C’est fou comme la vérité peut se cacher dans la normalité.
Comme si le fait de voir Mike Matheson patiner en silence, semaine après semaine, suffisait à nous faire oublier qu’il est le véritable pilier de la reconstruction du Canadien.
Un complot à ciel ouvert, orchestré par Kent Hughes lui-même, et que personne n’ose vraiment pointer du doigt.
Mais il est temps d’ouvrir les yeux.
Mike Matheson, c’est le choix personnel de Kent Hughes, son premier vrai move de DG dans la LNH.
À peine assis dans son fauteuil, Hughes a renvoyé Jeff Petry et ses caprices de vétéran en direction de Pittsburgh… et il est allé chercher un gars de Montréal, repêché en première ronde, ultra mobile, qui comprenait le marché, et surtout, pas cher.
Quatre millions huit cent mille pour un défenseur numéro un, capable de jouer plus de 25 minutes par match, de courir après Connor McDavid sans avoir l’air d’un cône orange, et de livrer une saison de 62 points, comme il l’a fait en 2023-2024.
Mais ça, personne n’en parle.
On a tellement été habitués à voir Matheson comme une béquille temporaire, un bouche-trou pour les jeunes, qu’on oublie l’essentiel : c’est lui le moteur de la machine.
Sans Matheson, Lane Hutson a l’air d’un ado fragile.
Sans Matheson, Noah Dobson pourrait virer fou avec ses séquences d’absence mentale. Sans Matheson, Kent Hughes n’a plus de filet de sécurité.
Et c’est là que ça devient croustillant.
Parce que le contrat de Mike Matheson se termine cette année. Il a 31 ans. Il n’a jamais vraiment cassé la banque. Il ne pourra pas demander 8 ou 9 millions. Il va probablement signer à 5 ou 6. Et Kent Hughes va lui donner.
Pas le choix.
Tu reconstruis pas avec que des bébés. Tu reconstruis pas avec que des espoirs. Tu reconstruis avec des gars qui savent survivre à 82 matchs, qui connaissent le vestiaire, qui protègent les kids sans qu’on leur demande, et qui représentent le logo sans jouer au héros.
Matheson, c’est ça.
On a souvent été durs avec Mike Matheson. Nous, les médias, les partisans, tout le monde.
Parce qu’on l’a vu surutilisé, brûlé, mal jumelé, parfois même envoyé à l’abattoir contre des premiers trios pendant que le reste de l’équipe apprenait à patiner.
Il a mangé des minutes de misère pendant la reconstruction, il a dû jouer sur les mauvaises chaises pendant que le CH cherchait encore son plan.
Mais aujourd’hui, dans un contexte où le noyau commence à respirer, où les jeunes poussent pour vrai, on réalise que c’est un luxe d’avoir un gars comme Mike Matheson.
Un vétéran mobile, intelligent, mature, qui n’a jamais chiâlé malgré le chaos, puis qui est encore debout. Il mérite mieux que nos critiques passées. Il mérite notre gratitude.
Et maintenant, on le place avec Noah Dobson. Un move que personne n’a vu venir au camp.
Deux défenseurs mobiles, deux gars à l’instinct offensif. Sur papier, ça fait peur.
Dans la vraie vie, ça l'a du sens. Parce que Dobson a besoin d’un guide. Quelqu’un pour le recadrer quand il panique avec la rondelle. Quelqu’un pour lui dire : « Respire. »
Et tu sais quoi? Matheson a déjà fait ce job-là avec Lane Hutson. Il peut le refaire avec Dobson.
Et ce duo permet quelque chose d’encore plus important : donner de la stabilité à toute la défensive.
Lane Hutson et Kaiden Guhle, c’est fluide.
Alexandre Carrier est capable de jouer avec n’importe quel gaucher : Struble ou Xhekaj
Et surtout : plus personne n’a besoin de surjouer.
Quand Matheson est là, tout le monde joue à sa place. Il respire la glace. Il la rend logique.
Et pour Kent Hughes, c’est vital.
C’est le seul vétéran de la ligne bleue qui est encore capable de jouer du hockey élite.
T’sais, pas juste un vieux qui gueule dans la chambre. Un vrai vétéran. Un joueur top 2. Un gars qui pourrait aller ailleurs demain matin et livrer du hockey de séries.
Mais il est ici. Il est à la maison. Et il veut rester.
Tu signes ce gars-là. Tu lui donnes trois ans. Quatre s’il le faut. Et tu bâtis autour.
Parce que tant que t’as Mike Matheson, tu peux gérer les erreurs de Hutson.
Tu peux éviter de brûler Adam Engström ou David Reinbacher trop tôt. Tu peux même, rêvons un peu, imaginer une équipe qui fait peur en relance. Une équipe où la défensive attaque.
Et ça, c’est le projet de Kent Hughes depuis le début.
Il l’a dit : il veut un club rapide, intelligent, moderne. Pas un club qui jette la rondelle et espère. Un club avec du IQ, du patin, et de la fluidité. Et qui mieux que Mike Matheson pour incarner ça?
Matheson, c’est le lien entre le passé et le futur. C’est le gars qui a vécu les années de misère, mais qui voit où ça s’en va. Il a assez de vécu pour ne pas paniquer. Et assez de talent pour le prouver sur la glace.
Alors, le complot est là. Sous nos yeux.
Kent Hughes le sait. Mike Matheson le sait. Ils se regardent dans les corridors du centre d’entraînement de Brossard, pis ils n’ont même pas besoin de se parler.
Parce qu’ils savent que la reconstruction ne peut pas se faire sans lui.
AMEN