Le rideau est levé. Les séries éliminatoires sont commencées. Et pourtant, quelque chose ne tourne pas rond.
Il y a un vide. Une absence assourdissante. Arber Xhekaj, le Shérif du Tricolore, est dans les estrades. Pour le premier match des séries. Contre Tom Wilson. Contre les Capitals de Washington. L’équipe la plus physique de l’Est. L’équipe qui cherche à faire mal.
Martin St-Louis a tranché. Il ne veut pas de Xhekaj. Pas même pour un match où tout indique que ça va brasser. Pas même pour un match où l’intimidation fera partie du plan de match adverse. C’est un message clair : Xhekaj n’a plus sa place dans cette organisation.
Et ce message, aussi silencieux soit-il, est en train de faire trembler les murs à Washington… de rire.
Les médias de Washington ne s’en cachent même plus. Ils rient de la décision. Dans le vestiaire des Capitals, les joueurs sont crampés.
On parle de véritable commotion. Pas une commotion cérébrale, non. Une commotion d’incompréhension. Une stupeur générale.
Comment le Canadien peut-il volontairement se priver de son joueur le plus intimidant, celui qui pourrait donner des sueurs froides à Tom Wilson?
Tom Wilson, justement, le sait très bien. Il a carte blanche. Il peut frapper qui il veut. Ivan Demidov? Cole Caufield? Lane Hutson?
Il peut envoyer un message à chacun d’eux. Il peut s’amuser. Il peut déranger. Il peut salir la série sans qu’aucun gant ne tombe. Parce que le seul joueur qui aurait pu lui faire face est dans les gradins.
Et Martin St-Louis le sait. Il le sait très bien. Il a pris cette décision en pleine conscience. Il ne veut pas d’Arber Xhekaj. Il pense qu’il est un boulet. Qu’il est indiscipliné. Qu’il coûte des buts.
Et peut-être que sur certains plans, il a raison. Mais il oublie une chose : les séries éliminatoires, c’est aussi une guerre. Et il vient de désarmer son armée.
Ce n’est pas nouveau. Martin St-Louis est un homme de principes. Il valorise la constance, la discipline, le jeu d’équipe.
Il déteste les distractions, les initiatives personnelles, les individualités qui prennent trop de place. Il déteste les surnoms. Il déteste le marketing. Il a horreur des symboles qui prennent plus de place que la structure.
Et dans cette logique, Xhekaj a toujours été un problème. Dès le début.
Le surnom de “Shérif”, il n’en voulait pas. Il a même demandé à ce qu’il ne soit plus utilisé dans le vestiaire. Il voulait que Xhekaj ne soit pas vu comme une mascotte ou une bête de foire. Il ne tolérait pas qu’un joueur devienne une image publique avant d’être un soldat silencieux du système.
Et pourtant, tout le monde savait que Xhekaj avait un rôle. Une utilité. Une présence. Mais ce rôle, St-Louis ne le valorisait pas. Il l’a toujours vu comme une anomalie dans son plan de jeu. Et aujourd’hui, ce plan est en train de lui exploser au visage.
En choisissant de laisser Xhekaj de côté, Martin St-Louis a décidé de miser sur d’autres soldats. David Savard, par exemple. Un vétéran irréprochable. Un homme respecté. Mais soyons sérieux : est-ce que David Savard va protéger Ivan Demidov ce soir?
Absolument pas.
Il est à bout de souffle. Il traîne la patte. Il est à deux doigts de la retraite. Il ne suit plus personne en contre-attaque. Il ne jette plus les gants. Il ne fait peur à personne. Et il sera sur la glace quand Tom Wilson décidera de faire sentir son épaule dans la cage thoracique de Lane Hutson.
Le reste de la brigade défensive? Jayden Struble, solide, mais inexpérimenté. Kaiden Guhle, un chouchou de St-Louis, mais qui vient de coûter un match au CH contre Chicago. Mike Matheson? Un artiste de la relance. Pas un bagarreur.
Non. Il n’y a personne d’autre. Et c’est ça qui rend cette décision si catastrophique. Le Canadien entre dans les séries sans muscle. Sans menace. Sans réponse.
Ce qui semblait un pilier d’intimidation et de cohésion dans le vestiaire du Canadien de Montréal n’est plus qu’un souvenir.
Arber Xhekaj, le Shérif, est désormais un fantôme dans son propre royaume. Son absence des séries n’est pas seulement une décision tactique : c’est un effondrement symbolique. Le mur de béton qu’il représentait vient de s’écrouler, et tout le monde dans la chambre le ressent.
Le pire? Tout le monde le sait.
Ce qui rend la chose encore plus humiliante pour Xhekaj, c’est que tout le monde sait qu’il aurait dû jouer. Les fans. Les analystes. Même certains coéquipiers, à voix basse, trouvent ça difficile.
Parce que ce n’est pas seulement une question de hockey. C’est une question d’attitude. De respect. De code non écrit.
On ne laisse pas son guerrier dans les gradins lors d’une guerre. On ne laisse pas son shérif regarder les hors-la-loi semer la terreur sans lever le petit doigt.
Même les médias de Washington ne comprennent pas. Et ils sont contents. Parce que pour eux, c’est clair : Montréal est prenable. Il suffit de les frapper. De les casser mentalement. Et tout s’écroulera.
Pendant ce temps, Arber Xhekaj est brisé en mille morceaux
On dit qu’il faut avoir du caractère pour être un joueur de la LNH. Arber Xhekaj en a. Trop, peut-être, pour Martin St-Louis. Il a du cœur. De la fierté. De l’orgueil. Et cette mise à l’écart en séries éliminatoires, il la vit comme une trahison.
Il ne le dira pas devant les caméras. Mais son silence est éloquent. Il refuse de parler aux médias. Il ne cache plus sa frustration. Il a le regard éteint. Le cœur brisé.
Car il sait. Il sait que cette fois, c’est définitif. Il ne jouera pas. Même si le Canadien se fait malmener. Même si les blessures s’accumulent. Même si la série tourne au cauchemar.
Il n’est plus dans les plans.
Et il sait aussi que l’été s’annonce lourd. Que son nom circule déjà dans les rumeurs. Que les Flyers de Philadelphie le veulent. Que Kent Hughes étudiera toutes les options. Parce qu’un joueur inutilisé en séries, c’est un joueur de trop. Et dans le système de St-Louis, Xhekaj est un déchet.
Martin St-Louis est un entraîneur respecté. Il a ramené la fierté à Montréal. Il a remis cette équipe sur les rails. Mais il a ses angles morts. Et son entêtement envers Xhekaj pourrait bien être le début d’une tempête.
Ce soir, tout va se jouer.
Si le Canadien se fait brasser. Si Demidov se fait frapper. Si l’équipe perd le contrôle. Il ne pourra pas dire qu’il ne savait pas.
Il ne pourra pas dire qu’il n’avait pas les moyens de répondre.
Il avait un shérif. Il l’a gardé en prison.
Et maintenant, que va-t-il faire?
Il est peut-être trop tard. Mais une chose est certaine : Martin St-Louis joue gros. Son message est clair. Il veut des soldats du système. Des soldats silencieux. Des soldats sans ego. Xhekaj n’en est pas un.
Mais à trop vouloir imposer son autorité, il risque de perdre la guerre.
Et ce soir, c’est le genre de match qui peut marquer une carrière.
Et peut-être briser celle d’un coach.