Congédiement chez les Flyers: Daniel Brière envoyé sous l'autobus

Congédiement chez les Flyers: Daniel Brière envoyé sous l'autobus

Par David Garel le 2025-03-26

Les Flyers de Philadelphie vivent un naufrage absolu. Une saison qui devait être celle de la progression s’est transformée en farce tragique.

Une humiliation de 7 à 2 contre les Maple Leafs de Toronto, lundi soir, a été la goutte qui a fait déborder le vase. Ce qu’on croyait être une mauvaise passe est devenu une crise à ciel ouvert.

L’équipe ne fait que perdre, perdre, et encore perdre. Et au cœur de cette débâcle, deux hommes que tout oppose : Daniel Brièreet John Tortorella.

Le malaise n’est plus caché. Il est désormais exposé au grand jour. Après la défaite, Tortorella a lancé une véritable bombe en conférence de presse, en assumant la faute, mais dans un message qui visait clairement son directeur général.

@jeff.skversky

Flyers John Tortorella Blames Himself for Embarrassing Toronto Loss: 'I’m not interested'

♬ original sound - Jeff Skversky

« Cette situation est de ma faute. Je ne suis pas vraiment intéressé à apprendre comment entraîner dans une saison comme celle que nous vivons en ce moment, mais je dois faire un meilleur travail.

C’est donc ma responsabilité de préparer cette équipe à jouer de la bonne façon jusqu’à la fin. »

Autrement dit : “Je n’ai plus envie de coacher ce type d’équipe.” 

Tortorella a avoué sa démotivation, ce qui est rare dans son discours habituellement guerrier. Mais surtout, il a laissé entendre qu’il en avait assez d’entraîner une formation de bas de classement, une équipe en reconstruction.

Un message adressé sans équivoque à Daniel Brière, responsable de la composition de cette équipe.

Et pourtant, Tortorella savait très bien ce qu’il signait. Lorsqu’il a accepté de prendre les rênes des Flyers, il était parfaitement conscient que le club était en transition, qu’il n’y aurait pas de miracles à court terme.

Aujourd’hui, il rejette cette réalité, ajoutant de l’huile sur le feu dans le conflit grandissant avec Brière.

Les Flyers sont désormais l’une des pires équipes du circuit Bettman. Ils s’enfoncent au classement avec une constance désarmante.

Leur jeu est désorganisé, sans identité, sans direction. Le vestiaire est brisé, les vétérans semblent résignés, les jeunes sont déboussolés. L’entraîneur n’a plus envie, et le directeur général n’a plus de contrôle.

Le plus inquiétant, c’est que ce désordre était prévisible. Les décisions douteuses de Brière ont contribué à cette descente aux enfers :

L’échange désastreux envoyant Morgan Frost et Joel Farabee à Calgary contre Jakob Pelletier et Andrei Kuzmenko ;

Le sabotage complet de Pelletier, mis de côté par Tortorella dès son arrivée ;

La gestion catastrophique de Matvei Michkov, talent générationnel qu’on enterre à petit feu ;

La communication inexistante entre l’entraîneur et le directeur général.

Tout cela a mené à l’effondrement actuel. Et pendant que Brière tente de justifier l’injustifiable, Tortorella claque la porte émotionnellement, à dix matchs de la fin de la saison.

Ce que John Tortorella a fait après la défaite contre Toronto, c’est un rejet en règle de la direction de l’équipe. Il s’est désolidarisé du projet.

Il a dit haut et fort qu’il n’en pouvait plus de coacher ce groupe, qu’il n’avait plus la motivation pour ce genre de saison, qu’il n’avait pas envie d’apprendre à travailler dans ces conditions.

C’est un aveu brutal, mais aussi une attaque directe contre Brière, responsable du recrutement, du vestiaire, des signatures, et des décisions structurantes. Tortorella sait qu’il partira. C’était un message de rupture.

Ce n’est pas un hasard si les rumeurs d’un congédiement de Tortorella cet été circulent déjà partout à Philadelphie. Les journalistes le répètent en boucle : il n’y a plus de retour possible.

Le respect est brisé. La collaboration est morte. Et la reconstruction n’est plus qu’un mot vide de sens.

Daniel Brière croyait pouvoir construire une équipe à son image, patiemment, en accumulant des choix, en intégrant des jeunes, en misant sur l’avenir.

Mais dans les faits, il s’est entouré d’un entraîneur qui refuse de collaborer.

Tortorella, lui, veut gagner maintenant. Il veut des guerriers. Il veut imposer sa loi, peu importe la stratégie de son DG. Résultat? Les jeunes sont brûlés, les décisions de Brière sont sabotées, et personne ne sort gagnant.

Jakob Pelletier? Enterré.

Matvei Michkov? Cassé.

Kuzmenko? Invisible, puis échangé à Los Angeles.

Le vestiaire? En ruines.

Les résultats? Catastrophiques.

Pendant que Brière parle de « flexibilité salariale » et de « développement à long terme », Tortorella insulte ouvertement le projet.

Il dit qu’il n’a pas envie d’être là, qu’il ne veut pas apprendre à composer avec la reconstruction. Mais ce projet, c’est celui de Brière. C’est la vision qu’il tente désespérément de défendre.

Tout indique que John Tortorella ne reviendra pas l’an prochain. Ses déclarations, sa posture, son désengagement : tout laisse croire qu’il sait lui-même que la fin approche.

Et il est temps. Philadelphie ne peut pas continuer avec un entraîneur qui méprise le processus, qui rejette les jeunes, qui frustre ses dirigeants, et qui n’a plus envie de se battre.

Daniel Brière doit trancher. Et il doit le faire rapidement, avant que le peu de crédibilité qu’il lui reste ne s’effondre à son tour. Il a fait des erreurs, certes. I

l a commis des bourdes. Mais aujourd’hui, il doit au moins reprendre le contrôle de son organisation. Il doit envoyer un signal clair aux partisans : la reconstruction sera menée avec cohérence et respect. Et cela commence par écarter l’obstacle numéro un : John Tortorella.

La défaite contre Toronto n’est pas seulement une autre raclée. C’est le moment où tout s’est écroulé. C’est le moment où le divorce entre le DG et l’entraîneur a éclaté au grand jour. C’est le moment où les Flyers ont touché le fond.

Il ne reste qu’une voie possible : tourner la page. Et celle de Tortorella est déjà écrite.

Ce qui rend la crise des Flyers encore plus explosive, c’est que Daniel Brière est en train de perdre le contrôle non seulement du vestiaire, mais aussi de sa propre réputation.

L’ancienne coqueluche locale, portée aux nues pour avoir « osé » repêcher Matvei Michkov en 2023, se retrouve aujourd’hui dans le collimateur des partisans, des journalistes et de plusieurs observateurs de la LNH.

Car il faut le dire franchement : la gestion sportive de Brière est truffée de décisions incompréhensibles, voire désastreuses.

Et c’est là où John Tortorella devient un écran de fumée parfait. En volant toute l’attention médiatique avec ses sorties incendiaires, en braquant les projecteurs sur son refus de coopérer, il détourne momentanément la colère populaire dirigée vers Brière.

Mais cette illusion ne durera pas éternellement. Car les erreurs du jeune directeur général sont trop nombreuses et trop graves pour être oubliées.

La plus marquante d’entre elles reste le vol que Brière a subi dans l’échange de Cutter Gauthier, l’un des meilleurs espoirs offensifs des Flyers.

En retour, il a obtenu Jamie Drysdale, un défenseur fragile, souvent blessé, au développement stagné, et un simple choix de deuxième ronde.

Gauthier, lui, fera des ravages sous d’autres cieux, pendant que Drysdale peine à enchaîner deux bons matchs d’affilée sans retourner à l’infirmerie ou faire de graves erreurs.

Pire encore, cette transaction a directement influencé la décision de Brière au repêchage de 2024, lorsqu’il avait l’occasion de se racheter.

À Vegas, au 12e rang, il tenait entre ses mains un bijou défensif : Zeev Buium. Tous les experts, ou presque, le considéraient comme le meilleur défenseur de la cuvée.

Talent, vision, mobilité, instinct offensif, maturité… Buium avait tout pour devenir un leader défensif d’une organisation.

Mais au lieu de le sélectionner, Brière a décidé de descendre d’un rang pour obtenir un choix de troisième tour en 2025, laissant le Wild du Minnesota repêcher Buium sans hésitation.

Ce choix de recul n’a rapporté que des miettes : les Flyers ont ensuite repêché Jett Luchanko, un centre rapide, certes, mais classé en fin de premier tour par plusieurs recruteurs.

Le verdict des partisans a été immédiat : Brière venait de rater une occasion en or de stabiliser la défensive de l’avenir. Le plus ridicule? C’est qu’il a justifié sa décision en disant que Buium était trop petit, parce que l’équipe comptait déjà sur Cam York, Jamie Drysdale et Emil Andrae, tous de petit gabarit.

Une explication qui n’a convaincu personne. Pourquoi ne pas repêcher le meilleur joueur disponible et échanger ensuite l’un de ceux qui sont inférieurs à Buium?

Ce type de raisonnement illogique s’ajoute à une longue liste de décisions douteuses.

On pourrait aussi revenir sur l’échange de Farabee et Frost, deux jeunes joueurs talentueux que Tortorella ne voulait pas, mais qui possédaient encore une grande valeur sur le marché.

Brière les a sacrifiés pour Pelletier, malmené par Tortorella, et Kuzmenko, un ailier inconstant qui quittera probablement dès cet été.

Il a prétendu vouloir libérer de l’espace sur la masse salariale pour signer un gros centre. Mais quels centres seront disponibles? John Tavares? Michael Granlund? Des joueurs âgés, usés, loin du profil rêvé pour une reconstruction.

Derrière cette avalanche d’erreurs, la stratégie de Brière semble improvisée, instable, presque erratique. Il agit à l’aveugle, en espérant que ses décisions finissent par produire des résultats.

Or, ce n’est pas ainsi qu’on mène une reconstruction dans une ville comme Philadelphie, où la patience est rare et la pression constante.

Et pendant que les médias commencent à poser les vraies questions sur la compétence de Brière, Tortorella devient le parfait bouclier humain.

Il prend toute la chaleur. Il attire les critiques. Il canalise la colère. À court terme, c’est exactement ce dont Brière a besoin : un coach autoritaire, controversé, détesté du vestiaire et des journalistes.

Car au fond, Tortorella est en train de se brûler publiquement, et son renvoi est déjà vu comme une évidence pour cet été.

Mais une fois que Tortorella ne sera plus là, plus personne ne pourra détourner l’attention des erreurs du DG. Le feu, aujourd’hui dirigé vers le banc, se tournera vers le bureau.

C’est là que Daniel Brière jouera sa survie.

Alors oui, le congédiement de Tortorella est inévitable. Mais il ne sauvera Brière que temporairement. Car au fond, cette crise dépasse l’attitude d’un entraîneur dépassé par les événements. 

Elle révèle l’incapacité de toute une direction à construire une équipe cohérente, à faire les bons choix au bon moment, et à établir une vraie identité.

Brière doit maintenant prouver qu’il est plus qu’une icône locale recyclée en DG. Il doit prouver qu’il est un bâtisseur. Et s’il échoue, Philadelphie ne lui pardonnera pas.

Sa seule soution pour calmer la tempête: congédier le dinosaure Tortorella...