peux aller chercher les décos, il manque juste les lumières... On est là-dedans.»
C’est là que les choses deviennent croustillantes.
Parce que pendant que Dany Dubé enflamme le Québec, TVA Sports vient de publier un texte affirmant que le rêve Crosby est irréaliste.
Et c’est là que TVA prend un risque monumental. Parce que si Crosby signe à Montréal, cette affirmation leur reviendra comme un boomerang en pleine figure.
Dubé, lui, n’a aucun doute : le trio de finalistes, ce n’est pas Pittsburgh, ni le Colorado. C’est Montréal, Las Vegas et Los Angeles.
Las Vegas? Toujours agressifs, prêts à tout.
L.A.? Ville glamour, proche de la retraite dorée.
Mais Montréal… Montréal, c’est l’héritage. C’est la légende. C’est là où Sid peut sceller son destin.
Et il ne faut pas sous-estimer le facteur émotionnel.
Sidney Crosby, même s’il vient de la Nouvelle-Écosse, est une icône au Québec. Il a grandi sous les projecteurs de Rimouski. Il a marqué les esprits francophones à jamais avec le but en or à Vancouver.
Il a un attachement culturel profond avec cette province. Et l’idée de finir sa carrière dans le plus grand marché francophone de la LNH, dans le chandail des Canadiens… c’est un fantasme qu’il partage peut-être plus qu’on pense.
Dany Dubé le sait. Et il ajoute même que Crosby est le joueur le plus efficace de toute la LNH quand il n’a pas la rondelle. C’est ça, le niveau d’excellence. C’est ça, ce que Kent Hughes et Jeff Gorton veulent implanter dans cette équipe.
Il reste un point crucial : Crosby a une clause de non-mouvement. Il ira où il veut.
Et pour l’instant, il ne veut pas partir.
Mais les cartes changent. Mike Sullivan a été congédié. Le vestiaire des Penguins est en décomposition. Et si le prochain coach ne fait pas l’affaire, tout peut basculer.
Et dans l’ombre, Kent Hughes prépare une offre.
Slafkovsky? Impossible.
Logan Mailloux? Probablement.
Choix 16 et 17? Inévitablement.
Mais pour le meilleur joueur de sa génération, pour le modèle absolu, pour le capitaine de toutes les générations, est-ce trop payé?
Le Québec est prêt. Dany Dubé l’a dit. Sidney Crosby est en route.
Et cette fois, plus personne ne rit.