Commotion au Québec: Maripier Morin brise le silence sur Sébastien Delorme

Commotion au Québec: Maripier Morin brise le silence sur Sébastien Delorme

Par David Garel le 2025-09-12

Il y a quelque chose de profondément troublant dans ce qui arrive actuellement à Sébastien Delorme.

L’acteur de 54 ans, respecté et aimé depuis des décennies par le public québécois, traverse exactement la même tempête médiatique que Maripier Morin avait affrontée il y a quelques années à Montréal.

Une tempête qui n’est pas liée à un rôle mal interprété ou à un faux pas professionnel, mais à ce qui devrait être le plus intime : sa vie amoureuse.

Depuis qu’il a officialisé sa relation avec Virginie Bruneau, une jeune femme de 25 ans, les réseaux sociaux se sont transformés en véritable peloton d’exécution.

Un lieu où l’on se permet de juger, d’insulter et d’humilier sans filtre, sous prétexte que la différence d’âge serait “immorale” ou “bizarre”.

Delorme et sa conjointe en font les frais quotidiennement, bombardés de commentaires haineux et méprisants.

Les exemples parlent d’eux-mêmes. Sur Instagram, Facebook et X, on traite Delorme de “déviant”, on compare Virginie Bruneau à une “poupée gonflable”, on leur dit que leur couple “n’a pas d’allure”.

Certains se permettent même des allusions d’une vulgarité inqualifiable, comme si insulter publiquement une femme qu’ils ne connaissent pas devenait un sport national.

Virginie Bruneau, pour dénoncer cette haine, a publié plusieurs captures d’écran des messages les plus blessants.

Après plusieurs jours à encaisser en silence, ellea décidé de prendre la parole. Et pas timidement : de manière frontale, percutante, en publiant une série de stories Instagram que son amoureux a immédiatement relayées pour lui témoigner son soutien inconditionnel.

Ce qui choque et attriste le plus la jeune femme de 25 ans, ce n’est pas tant l’existence des critiques, elle reconnaît que son écart d’âge de 30 ans avec Delorme puisse étonner ou déranger certains, mais la source principale des attaques. Selon elle, la majorité des commentaires les plus violents proviennent… de femmes.

« On parle souvent de solidarité féminine… mais dès qu’une femme est heureuse, amoureuse ou simplement différente, il y en a toujours d’autres pour tenter de la rabaisser », écrit-elle.

« On a tous le droit de ne pas être en accord. Mais il y a une grande différence entre exprimer une opinion et attaquer une personne. Parce qu’au bout de l’écran, il y a un être humain. »

Dans un passage particulièrement fort, Virginie met en garde sur les effets de ce type d’intimidation.

« Pour certaines personnes, ce genre de vague de haine peut mener au pire… jusqu’au suicide. Tout le monde n’a pas la même solidité intérieure pour encaisser ce genre d’attaques. »

Virginie refuse de minimiser ce qu’elle vit. Pour elle, il ne s’agit pas de “critiques”, mais bien de violence verbale.

« On appelle ça de la “critique”. Mais ce n’en est pas.

C’est de la haine. C’est de l’intimidation. Et ça laisse des traces. »

« Est-ce que ça vous rend vraiment plus heureux d’avoir garroché votre haine sur quelqu’un d’autre? »

« Les mots ne sont jamais innocents. Derrière chaque commentaire, il y a un être humain. Et parfois, ce que vous laissez en mots, d’autres le portent en blessures. »

Difficile de ne pas rester bouche bée devant tant de méchanceté. Derrière l’anonymat ou la lâcheté d’un écran, des inconnus vomissent leur frustration et leur jalousie, croyant avoir le droit de salir gratuitement le bonheur d’autrui.

Cette avalanche de haine rappelle étrangement ce que Maripier Morin avait elle-même vécu à Montréal. À l’époque, l’animatrice et actrice avait reconnu que sa véritable dépendance n’était pas tant à l’alcool ou aux drogues qu’aux réseaux sociaux.

« Je dépendais entièrement de l’amour des autres », a-t-elle confié dans une entrevue. Son parcours de désintoxication en 2020 a révélé à quel point l’opinion numérique pouvait détruire une personne de l’intérieur.

Ses années hypermédiatisées avec Brandon Prust, ex-joueur du Canadien, l'ont coulée. Leur couple a été disséqué en temps réel : tapis rouge, émissions, tabloïds, scandales, chicanes…où chaque photo devenait prétexte à un drame national.

Voilà pourquoi Maripier a décidé de prendre publiquement la défense de Virginie Bruneau.

« J’ai pas l’impression que c’est un nouveau phénomène ou une nouvelle tendance. C’est juste que malheureusement, maintenant, on a des plateformes pour le faire. »

Elle rappelle que les petites mesquineries, les jalousies et les critiques ont toujours existé, que ce soit dans les partys de famille, « des tantes qui b**chent sur une autre tante », ou dans les cours d’école.

La seule différence aujourd’hui, c’est la vitrine numérique qui donne une visibilité planétaire à des comportements qui, autrefois, restaient dans l’ombre.

« Souvent, c’est qu’on est confronté à quelque chose de nous. L’effet du miroir, parfois, il est dérangeant. »

Elle donne un exemple concret : une femme qui se fait quitter par son mari pour une plus jeune pourrait réagir avec colère et mépris envers Virginie Bruneau, non pas parce qu’elle la connaît ou qu’elle a réellement quelque chose à lui reprocher, mais parce qu’elle ravive une blessure intime. C’est cette douleur personnelle, non réglée, qui se transpose en insultes violentes.

Maripier ne cache pas son admiration pour la façon dont Virginie Bruneau a décidé de répondre à la haine.

« Je trouve qu’elle a bien fait. À un moment donné, il y a des limites. Il faut qu’on les mette les limites par rapport à la violence et la méchanceté qui se fait sur les réseaux sociaux. Je trouve qu’elle a mis son pied à terre. Oui, c’est audacieux, mais c’est quand même élégant. »

Selon Morin, Virginie n’a pas cédé à la tentation de répondre par la colère brute. Elle a transformé l’attaque en plaidoyer, renvoyant à leurs contradictions ceux et celles qui la critiquent.

« Vous voulez jouer à ce jeu-là? Mais parfait, ça se joue à deux. »

C’est une façon de dire que l’époque où les personnalités publiques devaient encaisser en silence est révolue. Aujourd’hui, les victimes de cyberintimidation peuvent retourner l’arme numérique contre leurs agresseurs en exposant leurs comportements au grand jour.

Aujourd’hui, c’est Sébastien Delorme qui se retrouve à naviguer dans ce rapport toxique entre visibilité professionnelle et haine publique.

Comme Morin, il vit en direct le paradoxe des réseaux : une vitrine incontournable pour exister dans le milieu artistique, mais un piège cruel où chaque geste est disséqué et jugé sans merci.

Dans une entrevue accordée à Catherine Beauchamp et Philippe Cantin sur les ondes du 98,5 FM, Delorme a dénoncé l’absence de modération et le laisser-faire des plateformes numériques. Ses mots sont lourds de sens :

« Je me promenais sur la rue tout à l’heure et il n’y a personne qui m’a insulté. Pourtant, je ne les connaissais pas. Mais sur les réseaux sociaux, on dirait que c’est entendu, que oui, c’est libre, on peut le faire. »

« Des gens me disent : tu t’es exposé sur les réseaux sociaux, donc tu mérites de te faire insulter. Et à ça, je veux dire : non. Ce n’est pas vrai que si ma relation est annoncée, je mérite toute cette violence-là. C’est une drôle de façon de penser de dire que c’est la faute de la victime. »

Son constat va au-delà de son cas personnel. Il rappelle que plus de mille politiciens ont quitté la vie publique ces dernières années, écœurés par les insultes, les menaces et le climat de haine généralisée.

La sphère numérique est devenue un espace où le civisme s’évapore, où l’insulte est banalisée et où les victimes sont blâmées pour leur simple existence.

Ce qui frappe dans le cas Delorme-Bruneau, c’est que les attaques viennent massivement… de femmes. Voilà qui renverse le discours habituel sur la “masculinité toxique”. Ici, ce sont des femmes qui dénigrent, humilient et jugent une autre femme sur son apparence, son âge et sa relation amoureuse.

Alors, faut-il parler de “féminité toxique” ? Quand des femmes se transforment en bourreaux numériques d’autres femmes, quand elles cautionnent des propos sexistes qu’elles dénonceraient ailleurs, le double standard devient flagrant.

Il est permis de ne pas comprendre un couple. Il est permis de se questionner sur une différence d’âge. Mais rien ne justifie la violence, la cruauté et le mépris qui circulent actuellement. Certains ont perdu tout sens du respect.

Sébastien Delorme est un acteur accompli. Virginie Bruneau est une jeune femme adulte. Ils s’aiment, ils sont heureux. Normalement, cela devrait suffire. Mais dans l'époque de fou où nous vivons, ce bonheur devient une cible.

Delorme le dit haut et fort : il est temps que le Québec s’inspire de pays comme la France, l’Allemagne ou l’Espagne, où des lois encadrent mieux les plateformes numériques. Laisser libre cours à la haine au nom de la “liberté d’expression” est une hypocrisie qui détruit des vies.

Le problème n’est pas la critique constructive, ni le débat d’idées. Le problème, ce sont les insultes, les menaces et la violence gratuite qui finissent par miner psychologiquement les victimes. Aujourd’hui, c’est Delorme. Hier, c’était Morin. Demain, ce sera un autre.

Chaque commentaire laissé sur un écran a une répercussion réelle. Derrière Virginie Bruneau, il y a une jeune femme qui lit ces attaques. Derrière Sébastien Delorme, il y a un homme, un père, un acteur, qui doit composer avec une marée de jugements injustes.

Alors la question est simple : allons-nous continuer à nourrir ce tribunal numérique sans pitié, ou allons-nous, collectivement, décider que l’amour, le respect et la décence valent plus qu’un “like” ou qu’un rire jaune?

Car oui, il est grand temps de se le rappeler : dans cette jungle numérique, les victimes ne sont pas coupables. Ni Maripier Morin hier, ni Sébastien Delorme aujourd’hui.