L'élastique vient de se briser.
Derrière l’image de redresseur de torts que Patrick Roy s’est forgée depuis son retour dans la LNH avec les Islanders de New York, se cache un climat toxique, une fracture dans le vestiaire, et une gestion humaine qui fait grincer les dents jusque dans les médias new-yorkais.
Et la victime collatérale de cette dérive autoritaire se nomme Anthony Duclair. L’ailier québécois, recruté avec enthousiasme il y a quelques mois, a été publiquement cloué publiquement par son entraîneur après une série de défaites humiliantes.
Le joueur est tellement affecté mentalement qu'il a décidé de quitter l'équipe, ce qui a créé un véritable tremblement médiatique chez les Islanders.
Un départ lourd de sens.
Car le plus alarmant dans cette saga n’est pas uniquement la sortie de route verbale de Patrick Roy : c’est ce qu’elle a provoqué.
Car Anthony Duclair a été enfoncé humainement et mentalement. En pleine lutte pour une place en séries éliminatoires, dans un moment crucial de la saison, un vétéran respecté, connu pour son courage et sa combativité, a décidé de claquer la porte.
Ce n’est pas un simple désaccord. Ce n’est pas un joueur frustré qui réclame une transaction. C’est un homme atteint dans sa dignité, profondément blessé par les propos de son entraîneur, et qui a choisi de s’éloigner de ce climat devenu, pour lui, invivable.
Et il faut appeler les choses par leur nom : on parle ici d’une possible détresse psychologique. Duclair, qui a traversé bien des épreuves dans sa carrière, n’est pas du genre à abandonner.
Pour qu’il prenne une telle décision, c’est que la relation avec Patrick Roy était brisée au plus profond. Aucun pont n’a été gardé. Aucune tentative de réconciliation ne semble avoir été faite. C’est l’abandon total, autant de la part du joueur que de l’organisation.
Pour plusieurs observateurs, ce départ n’est pas anodin. Il symbolise l’effondrement de l’autorité morale de Patrick Roy dans ce vestiaire.
Et surtout, il soulève des questions urgentes sur la capacité du coach à gérer les aspects humains du sport professionnel. Parce que Duclair n’est pas un cas isolé. Il est simplement celui qui, cette fois, n’a plus voulu encaisser en silence.
Et pour plusieurs journalistes, dirigeants et partisans, cette saga marque officiellement le début de la fin pour Patrick Roy.
Tout a basculé après une sixième défaite de suite des Islanders. Dans un point de presse qui avait des allures de règlement de comptes personnel, Roy a littéralement sacrifié Duclair au nom de sa frustration personnelle.
Le traitant de joueur “épouvantable”, mettant en doute son implication et sa volonté, l’ancien gardien a relancé un cycle que plusieurs à Montréal et à Québec connaissent trop bien : celui de l’homme fort qui ne recule jamais, quitte à écraser un joueur vulnérable au passage.
Mais cette fois, l’effet boomerang est violent. Car les joueurs des Islanders, à l’interne, ont pris fait et cause pour Duclair
.Ils n’ont pas accepté la sortie publique de Roy. Ils n’ont pas digéré l’humiliation infligée à un coéquipier qui, rappelons-le, a traversé de nombreuses épreuves physiques cette saison, incluant une blessure sérieuse qui a freiné son élan en octobre.
Roy, fidèle à lui-même, a choisi d’ignorer le contexte, préférant le fouet au dialogue. Résultat ? Le vestiaire est divisé. Et Patrick Roy est plus isolé que jamais.
Le New York Post, par la voix du journaliste Ethan Sears, n’y va pas par quatre chemins : Roy est sur un siège éjectable.
Selon les informations rapportées, Lou Lamoriello, président des opérations hockey, serait au bout du rouleau.
Le vernis a craqué entre les deux hommes. Ce n’est plus une question de performances ou de résultats : c’est une question de style de leadership, et Roy n’a visiblement pas compris qu’il ne pouvait plus diriger une équipe de la LNH comme s’il menait les Remparts de Québec.
Cette fois, le dictateur est de retour. Et les médias américains le voient. L’époque où Roy était une curiosité médiatique ou un bon showman est révolue.
Aujourd’hui, on le décrit comme un homme déconnecté, brutal, et insensible. Et dans un vestiaire aussi fragile, où les résultats sont décevants et les attentes élevées, il n’y a plus de place pour un tyran de banc.
La situation est d’autant plus grave que la santé mentale d’Anthony Duclair devient un sujet tabou dans cette affaire.
Plusieurs observateurs bien informés croient qu’il aurait préféré une gestion plus humaine, plus respectueuse, de son retour au jeu.
Ce qu’il a reçu, c’est l’équivalent d’un coup de pied en plein visage devant les caméras. Une exposition brutale, qui a peut-être réveillé de vieilles blessures.
Et Roy ? Il a tourné le dos, sans empathie, fidèle à son image de coach qui prône l’autorité avant la compassion.
C’est cette rigidité qui risque de lui coûter son poste cet été. Parce que le traitement réservé à Duclair n’est pas un incident isolé.
C’est la cerise sur le sundae d’une saison dysfonctionnelle, marquée par des décisions douteuses, des relations glaciales avec certains cadres de l’équipe, et une incapacité chronique à s’adapter à la réalité moderne de la LNH.
Les jeunes joueurs ne veulent plus de ce style. Les vétérans sont fatigués. Et Lamoriello, même s’il est lui-même reconnu pour être impitoyable, commence à voir en Roy un obstacle au développement de son club.
Le timing est d’autant plus cruel que Roy s’était imposé comme une solution de transition. Un mentor, un homme d’expérience, capable de raviver une équipe en panne d’identité.
Mais au lieu de rassembler, Roy a divisé. Au lieu de motiver, il a écrasé. Et maintenant que la poussière retombe, les partisans constatent qu’il ne reste plus rien du mirage initial.
Ce qui choque le plus, c’est l’absence totale d’autocritique de la part de Roy. Il n’a jamais cherché à désamorcer la bombe qu’il a lui-même lancée.
Au contraire, il a continué d’alimenter la controverse, comme s’il voulait forcer la direction à trancher. Et le pire, c’est que ce genre de sortie s’inscrit dans un pattern bien connu de ceux qui ont travaillé avec lui.
À Québec, plusieurs anciens joueurs parlent encore des colères incontrôlables, des discours démoralisants, des décisions irréfléchies. La LNH a peut-être oublié, mais Roy, lui, n’a jamais changé.
À New York, le ton a changé. Ce ne sont plus des journalistes québécois qui analysent son comportement avec indulgence.
Ce sont des journalistes new-yorkais, lucides, mordants, et sans attache émotionnelle avec la légende. Et ce qu’ils voient, ce n’est pas un coach charismatique ou intense.
Ce qu’ils voient, c’est un intimidateur qui ne sait pas gérer la pression autrement qu’en pointant du doigt les autres.
Et pendant ce temps, Duclair quitte l’équipe. Écarté, brisé, abandonné par son coach. Il était censé faire partie de la solution. Il est devenu, malgré lui, le symbole du naufrage. Et son départ pourrait bien précipiter celui de Roy.
Car cette fois, il n’y aura pas de retour en arrière. Lou Lamoriello n’est pas un homme qui tolère les conflits internes prolongés.
S’il sent que Roy a perdu son vestiaire — ce qui semble être le cas — il n’hésitera pas. Il n’a jamais hésité. Et Roy, aussi légendaire soit-il, n’est pas plus grand que l’organisation.
On assiste donc, sous nos yeux, à la lente chute d’un monument. Une chute évitable, mais inévitable. Le début de la fin.
Et dans ce désastre, il n’y aura ni héros, ni excuses. Il y aura simplement des victimes, des fractures, et un nom de plus sur la liste des entraîneurs que la LNH a laissés derrière pour de bon.