Il ne se passe plus une semaine sans que TVA Sports ne trébuche dans la poussière de sa propre désorganisation.
Voilà que le journaliste Michel Godbout vient d'ajouter une humiliation de plus au dossier déjà embarrassant du réseau.
Cette fois, c'est en prédisant dès avant le match la défaite d'Eugenie Bouchard, son invitée du soir, que le journaliste s'est publiquement planté.
Et le timing n'aurait pas pu être plus cruel. Bouchard, qu'on croyait à l'aube d'une retraite définitive, a déjoué tous les pronostics en défaisant la Colombienne Emiliana Arango en trois manches (6-4, 2-6, 6-2) dans un stade IGA qui, soudainement, croyait de nouveau en elle.
Juste avant, Michel Godbout publiait sur X, comme si tout était déjà joué :
« Le dernier match de @geniebouchard est @TVASports dès 19h. Nous l’attendons pour son entrevue d’avant match… ».
Oups.
Cette bourde en direct a été immortalisée par le journaliste Maxime Truman, qui ne rate jamais une occasion de prendre TVA Sports les culottes baissées.
« Et elle gagne! » a-t-il réagi sèchement sur X.. Et les réseaux sociaux se sont enflammés, encore.
« Pas fort, @GodboutSports! »,
« Du grand TVA »,
« Quelle question idiote à la fin de l’entrevue »...
Les commentaires se ressemblent tous : désillusion, dérision, lassitude.
Mais cette énième gaffe n'est pas isolée. Elle est le réflexe d'un réseau à genoux, où les standards de vérification, de rédaction, et même de bon sens, ont été balayés par la tempête du désinvestissement. On ne parle plus ici de simple bourde : on parle d'un automatisme d'échec.
Le problème, ce n'est pas qu'un journaliste se trompe dans une prédiction. C'est qu'on annonce la défaite d'une athlète avant même qu'elle n'entre sur le terrain.
On évacue l'incertitude, le suspense, la foi en la performance. On insulte l'intelligence du public et l'effort de l'athlète. Et on le fait sur une plateforme qui n'a plus les moyens de sa prétention.
Le malaise, les angles douteux de caméra, le son atroce pointé par Alexandre Pratt de La Presse, les dérapages d'animation, les multiples gaffes d'identification, tout cela forme un portrait accablant.
TVA Sports est devenu une caricature de ce qu'il voulait combattre : un réseau has been, déconnecté, qui n'inspire plus ni respect ni crédibilité.
Et au centre de ce champ de ruines, des journalistes comme Godbout sont laissés à eux-mêmes. Mal préparés. Mal encadrés. Mal dirigés.
Ce ne sont pas eux qu'il faut blâmer individuellement, mais bien le système TVA dans son ensemble. Celui qui les envoie au front sans soutien technique digne de ce nom.
Celui qui mise sur des exclusivités vidéos sans la logistique pour les livrer proprement. Celui qui, obsédé par la rentabilité à court terme, a oublié qu'une image publique peut s'écrouler en une saison.
Dans un monde médiatique où chaque bourde peut devenir virale, chaque réseau doit être plus que jamais rigoureux, alerte et agile. TVA Sports est tout le contraire.
Et pendant ce temps, Pierre Karl Péladeau se prépare à débrancher la station du respirateur artificiel.
À ceux qui se demandent ce qui ne va plus à TVA Sports, la réponse est simple : tout. Il n'y a plus de filet. Plus de rattrapage. Plus de marge d'erreur.
Chaque direct est une roulette russe, chaque segment une bombe à retardement. Et chaque soir, le téléspectateur allume en se demandant :
« Qu'est-ce qu'ils vont encore rater aujourd'hui? »
Le plus ironique dans tout cela, c'est que TVA possède encore d'excellents journalistes, des gens passionnés, compétents, érudits. Mais ils sont prisonniers d'un navire qui prend l'eau, où l'on bouche le trous avec du "duct tape".
Ce soir, Eugenie Bouchard a remporté une victoire contre toute attente. Et TVA Sports, encore une fois, a perdu.
En moins de trois ans, le Groupe TVA a cumulé plus de 76 millions de dollars de pertes nettes. C’est une hémorragie sans précédent dans l’histoire du réseau.
En 2024 seulement, les pertes ont atteint 19,34 millions, et ce malgré les licenciements massifs, les compressions drastiques, les réductions de grille horaire, les fusions de services et les réorganisations internes.
Tout a été tenté… sauf l’essentiel : redonner une vision claire et ambitieuse à TVA Sports. Et aujourd’hui, ce n’est pas qu’un réseau de sport qui est en train de mourir. C’est une marque, un symbole, un rêve québécois de rivaliser avec RDS qui s’éteint à petit feu.
C’est un secret de Polichinelle à l’interne : TVA Sports ne survivra pas après son contrat avec la LNH. Même Péladeau l’a admis à demi-mot lors de l’assemblée des actionnaires : les droits sont trop chers, les revenus trop faibles, les perspectives trop sombres. La station pourrait fermer dès l'été 2026.
Plus de 230 millions ont été engloutis depuis la création du réseau sportif de Québecor. Deux-cent-trente. Et pendant que la LNH demande un renouvellement en hausse, TVA regarde la facture et détourne les yeux.
Pourquoi investir davantage quand les audiences sont en chute libre et que les revenus publicitaires s’effondrent ? À quoi bon jeter de l’argent bon après mauvais, comme le dit PKP lui-même ?
Le segment des revenus publicitaires a chuté de plus de 27 millions de dollars en trois ans. Et ça se voit. Moins de caméras, moins d’analystes sur place, moins d’exclusivités, moins de qualité.
Le budget a été raboté au point de frôler l’absurde. Même les employés les plus loyaux n’arrivent plus à faire semblant. Ils le savent : les moyens n’y sont plus.
Et surtout, la volonté n’y est plus. La résignation flotte dans l’air.
Il y a eu plus de 650 suppressions d’emplois depuis deux ans. Plus de la moitié des effectifs ont été touchés chez Groupe TVA.
Certaines équipes ont été complètement démantelées. TVA Publications a été décimée. Les services techniques sont réduits à peau de chagrin. Et ça s’entend. Et ça se voit. À la télévision, les erreurs se multiplient.
Et dans les coulisses, les gens parlent d’un climat anxiogène, d’un silence organisationnel troublant, de décisions prises sans consultation, de communications internes réduites au strict minimum.
Quand on coupe dans les muscles, il reste des spasmes. Et à TVA Sports, les spasmes sont visibles chaque semaine.
Annoncer la défaite et la retraite de Genie... avant qu'elle ne gagne...
"Only in TVA Sports"...