S’il y a bien une ville où les triomphes sont de courte durée et les illusions rapidement dégonflées, c’est New York.
Et Patrick Roy, le légendaire gardien devenu entraîneur, vient de s’en rendre compte de façon brutale.
Alors que l’été semblait lui offrir sur un plateau d’argent tout ce qu’il pouvait espérer, l’éviction de Lou Lamoriello, l’arrivée de Mathieu Darche, des adjoints choisis par lui-même, et même un premier choix au total lors du repêchage, voilà que le New York Post dresse un portrait nettement plus sombre de la situation.
Dans une chronique sans pitié, le journaliste Ethan Sears affirme sans détour : Roy est certes le grand gagnant de l’été… mais aussi le grand perdant désigné si les choses tournent mal.
Bienvenue à Long Island, où les accolades se transforment rapidement en poignards dans le dos.
« À moins de déménager l’équipe à Québec, difficile d’imaginer comment les derniers mois auraient pu mieux se passer pour Roy. »
Voilà comment le Post résume le cadeau empoisonné offert à Roy par les circonstances. En surface, tout sourit à l’ancien coach des Remparts : nouveau DG compatible avec sa vision, adjoints choisis par lui, pression réduite sur le court terme, et même l’appui implicite d’une organisation en quête de stabilité.
Mais ce qui ressemble à une autoroute dégagée vers la rédemption est en réalité une voie dangereuse. Selon le Post, en gardant Roy en poste, Mathieu Darche s’est offert une clause de sortie stratégique.
En gardant Roy comme entraîneur-chef, Darche lui a offert une grande victoire. Mais il s’est aussi donné une porte de sortie si les Islanders éprouvent des difficultés cette saison :
« Je n’ai même pas encore engagé mon propre entraîneur.” »
Si les Islanders trébuchent encore, Roy portera le blâme, tout comme Lamoriello l’avait fait avant lui. Darche, lui, pourra se laver les mains de l’échec, invoquant qu’il n’a jamais choisi Roy.
Non, l’immunité montréalaise n’existe pas à New York
Le contraste est cinglant. À Montréal, Martin St-Louis semble jouir d’une immunité perpétuelle. Personne ne remet vraiment en doute sa place. Il est intouchable. On parle même à voix basse d’un contrat à vie. La presse montréalaise le défend, les fans l’adorent, et la direction ferme les yeux.
Patrick Roy, lui, est déjà sur le "hot seat". Pas dans six mois. Pas au mois de décembre. Maintenant. Il suffit d’un mauvais départ pour que la machine new-yorkaise, bien plus impitoyable que le marché québécois, se retourne contre lui.
L’article du Post est clair : Roy a hérité d’une équipe encore imparfaite. Des trous à droite en défense après le départ de Noah Dobson. Un filet sans réel deuxième gardien. Des vétérans aux genoux fragiles, comme Barzal et Duclair. Et surtout, une unité spéciale qui a viré au cauchemar sous sa gouverne.
Le New York Post est sans pitié. Il rappelle que l’avantage numérique des Islanders, qui n’était « pas si mal » sous Lane Lambert, s’est « écroulé dès la seconde où Roy a pris les commandes ».
Et que le désastre ne s’est jamais corrigé, même avec une saison complète. Que dire aussi du désastreux épisode Anthony Duclair?
Roy, incapable de moduler sa communication, a carrément poussé l’attaquant à quitter l’équipe en avril après une sortie publique ravageuse.
« Roy doit aussi réparer les pots cassés avec Anthony Duclair et changer sa façon de s’exprimer en public à propos des joueurs en difficulté. »
Cela ne veut pas dire qu’il doit cesser d’être honnête, ni qu’il doit tomber dans la langue de bois comme certains entraîneurs qui prétendent que tout va bien même quand tout va mal.
Mais il doit relaxer son ton, reconnaître les problèmes sans provoquer de crise, ou, comme ce fut le cas avec Duclair, au point de faire fuir le joueur pour le reste de la saison
Ce n’est pas un conseil. C’est un avertissement.
L’entraîneur a d’ailleurs reconnu à demi-mot son erreur en annonçant que son prochain camp miserait davantage sur les unités spéciales. Il admet avoir raté sa préparation l’an dernier.
À New York, les excuses sont des aveux. Et les aveux, une condamnation.
Pendant ce temps, Mathieu Darche observe, construit, et prépare l’avenir. Le Post souligne que le nouveau DG a non seulement mis la main sur le premier choix au total en Matthew Schaefer, mais a aussi remplacé les hommes de Lamoriello derrière le banc par des visages choisis en collaboration avec Roy : Ray Bennett et Bob Boughner. Tout cela donne l’illusion d’un coach soutenu par sa direction.
Mais en réalité, Darche a simplement dressé le théâtre de l’épreuve finale : Roy est en charge, mais sous observation. L’article le dit de manière cinglante :
« De la même façon que les critiques, la saison dernière, se dirigeaient automatiquement vers Lamoriello si les choses tournaient mal, cette fois-ci, elles tomberont sur Roy. »
Darche, fin renard, n’aura qu’à attendre. Si Roy échoue, il pourra enfin nommer « son homme ». Et personne ne pourra l’accuser d’impatience. Ce n’est pas un complot. C’est une stratégie.
On pourrait croire que Roy bénéficie d’un filet de sécurité : Schaefer est jeune, Barzal revient de blessure, et la reconstruction est amorcée.
Mais le Post brise cette illusion : l’équipe doit montrer « de sérieuses améliorations après le fiasco de l'an dernier ».
Pas d’excuse. Pas de transition molle. Les résultats doivent être là. Pas une Coupe Stanley, certes, mais au minimum une identité retrouvée, une équipe compétitive et un message cohérent.
Sinon, les projecteurs s’orienteront à nouveau vers le banc. Et ce ne sera pas pour filmer Roy en train de lever les bras au ciel.
La pression est donc immense. Et contrairement à Montréal, Roy ne peut pas compter sur une population nostalgique prête à lui pardonner.
Les journalistes new-yorkais ne se gênent pas pour rappeler que Roy n’a pas su faire mieux que Lambert, que les unités spéciales ont empiré, et que sa gestion humaine est déficiente.
À ce rythme, même si les Islanders progressent légèrement, cela pourrait ne pas suffire. Et le congédiement serait alors assuré selon le journal.
L’article termine en soulignant les incertitudes majeures de cette équipe : la santé de Duclair et Barzal, les performances du jeune Schaefer, l’absence d’un vrai plan B devant le filet. Et surtout, l’absence de Dobson en défense.
Surtout que Dobson est parti... à cause d'un conflit personnel avec Roy...
« Le côté droit de la défense va s'ennuyer de Noah Dobson comme jamais» écrit-on, en lançant une flèche déguisée à Roy, qui avait déjà une relation tendue avec le défenseur québécois.
Et si jamais Schaefer tarde à se développer? Si Barzal peine à revenir à 100 %? Si Duclair ne pardonne pas la sortie publique du printemps dernier? Roy n’aura aucun allié.
Au fond, ce que révèle l’analyse cruelle du New York Post, c’est que Patrick Roy est seul contre tous.
Il a peut-être gagné une bataille, mais il s’est retrouvé piégé dans une guerre stratégique entre l’héritage de Lamoriello et les ambitions de Darche. Il a obtenu le pouvoir… mais aussi la responsabilité.
Et pendant que Martin St-Louis à Montréal continue de bénéficier d’un bouclier d’immunité quasi divin, Patrick Roy, lui, est déjà sur la sellette.
Roy a obtenu une victoire avec le congédiement de Lou Lamoriello et l'embauche de Mathieu Darche. Mais à New York, comme le dit si bien la presse locale:
« Le problème avec ce genre de victoire, c’est qu’elle est vouée à être de courte durée. »
Patrick Roy est peut-être un monument du hockey québécois. Mais à Long Island, il est un pion dans une partie d’échecs cinglante.
Et le New York Post, sans pitié, vient de renverser l’échiquier sur la table.