Ce devait être un moment de grâce, un instant historique. L’une des plus jeunes étoiles du tennis canadien, Victoria Mboko, venait de s’imposer devant le public montréalais, se qualifiant pour les demi-finales de la Coupe Rogers à seulement 18 ans.
Les projecteurs étaient braqués sur elle. Tout le monde attendait son sourire, ses mots, son émotion brute. Et c’est à ce moment précis que Michel Godbout, envoyé par TVA Sports, a décidé de gâcher la fête avec une entrevue qui restera dans les annales… du malaise.
La scène est surréaliste : dès le début de l’entrevue, au lieu de poser une question sur le match, sur l’émotion de la victoire, sur son parcours ou sur sa vie, Victoria Mboko étant une réfugiée d’origine congolaise dont les parents ont fui la guerre pour refaire leur vie au Canada, Michel Godbout lui demande si elle connaît… la chanson-thème de Star Académie, version 2003.
« Et c’est pas fini… » lance-t-il, en tentant de faire chanter la foule.
Cet extrait vidéo va vous donner des sueurs froides dans le dos:
Victoria Mboko le regarde, confuse. Le public ne suit pas. Personne ne chante. Personne ne comprend. La chanson est un souvenir lointain pour certains, et complètement inconnu pour la majorité.
Et pour cause : Victoria Mboko n’était même pas née quand Star Académie était diffusée pour la première fois en 2023. Pire encore, elle a grandi à Toronto et n’a visiblement aucun lien avec cette émission quétaine de la culture québécoise.
C’est Réjean Tremblay, légende du journalisme sportif québécois, qui a lancé la charge :
« Mais à quoi a donc pensé Michel Godbout avec Victoria MBoko ? C'était LE moment...il l'a muffé. »
Un mot simple, mais lourd. Godbout avait tout entre les mains : le bon sujet, la bonne athlète, le bon moment. Et il s'est effondré. Magistralement.
Et ça, toute la province l’a senti.
Sur les réseaux sociaux, c’est une véritable avalanche. Une tempête de commentaires, de critiques, de malaises partagés.
Les mots « gênant », « incompétent », « mauvais » sont revenus des centaines de fois. Plusieurs internautes ont même comparé cette entrevue à un sketch de mauvais goût, évoquant Bernard Drainville dans ses pires moments. (quand il a chanté une chanson des Cowboys Fringants pour rendre hommage à Karl Tremblay).
TVA Sports se retrouve encore une fois dans l’œil du cyclone.
Ce n’est pas un incident isolé. Ce n’est pas juste une bourde. C’est le symbole d’un naufrage plus vaste. TVA Sports, déjà en crise, croule sous les critiques et les dettes.
Avec des pertes estimées à près de 300 millions de dollars depuis sa création, la chaîne n’a plus le droit à l’erreur. Et pourtant, elle persiste à envoyer des gens mal préparés sur le terrain, à improviser, à livrer des prestations dignes d’un téléthon amateur.
Dans le cas présent, ce n’est pas seulement Michel Godbout qui est à blâmer. C’est toute une structure. Qui a validé ce concept d’entrevue?
Qui a jugé que faire chanter la foule était pertinent? Qui a cru que Victoria Mboko allait entonner une chanson de matante vieille de 22 ans? Où était le producteur? Le recherchiste? L’équipe de contenu? Le superviseur?
Ce moment devait être historique. Une jeune femme noire de 18 ans, issue de l’immigration, qui triomphe à Montréal, en plein été, devant une foule survoltée.
C’était un message fort pour la diversité, l’inclusion, l’excellence sportive. C’était une scène parfaite pour les bulletins de nouvelles, les récapitulatifs de fin d’année, les archives inspirantes.
Et tout ce qu’on retiendra, c’est Michel Godbout, micro à la main, en train de marmonner « Et c’est pas fini… » à une adolescente qui ne savait pas quoi répondre.
Victoria Mboko a fait preuve d’une élégance rare. Elle n’a pas ri. Elle n’a pas exprimé son malaise publiquement. Mais son regard en disait long. Elle était mal à l’aise. Désorientée. Perdue. Et avec raison.
Cette entrevue ne parlait pas d’elle. Elle parlait de TVA. De sa culture d’entreprise figée dans le passé. De sa difficulté à comprendre son public. De son incapacité à se renouveler.
La foule, elle aussi, ne savait pas comment réagir. Quelques rires nerveux. Beaucoup de silence. Et une incompréhension généralisée. Tout le monde voulait entendre parler du match. De la victoire. De la stratégie. De la progression. Pas d’un placement de produit à la sauce TVA.
Des centaines d’autres internautes ont exprimé leur honte, leur colère, leur frustration. Certains réclament la fin de TVA Sports. D’autres exigent que Michel Godbout soit relevé de ses fonctions. Tous dénoncent l’amateurisme.
« TVA Sports, c’est le Dollarama de la télé. »
« TVA Sports s’en va à la déroute, bientôt le bateau va couler. »
Et ils ne sont pas seuls à penser ainsi.
Cette catastrophe n’est que la pointe de l’iceberg. Depuis des mois, TVA Sports accumule les bourdes. Des erreurs de son en direct. Des angles de caméra douteux. Des analystes dépassés. Des chroniqueurs sans préparation. Des droits sportifs trop chers, mal exploités. Et des pertes colossales.
Comment justifier la persistance d’une couverture si déficiente? Pourquoi confier des entrevues-clés à des journalistes qui ne font visiblement pas leur travail en amont?
Il faut tout de même souligner l’excellent travail de Frédérique Guay, saluée par plusieurs internautes comme la seule lumière dans ce désastre.
Préparée, professionnelle, articulée, elle démontre qu’il est possible de faire du bon travail à TVA Sports. Mais elle semble bien seule dans un océan de médiocrité.
TVA Sports, c’est aujourd’hui l’image d’un média qui refuse d’évoluer. Qui refuse de s’adapter à son public. Qui refuse de se moderniser. Et qui paie le prix fort. Le public se détourne. Les réseaux sociaux se déchaînent. Et la crédibilité fond comme neige au soleil.
Pierre Karl Péladeau, qui finance encore à perte ce réseau sportif, doit se poser de sérieuses questions. Jusqu’à quand tolérera-t-il que des moments comme ceux-là viennent ternir l’image de TVA? Jusqu’à quand acceptera-t-il de brûler des millions pour des gaffes aussi grossières?
Dans les bureaux de TVA Sports, hier matin, il devait régner un silence de mort. Une commotion collective. Comme un coup de poignard dans le cœur de ce qu’il reste de professionnalisme. Une entreprise qui rêvait de compétitionner RDS… et qui finit par devenir la risée du Québec.
Ce moment avec Victoria Mboko restera comme le symbole de tout ce qui ne va pas à TVA Sports. Une mauvaise préparation. Une mauvaise lecture du moment. Une mauvaise compréhension du public. Une mauvaise gestion de l’image.
Ce fiasco n’était pas une simple erreur de parcours. C’était une autopsie en direct de TVA Sports.
Un moment historique pour le tennis canadien transformé en sketch gênant. Une étoile montante, Victoria Mboko, prise au piège d’un réseau qui ne comprend plus rien à son époque.
Et un animateur largué, planté là avec une référence dépassée, à des années-lumière de la réalité de l’athlète devant lui.
Ce n’est pas juste une gaffe. C’est l’image parfaite de TVA Sports en 2025 : mal préparé, mal dirigé, mal financé… et surtout, mal inspiré.
Trop occupé à faire des placements de produits pour le réseau Québecor, trop déconnecté du terrain, trop centré sur sa propre nostalgie pour voir l’histoire qui se joue devant ses yeux.
Le Québec méritait mieux. Victoria Mboko méritait mieux. Et franchement, nous aussi.