Il fallait que la tempête explose. Et c’est Elliotte Friedman qui a allumé la mèche.
Dans une intervention sobre mais dévastatrice sur les ondes de Sportsnet, le plus respecté des insiders de la LNH a envoyé valser toute l’illusion de stabilité des Maple Leafs de Toronto.
"C’est la fin d’une ère", a-t-il dit. Et pour une fois, personne n’a tenté de nier. Tout le monde à Toronto le savait : c’était écrit dans la déroute du match #7 face aux Panthers. Mais le fait que Friedman le dise, c’est comme un verdict.
Et ce verdict est clair : Brendan Shanahan doit partir.
On ne parle pas d’un simple revers. On parle d’un échec historique. Une humiliante défaite de 6 à 1, devant son propre public, dans un septième match d’une série où Toronto avait même pris l’avance 2-0.
On parle de sept matchs #7 consécutifs perdus. On parle de 57 années sans Coupe Stanley. On parle d’un "Shanaplan" devenu un mot tabou dans les couloirs du Scotiabank Arena.
Friedman a lancé la bombe. Et maintenant, la poussière doit retomber sur la tête de Shanahan.
Depuis qu’il a pris les commandes en 2014, Shanahan a vendu l’espoir. Il a promis une culture gagnante, il a bâti autour des quatre mousquetaires : Matthews, Marner, Nylander et Tavares. Mais année après année, ces stars s’éteignent en séries. Et Shanahan n’a jamais eu le courage de casser le moule.
Le moment de le faire, c’était en 2023. Marner n’avait pas encore sa clause de non-mouvement. On aurait pu bousculer le noyau.
Mais Shanahan a encore choisi la loyauté.
Aujourd’hui, le ShanaPlan est une ruine. Marner sera libre le 1er juillet. Il a refusé de négocier une prolongation, refusé de lever sa clause de non-échange pour aller en Caroline contre Mikko Rantanen.
Et il a été hué par ses propres partisans dans le dernier match. Les gens ont lancé leurs chandails sur la glace. Des casquettes. Des bannières. Marner a quitté la glace avec la mine d’un enfant brisé. Et pourtant, ce n’est pas le pire.
Le pire, c’est qu’il partira pour rien.
C’est fini. Marner ne reviendra pas dans un marché médiatique qui l’a dévoré vivant. Son nom circule à San Jose, où Mike Grier veut un visage pour sa reconstruction.
À Pittsburgh, où il pourrait rejoindre Sidney Crosby et Kyle Dubas. Et à Chicago, où Connor Bedard rêve d’un ailier de premier plan. Mais à Montréal ? Oubliez-ça. Marner ne veut plus jamais revivre la fournaise d’un marché canadien.
John Tavares, lui, veut rester. Mais pour la première fois, ce n’est plus lui qui décide. Il l’a dit.
"Je veux rester. Mais je ne contrôle plus la situation."
S’il accepte un contrat bon marché, peut-être survivra-t-il à la purge. Mais même ça reste douteux.
Pacioretty ? Probablement à la retraite. Max ne supporte plus les éloignements de sa famille, qui habite au Michigan.
Les Leafs auraient aimé le garder comme vétéran de profondeur, mais son corps dit stop selon Renaud Lavoie.
Le seul intouchable, c’est Auston Matthews. L’organisation veut tout faire pour garder Matthew Knies également. Le reste ? C’est la vente de feu.
Même Morgan Rielly, le faux défenseur numéro un, pourrait être échangé.
Et pendant ce temps, certains évoquaient Sidney Crosby comme sauveur. Mais oubliez-le. Toronto n’a aucune munition pour convaincre Pittsburgh.
Les Leafs n’ont plus d'espoir vedette, plus de premier choix cette année, et encore moins l’espace pour absorber 8,7M$. Crosby lui-même a réaffirmé vouloir rester à Pittsburgh.
La réalité, c’est qu’il faut rebâtir. Recréer une vision. Une structure. Une identité. Et ça commence par éjecter Shanahan.
Son arrogance a tout coulé. Son entêtement à protéger son noyau, à nier les évidences, à jouer à Dieu sans rendre de comptes.
Il a évincé Kyle Dubas pensant que Brad Treliving ferait mieux. Il a remplacé Sheldon Keefe par Craig Berube. Et rien n’a changé. Sans comoter tous les autres entraîneurs-chefs qui sont passés et partis comme des yoyos.
La même torpeur. La même inefficacité. La même humiliation.
Berube n’a pas fait mieux que Keefe. L’attaque des Leafs a marqué quatre petits buts lors des quatre derniers matchs. Marner a été invisible. Nylander, un fantôme. Matthews, silencieux.
C’est l’heure de virer la page.
Et si MLSE, le groupe propriétaire, a la moindre lucidité, la décision tombera rapidement. Friedman l’a dit : la semaine prochaine sera décisive. Le repêchage approche. Il faut savoir maintenant qui tient le gouvernail.
La suite ? Peut-être une nouvelle direction. Peut-être un DG externe, un visionnaire. Peut-être que même Brad Treliving partira.
Mais une chose est sûre : les jours de Brendan Shanahan à Toronto sont comptés.
Et c’est sans doute la meilleure chose qui pouvait arriver aux Maple Leafs.
Parce que pour renaître, il faut d’abord raser les ruines.
Et la plus grosse ruine, aujourd’hui, porte le nom de Brendan Shanahan.