Congédiement au Centre Bell: cauchemar pour France Margaret Bélanger

Congédiement au Centre Bell: cauchemar pour France Margaret Bélanger

Par David Garel le 2025-03-21

C’est une décision froide, brutale, déshumanisante.

À quelques semaines des séries éliminatoires, alors que l’espoir et la fébrilité règnent chez les partisans du Canadien de Montréal, 159 hôtes et hôtesses du Centre Bell ont appris qu’ils seront remerciés le 30 juin prochain.

Pas remerciés avec chaleur. Pas avec reconnaissance. Congédiés. Point final.

Ces hommes et ces femmes, qui accueillaient les clients dans les loges VIP du Centre Bell, ne sont pas que des visages souriants ou des serveurs efficaces. 

Ce sont des parents. Des pères. Des mères. Des gens qui se demandent, ce matin, comment ils vont continuer à mettre du pain sur la table.

Le Groupe CH, par la voix de France-Margaret Bélanger, parle de « réorganisation des activités ». On affirme que cette décision n’a rien à voir avec les négociations syndicales en cours.

Pourtant, sur le terrain, le choc est immense. Une employée a confié qu’elle avait envie de vomir lorsqu’elle a appris la nouvelle. Et qui peut lui en vouloir?

«Je pensais que j’allais vomir. Plusieurs de mes collègues n’ont pas été capables de travailler dans leur loge après avoir appris la nouvelle»

Une autre n’a même pas pu continuer son quart de travail après l’annonce, incapable de servir des clients dans un contexte aussi lourd. On parle ici d’êtres humains, pas de chiffres dans une colonne Excel.

Certains diront : « business is business ». D’autres répondront : « l’humanité est plus importante que la business ». En ce moment, on a envie de croire que l’humanité devrait l’emporter.

Car ce n’est pas rien, ce qui se passe. Ce ne sont pas 159 postes supprimés dans un rapport annuel : ce sont 159 vies bouleversées, 159 personnes qui devront se retourner en pleine guerre tarifaire, dans un contexte économique déjà fragile.

Et tout ça pour quoi? Pour que les propriétaires de loges embauchent eux-mêmes leur personnel, ou passent par des agences privées? Pour éviter une nouvelle convention collective avec un syndicat?

L’ironie est cruelle : pendant que les partisans paient 15 $ pour une bière, 400 $ pour un billet, 43 $ pour un stationnement, le Groupe CH coupe dans ses propres ressources humaines les plus vulnérables.

Un goût amer dans la bouche.

On ne peut s’empêcher de ressentir un profond malaise. Comment justifier une telle décision, alors que les profits explosent les soirs de match? 

Le Centre Bell est l’un des amphithéâtres les plus rentables du continent. Et pourtant, on remercie sans ménagement ceux et celles qui y travaillent depuis des années.

Ce n’est pas juste une question d’emploi. C’est une question de dignité. De respect. D’éthique.

Il est temps, aujourd’hui, de penser aux familles derrière ces uniformes. Aux enfants à nourrir. Aux loyers à payer. Aux nuits blanches qui s’en viennent.

Nos pensées accompagnent chaque hôte et chaque hôtesse qui vit ce choc. Et on espère une chose : que cette décision ne sera pas oubliée, qu’elle sera dénoncée, et que, peut-être, dans un élan de décence, elle pourra un jour être corrigée.

Quelle tristesse.

Ce qui devait être, pour le Groupe CH, une « simple réorganisation interne » est rapidement devenu un cauchemar de relations publiques pour France-Margaret Bélanger.

C’est elle, la présidente Sports et divertissement du Groupe CH, qui doit défendre l’indéfendable.

C’est elle que les employés pointent du doigt. C’est elle qui est accusée d’avoir « perdu son humanité ». C’est elle qui incarne, bien malgré elle ou non, une décision perçue comme froide, insensible et calculée.

Devant les médias, Mme Bélanger a tenté de justifier la décision en expliquant que le Groupe CH avait choisi de « se recentrer sur ses activités clés » et que les propriétaires de loges allaient désormais pouvoir embaucher eux-mêmes leur personnel.

Pour ceux qui perdent leur emploi, on propose vaguement l’option de recourir à une agence privée… sans engagement, sans garantie, sans filet.

Et pendant ce temps, les 159 hôtes et hôtesses sont abandonnés en plein vol.

Le timing est d’autant plus brutal que ces employés, tous membres de la section locale 1999 des Teamsters, étaient en pleine négociation de leur convention collective. 

C’est ce que dénonce l’une des employées touchées, sous le couvert de l’anonymat :

« C’est une tactique claire pour nous affaiblir. Ils ne veulent plus négocier, alors ils nous mettent à la porte. Ils veulent passer par une agence privée pour ne plus avoir à gérer un syndicat. »

Pour France-Margaret Bélanger, ce n’est « pas du tout lié » aux négociations syndicales. Elle insiste sur le fait que les employés ont été prévenus 14 semaines à l’avance, comme si un préavis pouvait atténuer le choc de se faire congédier après des années de loyaux services.

Mais cette justification sonne faux, et dans les faits, le lien entre le licenciement massif et les négociations syndicales semble évident.

Même le syndicat s’indigne :

« On jette à la rue des gens fidèles dans un contexte d’incertitude économique. Et ce, au profit d’une logique strictement comptable », déplore la section locale des Teamsters.

En quelques heures, le climat à l’intérieur même du Centre Bell est devenu toxique. Des employés doivent continuer à servir dans les loges, le cœur gros, en sachant que leur avenir s’arrête le 30 juin.

On leur demande « professionnalisme et courtoisie », dans un courriel impersonnel du Groupe CH, alors qu’on vient de leur retirer leur gagne-pain.

L’image est désastreuse. Et au centre de tout ça : France-Margaret Bélanger, devenue malgré elle le visage d’une décision perçue comme sans cœur.

Ce n’est plus seulement une crise interne. C’est une crise humaine, et c’est aussi une crise de réputation pour une organisation qui aime pourtant se vanter d’être proche de sa communauté, de ses partisans, de ses gens.

Le silence ou le déni ne suffiront pas cette fois. Parce que derrière ces chiffres, il y a des gens qui vomissent, qui pleurent, qui ne savent pas ce que demain leur réserve.

Et pendant que l’équipe se prépare pour les séries, une autre réalité s’impose dans les coulisses : celle d’une fracture irréparable entre une direction obsédée par sauver le moindre dollar… et des travailleurs qu’on a jetés à la rue comme s’ils ne comptaient plus.