Il n’y a plus de place pour les excuses. Plus de marge pour les discours flous. Plus de patience non plus. Pour la première fois depuis son arrivée derrière le banc du Canadien de Montréal, Martin St-Louis fait face à une pression ouverte, publique, et sans pitié… provenant de son propre patron : Geoff Molson.
Et ce n’est pas un hasard. Le discours de Molson, livré au tournoi de golf annuel du Tricolore, sonnait comme un avertissement en règle :
« Si on réussit à aller plus loin que l’an dernier, ce serait bien. Sinon, il faudra se regarder dans le miroir. »
Ces mots résonnent comme une menace à peine voilée. Parce que dans le contexte montréalais, « se regarder dans le miroir » signifie rarement un simple bilan de fin de saison. Cela veut souvent dire coupure, changement, congédiement.
Depuis trois ans, Molson s’était fait discret. Il répétait que la reconstruction demandait du temps, qu’il faisait confiance au « plan », et laissait Kent Hughes et Jeff Gorton naviguer les eaux troubles. Mais à l’aube de la saison 2025-2026, le ton a changé. Radicalement.
« Après trois ans, on est rendu à un point où on sera une bonne équipe pendant plusieurs années. C’est ma priorité. »
La reconstruction est terminée. Le Canadien ne peut plus se cacher derrière la jeunesse, les blessures ou les séquences d’apprentissage. Il doit livrer. Immédiatement.
Et pour cela, Martin St-Louis est maintenant sous contrat à 5 millions de dollars par année, jusqu’en 2027. L’ère des excuses est révolue.
Quand il gagnait 3 M$ et qu’il faisait « progresser le groupe », il bénéficiait d’un certain coussin. Mais aujourd’hui, il est payé comme un entraîneur d’élite. Il doit livrer comme un entraîneur d’élite.
La réponse de St-Louis?
"L’équipe est plus jeune cette saison mais le noyau a une année de plus d’expérience, et ça c’est plus important."
Déjà une excuse... semi-voilée...
Comme s'il voulait répondre à son propriétaire et lui dire: "Calme-toi le pompon, on n'est pas encore prêt."
Si Molson a allumé la mèche, Kent Hughes et Jeff Gorton ont enflammé le baril de poudre.
« C’est l’équipe la plus talentueuse depuis que je suis ici », a déclaré Hughes.
« Nous voulons aller de l’avant. Pouvons-nous continuer à bâtir là-dessus? », a ajouté Gorton, le VP des opérations hockey.
Ils savent qu’ils ont offert à Martin St-Louis un alignement compétitif, profond, et mieux structuré que jamais :
Noah Dobson en défense, payé et échangé comme une pierre angulaire.
Zachary Bolduc dans le top 9.
Une saison complète d’Ivan Demidov.
Un calendrier allégé et moins de voyagement, grâce à l’intervention directe de Molson auprès de Gary Bettman.
L’an dernier, le CH a surpris tout le monde en accédant aux séries. Cette année, il n’est plus question de surprise. Il faut gagner. Et gagner maintenant.
Un calendrier favorable… donc plus d’excuses...
L’un des reproches de Martin St-Louis l’an dernier concernait les voyages éreintants de l’équipe. Il n’en a jamais fait une excuse officielle, mais il revenait souvent à la charge dans ses conférences de presse, glissant que « c’était difficile » ou que « ça pesait sur les gars ».
Molson l’a entendu. Bettman l’a compris. Résultat?
Seulement 16 voyages cette saison (la moyenne est de 16,8).
35 056,9 milles parcourus, soit 27e sur 32 dans la LNH.
26 fuseaux horaires traversés, bien en dessous de la moyenne de 32.
Bref, Martin St-Louis a le luxe d’un calendrier presque parfait. Et ce, grâce à son propriétaire. Il n’aura donc aucun droit à l’erreur.
Une équipe plus mature, un vestiaire prêt… et St-Louis sous la loupe...
Les vétérans comme Alexandre Carrier l’ont dit :
« Les attentes ne sont plus les mêmes. Les équipes adverses seront prêtes à nous affronter. »
Le CH a changé de statut. Il n’est plus un club en apprentissage. Il est une équipe à battre. Et c’est à Martin St-Louis de leur faire assumer cette identité. De passer d’inspirateur à stratège. D’être plus qu’un motivateur.
Les erreurs de gestion, comme écarter Demidov des fusillades, brasser les trios de façon erratique, ou protéger certains jeunes à l’excès, ne seront plus tolérées. La direction veut des résultats. Les partisans aussi.
C'est la saison du tout ou rien pour Martin St-Louis.
Avec son contrat de 5 M$ par année qui court jusqu’en 2027, le coach joue très gros cette année.
S’il amène le CH à un deuxième tour des séries, il sera célébré.
S’il échoue à retourner en séries, le couperet ne va pas tomber tout de suite, mais son poste sera en danger pour 2026-2027.
N'oublions pas, le contrat de St-Louis se termine à l'été 2027. Il doit prouver qu'il peut gagner... pas seulement enseigner...
Et il le sait. Car les signaux sont clairs :
Molson a affirmé : « Sinon, il faudra se regarder dans le miroir. »
Kent Hughes a mis la barre très haute : « L’équipe la plus talentueuse. »
Gorton parle déjà du futur à long terme… avec ou sans Martin St-Louis?
On ne peut ignorer un élément personnel crucial : Martin St-Louis est seul à Montréal. Depuis l’accident crânien de son fils Mason, sa famille est restée au Connecticut. Sa femme, Heather, ne le rejoindra qu’en 2027. Cela fait trois ans que Martin vit en solitaire, sous les feux de la rampe.
Ce contexte émotif, combiné à la pression gigantesque de performer dans un marché comme Montréal, peut éroder les nerfs de n’importe qui. Et cette année, il devra le faire avec l’étiquette d’un entraîneur millionnaire, à qui on n’accorde plus de passe-droit.
Et si le début de saison est difficile?
Un mauvais mois d’octobre, un départ de 3-7, et le tsunami médiatique se déchaînera. La presse, les fans, les talk-shows, les rumeurs de remplaçants : tout s’activera.
Et ce ne sera pas injuste. Parce que l’équipe est prête.
Parce que le CH vise la Coupe Stanley en 2027, comme l’a écrit Réjean Tremblay.
Parce que même l’intelligence artificielle ChatGPT projette le CH champion cette année-là.
Mais pour y arriver, Martin St-Louis doit survivre à 2025-2026.
Et pour survivre, il doit gagner. Immédiatement.
En affirmant que « sinon, il faudra se regarder dans le miroir », Molson a lancé un message dur et cruel.
Car ce miroir ne sera pas tourné vers lui.
Il sera braqué sur Martin St-Louis.
Et à Montréal, ce genre de reflet… peut te brûler aussitôt...