Controverse de gardiens à Montréal: Samuel Montembeault a un pied dans la porte

Controverse de gardiens à Montréal: Samuel Montembeault a un pied dans la porte

Par David Garel le 2025-10-09

Au lendemain d’une performance hésitante contre les Maple Leafs, les Canadiens de Montréal ont rebondi de manière convaincante à Detroit avec une victoire de 5 à 1.

Mais derrière ce résultat flatteur, un message clair a été envoyé : Jakub Dobeš est prêt, et il vient officiellement compliquer la situation de Samuel Montembeault.

Même si le CH a été dominé 31-17 au chapitre des tirs au but, le gardien tchèque a tenu le fort. Il a repoussé 30 des 31 tirs dirigés vers lui, ne cédant qu’en désavantage numérique sur une séquence initiée par Patrick Kane et conclue par Dylan Larkin.

Pour un premier départ cette saison, dans un match à l’extérieur, Dobeš a livré une performance mature, structurée, et surtout, rassurante. Exactement ce que le personnel d’entraîneurs n’a pas obtenu de Samuel Montembeault contre Toronto.

La réalité statistique est difficile à ignorer.

Contre les Leafs, Montembeault a terminé le match avec un pourcentage d’arrêts de .880, concédant trois buts sur 26 tirs. Malgré les excuses déployées, perte de bâtons, erreurs défensives, les chiffres ne mentent pas.

Hier, dans un contexte similaire, Dobeš a été meilleur sur toute la ligne : plus de tirs, plus de pression adverse, mais un seul but accordé. Et une impression générale bien différente : il a contrôlé ses retours, il a suivi le jeu, il a dégagé une stabilité que Montembeault n’a pas su offrir.

À performances égales devant lui, le résultat final change radicalement selon le gardien en place. C’est ce qui fait la différence entre un adjoint et un numéro un.

Dobeš ne sort pas de nulle part. Il a un contrat à un seul volet cette saison, ce qui veut dire qu’il est prêt à évoluer à Montréal à plein temps.

Le CH a signé Kaapo Kähkönen pour occuper le filet à Laval. Et Jacob Fowler, que tout le monde identifie comme le gardien d’avenir, domine déjà dans la hiérarchie mentale du club.

Le poste de Montembeault est donc menacé de deux côtés : par Fowler à moyen terme, et maintenant par Dobeš à court terme.

C’est le genre de situation que les dirigeants doivent trancher rapidement. Chaque match où Montembeault est en uniforme ralentit la progression d’un des deux jeunes.

Et pour un club qui n’a pas l’intention de se battre pour une place en séries, la logique de développement devrait primer.

Depuis la signature de son contrat de trois saisons à 3,15 M$ par année, Samuel Montembeault est en audition. Il n’a pas de clause de non-échange. Il ne fait pas partie du plan à long terme. Il est en vitrine.

Or, dans ce genre de contexte, chaque sortie compte. Et pour le moment, il ne saisit pas sa chance.

Dobeš, lui, vient de maximiser la sienne.

Un calendrier qui va forcer une décision.

Le CH joue un troisième match en quatre soirs samedi à Chicago. Puis il rentre au Centre Bell mardi contre Seattle.

Martin St-Louis a donc une décision à prendre rapidement : redonner le filet à Montembeault malgré une performance moyenne, ou surfer sur l’élan Dobeš et le remettre au boulot dès samedi?

Peu importe la décision, la dynamique vient de changer. Dobeš vient de rappeler à tout le monde que ce n’est pas parce que Fowler attire les projecteurs que lui n’est pas dans la course.

Le Canadien a gagné 5-1. L’attaque a débloqué. Zachary Bolduc et Oliver Kapanen ont marqué dans un deuxième match de suite. Suzuki a ramassé deux aides. Slafkovsky a enfin marqué en avantage numérique. Matheson et Carrier ont contribué.

Mais l’histoire principale du match, c’est le gardien.

Dobeš vient d’entrer officiellement dans l’équation.

Et Montembeault vient de perdre un peu plus de terrain.

Samuel Montembeault n’est pas naïf. Il sait lire le jeu, sur la glace comme à l’extérieur.

Il comprend que chaque départ moyen, chaque séquence hésitante, chaque sortie sans impact alimente un discours qu’il n’arrive plus à freiner.

Il sait aussi que son contrat attire l’attention : 3,15 millions par saison, sans protection. Pour plusieurs directeurs généraux de la ligue, c’est un profil parfait de gardien transitoire, capable de prendre le relais dans un tandem sans coûter trop cher.

Mais pour le Canadien, il est devenu un blocage.

Un obstacle au plan.

Un joueur qui n’a plus vraiment d’avenir ici, mais qu’on continue d’habiller par défaut, parce qu’il est Québécois, parce qu’il est apprécié, parce qu’on veut éviter la controverse.

Le problème, c’est que le vestiaire, lui, n’attend pas.

Il voit Dobeš performer. Il entend les échos sur Fowler. Il voit que Montembeault n’est pas capable de fermer la porte. Et surtout, il comprend que l’organisation est rendue ailleurs.

Il faut rappeler un élément clé : Jakub Dobeš a un contrat à un volet.

Ce n’est pas un hasard.

Ce genre de contrat n’est pas donné à un espoir qu’on veut cacher à Laval pendant 82 matchs.

C’est le genre de contrat qu’on donne à un jeune qu’on veut voir dans la LNH très bientôt.

Même chose pour Kaapo Kähkönen, signé précisément pour jouer à Laval et encadrer les jeunes.

Jacob Fowler, de son côté, est dans une phase de développement plus standard, mais tout le monde sait que son ascension sera rapide.

Il bloque le chemin à deux gardiens qui offrent plus d’avenir, plus de potentiel et, dans le cas de Dobeš, déjà plus d’impact.

Selon plusieurs sources dans le milieu, trois équipes ont contacté le Canadien au cours des dernières semaines pour prendre des informations sur Montembeault.

1. Les Oilers d’Edmonton

Ils ont besoin d’un gardien stable derrière une équipe construite pour gagner maintenant. Stuart Skinner n’a pas livré en séries. Calvin Pickard est un back-up.

Montembeault représenterait une amélioration à court terme.

Mais Kent Hughes veut un prix raisonnable. Un choix de 2e ronde ne suffit pas. Il veut un actif intéressant ou un choix de 1re ronde protégé.

2. Les Flyers de Philadelphie

Ils n’ont toujours pas trouvé leur gardien depuis l’implosion de Carter Hart.

Daniel Brière veut stabiliser le filet et pourrait offrir un choix conditionnel avec un espoir.

3. Le Mammoth de l’Utah

Avec André Tourigny derrière le banc, le lien québécois est naturel.

Nick Schmaltz, qui joue à l’aile présentement, deviendra agent libre. Le CH pourrait tenter d’obtenir ses droits en retour, à condition que Montembeault signe une prolongation dans l’Ouest.

On retarde l’inévitable.

Le problème, c’est que chaque match où Montembeault est en uniforme est une occasion manquée pour Dobeš ou Fowler.

L’organisation sait ce qu’elle doit faire. Le plan est clair depuis l’été.

Mais la décision tarde. Et plus elle tarde, plus le risque augmente que la dynamique se détériore dans le vestiaire.

Si Dobeš performe chaque fois qu’on lui donne le filet, il sera impossible de le renvoyer à Laval sans briser sa progression.

Et si on garde Montembeault sur le banc, il devient inutile.

Le statu quo n’est pas une option.

Le point de rupture pourrait venir plus vite qu’on le pense.

Le CH affronte Chicago samedi, puis Seattle mardi au Centre Bell.

Si Dobeš a encore le filet samedi, et qu’il livre encore, il sera difficile de l’écarter contre Seattle.

Et si on le garde pour Seattle, ce sera la fin non officielle du rôle de partant pour Montembeault.

Ce que Martin St-Louis voudrait éviter à tout prix, c’est une gestion à trois gardiens malsaine.

Mais si Montembeault ne joue plus et que Fowler monte en janvier ou février, c’est exactement ce qui attend le club.

La valeur de Montembeault est encore bonne.

Il a terminé l’an dernier avec 31 victoires. Il a connu de bons passages. Il est jeune, abordable, expérimenté.

Mais si Kent Hughes attend trop, cette valeur va chuter.

Et pendant ce temps, Dobeš accumule les matchs solides.