Commotion à Brossard: Martin St-Louis voit rouge

Commotion à Brossard: Martin St-Louis voit rouge

Par David Garel le 2025-09-18

C’est fini, le Martin St-Louis compréhensif, philosophe, toujours prêt à répéter que « ça prend du temps », que « le mix va venir », que « les gars apprennent ». Ce Martin-là est mort.

Ce qu’on a vu hier à Brossard, c’est un entraîneur en mission, qui a vu rouge, et qui a décidé de faire payer à ses joueurs chaque once de pression qu’il ressent lui-même. Et ça a brassé. Fort.

Un entraînement… ou un camp militaire?

Dès les premières minutes du tout premier vrai entraînement de la saison 2025-2026, le ton était donné. Patin intensif. Enchaînements sans répit. Rythme infernal. Et un Martin St-Louis intransigeant, qui criait ses consignes avec une intensité qu’on ne lui connaissait pas.

« C’est pas une f----n’ pratique de groupe d’amis ici! » aurait-il hurlé à un moment, selon ce qu’on entendait près de la bande.

Et ça se voyait : les gars avaient la langue à terre.

Après à peine dix minutes, les joueurs « pompaient l’huile », certains n’arrivaient même plus à répondre verbalement aux consignes. Il ne s’agissait pas d’un manque de préparation physique. La majorité avait patiné tout l’été ensemble, mais bien d’une claque d’intensité signée Saint-Louis.

L’un des moments les plus marquants de la matinée fut la scène surréaliste de Kirby Dach assis sur la glace, incapable de reprendre son souffle. Pas blessé. Juste exténué.

On l’a vu, penché vers l’avant, casque dégrafé, comme s’il allait vomir. Un vétéran. Un colosse. Un joueur de centre du top 6. Couché par l’intensité d’un camp d’entraînement comme s’il venait de jouer une triple prolongation en séries.

Et il n’était pas seul. Même les jeunes aux poumons frais, même les vétérans en grande forme, tous étaient rincés.

Le message de St-Louis : « Fini d’être gentil »

Ce n’est pas une coïncidence. Ce n’est pas un accident. C’était voulu. Calculé. Et brutal.

Martin St-Louis sait ce qu’il joue cette année.

Il a les clés d’un vestiaire plus talentueux que jamais. Il a un contrat de 5 M$ jusqu’en 2027. Il a un propriétaire, Geoff Molson, qui a publiquement lancé :

« Si on ne va pas plus loin que l’an dernier, il faudra se regarder dans le miroir. »

Il sait que les excuses sont mortes. Que les attentes sont claires. Et surtout, il sait que la seule façon de survivre dans cette jungle, c’est de frapper le vestiaire avec la réalité, dès le jour 1.

Et frapper, c’est exactement ce qu’il a fait hier.

Si vous pensiez que la série La Reconstruction sur Crave avait montré un Martin St-Louis au sommet de son intensité, détrompez-vous.

Selon plusieurs présents à Brossard, l’entraîneur a multiplié les « F-bombs » tout au long de la séance.
Un joueur a même glissé à un membre du personnel :

« C’est la première fois qu’il nous parle comme ça. »

Il n’a pas cassé de bâton. Il n’a pas lancé de bouteille. Mais dans ses yeux, il y avait une dureté nouvelle. Une urgence palpable. Il ne donnait plus des instructions. Il donnait des ordres.

Un camp sous le signe de la guerre.

Ce n’est que le début. Le message est clair : ce camp d’entraînement ne sera pas un camp de familiarisation. Ce sera un champ de bataille.

Martin St-Louis ne cherche plus à « apprendre à connaître ses gars ». Il veut savoir qui va survivre. Qui va se battre. Qui va tenir.

Pas une mise en jambes relax. Un test. Un autre. Un de plus.Et ce sera comme ça tous les jours, jusqu’au premier match de saison régulière. Et encore après.

Pourquoi ce changement de ton?

Parce que Martin St-Louis n’a plus le choix.

L’an dernier, il a réussi à amener une équipe jeune, blessée, à se faufiler en séries.

Cette année, il doit faire mieux.

Kent Hughes et Jeff Gorton ont livré une formation compétitive.

Le calendrier est favorable. Plus de longues séquences dans l’Ouest. Moins de fuseaux horaires.

Et surtout, les partisans en redemandent.

Plus de reconstruction. Plus de patience. Des victoires. Maintenant.

Le choc mental et physique : stratégie assumée

Faire pomper l’huile à ses gars dès la première pratique, ce n’est pas juste une question de forme physique.

C’est psychologique. C’est une déclaration. C’est Martin St-Louis qui dit à ses joueurs :

« Je suis prêt à crever avec vous, mais il va falloir que vous souffriez avec moi. Et maintenant. »

Il ne veut pas d’un camp d’ajustement. Il veut des soldats prêts au front.

Ceux qui pensaient que le camp 2025-2026 serait festif, avec les vedettes comme Demidov, Hutson, Dobson, Bolduc, Dach, Suzuki, Laine et cie… vont devoir réviser leur jugement.

Martin St-Louis est en guerre contre la complaisance. Et il est prêt à tout pour secouer son vestiaire. Même à abandonner le coach pédagogue pour devenir un général de fer.

C’était plus qu’un simple entraînement. C’était une déclaration de guerre de Martin St-Louis. Contre ses joueurs. Contre la mollesse. Contre le passé.

Il a vu rouge. Il a crié. Il a juré. Et il a remis ses troupes à leur place. Parce qu’il le sait : s’il n’atteint pas les séries cette saison, ce sera peut-être la fin.

Et il ne partira pas sans se battre. Il ne partira pas en coach gentil.

Il partira en hurlant.

Et peut-être… en gagnant.