Juraj Slafkovský est en guerre.
Pas contre un adversaire sur la glace. Mais contre quelque chose de beaucoup plus diffus, vicieux, et impitoyable : l’image publique. Les médias. L’opinion. Les réseaux sociaux. Et surtout… lui-même.
Car à 20 ans, le tout premier choix au total du repêchage 2022 est aujourd’hui un personnage profondément polarisé, autant à Montréal qu’en Slovaquie.
Et alors qu’il tente de devenir un mentor pour Ivan Demidov, il projette plus que jamais ses propres démons.
Le premier coup de tonnerre est venu d’un endroit inattendu. David Pastrňák, l’un des plus grands joueurs tchèques de l’ère moderne, a lancé une véritable flèche à l’endroit de Slafkovský lors d’un entretien avec Sport.sk :
« Il lui manque un peu d’humilité. Il devrait donner l’exemple aux plus jeunes. »
Une déclaration lourde, venue de nulle part, mais pas anodine. Surtout quand on sait que Slafkovský est vu comme un traître par une partie des médias slovaques.
Il ne s’est pas présenté au Championnat mondial. Il a manqué une activité de cohésion pour l’équipe olympique. Et il a multiplié les prises de position contre la fédération. En retour, les critiques ont fusé.
Mais plutôt que d’assumer ses décisions avec sérénité, Slafkovský s’est réfugié derrière un mur de colère.
Dans une entrevue accordée à Sport24.sk, Slafkovský a vidé son sac :
« Je ne sais pas si c’est une guerre entre moi et les journalistes. Ce n’est pas que je ne veux pas leur parler, mais quand vous ouvrez un article sur moi et que vous y lisez les pires conneries, c’est vraiment difficile ensuite de leur accorder votre confiance. »
Puis, il a enfoncé le clou :
« Quand ma copine poste une photo, ils écrivent un article là-dessus, comme si ça avait rapport avec le hockey. C’est incroyable. »
Cette copine, c’est Angélie Beaujois-Pelletier, mannequin québécoise, très présente sur Instagram. Ensemble, ils forment un couple qui fascine les tabloïds slovaques… et qui agace Slafkovský au plus haut point.
« Ils parlent de tout, de mes vacances, de ce que je fais, de ce que je mange. Même s’ils écrivent des choses positives, je ne veux pas voir ça. Je ne veux plus qu’on fouille dans ma vie. »
Une phrase qui en dit long. Slafkovský ne veut plus être un personnage public. Et pourtant, tout en affirmant vouloir se couper des critiques, il semble en dépendre totalement.
Au cœur de la tourmente, l'attaquant a pris une décision lourde de sens : il refuse catégoriquement de répondre aux médias en ligne.
Peu importe qu’il s’agisse de HockeySlovakia.sk, de Športky.sk, de TVNOVINY.sk ou des autres blogues, le Slovaque n’accorde désormais ses propos qu’aux caméras de télévision traditionnelle.
Une stratégie que plusieurs jugent hautaine, voire dépassée, à l’ère des contenus numériques et des interactions instantanées.
Mais derrière ce choix se cache surtout une peur incroyable de l’écrit en ligne, de la viralité incontrôlée des propos retransmis sur les réseaux, et des traductions approximatives.
Car Slafkovský le sait : chaque mot devient une arme contre lui dès qu’il est publié. Chaque entrevue numérique, chaque citation tirée hors contexte, alimente le feu qui le brûle déjà à Montréal… et encore plus en Slovaquie.
Ce refus de parler aux plateformes en ligne est donc perçu par plusieurs journalistes comme un mépris du journalisme moderne, voire comme une manière de filtrer la vérité à sa convenance.
Mais c’est aussi, tristement, le symptôme d’un jeune homme qui lit tout ce qu’on écrit sur lui… et qui en souffre profondément.
C’est là que le paradoxe devient saisissant.
Dans une récente déclaration, Slafkovský a affirmé avoir conseillé Ivan Demidov tout l’été.
Le meilleur conseil qu’il lui aurait donné ?
« Ne te soucie pas de ce que disent les gens à ton sujet. »
Une phrase noble, en surface. Mais profondément ironique lorsqu’on connaît la vérité : Slafkovský lit tout. Il ne laisse passer aucune critique, aucune rumeur, aucune insinuation. Qu’elles viennent de Slovaquie ou de Montréal.
Il est ultra-sensible, paranoïaque face aux médias, et affecté à un point tel que ça nuit à son développement. Dire à Demidov de ne pas écouter les critiques, quand lui-même se couche tard en scrollant les commentaires sous les photos de sa blonde, c’est au mieux naïf… au pire, hypocrite.
Et c’est là tout le problème.
Il ne fait aucun doute que Slafkovský veut sincèrement aider Ivan Demidov. Et l’initiative est belle : un jeune Européen qui prend sous son aile un autre jeune Européen dans une ville aussi intense que Montréal, c’est admirable.
Mais il faut le dire franchement : Demidov n’est pas comme Slafkovský.
Là où Slaf lit tout, Demidov ne lit rien.
Là où Slaf s’éparpille sur sa vie privée, Demidov se couche tôt, travaille comme un forcené, et garde tout pour lui.
Là où Slaf aime les projecteurs, Demidov ne vit que pour le hockey.
Même leur été à Montréal a été différent. Demidov s’est entraîné, a commencé à apprendre le français, a joué dans la LSHL, a fait profil bas. Slaf, lui, a profité du glamour, des restaurants, du nightlife. Il ne s’en cache pas.
Et pourtant, il prétend donner des conseils. Est-il le bon mentor ?
Slafkovský a aussi ses détracteurs à Montréal. Et là aussi, il les lit. Il le sait, on parle du Flyjin, de son amoureuse Angélie Bourgeois-Pelletier, de ses présences tardives sur Instagram après des défaites.
Le nom du Flyjin, ce bar-restaurant huppé du Vieux-Montréal connu pour ses soirées jusqu’à 3 h du matin et ses clients branchés, est devenu malgré lui un mot-clé embarrassant dans l’entourage de Juraj Slafkovský.
Ce n’est pas que le jeune ailier du Canadien y a été aperçu en train de festoyer, non, ce sont plutôt les habitudes nocturnes de sa copine, Angélie Bourgeois-Pelletier, une ex-barmaid de l’endroit, qui ont suscité la controverse.
Le 18 décembre 2024, on dévoilait que la mannequin rentrait parfois à 4 h du matin après ses quarts de travail au Flyjin. Et que Slafkovsky l'attendait toujours au bar avant de rentrer avec elle.
Slaf ne buvait que de l'eau au bar, de source sûre. Certains affirment qu'il se couchait si tard pour "surveiller sa blonde". Difficile de croire qu'un joueur aussi populaire tombe dans la jalousie. Mais le cerveau humain nous réserve parfois des surprises. L'amour peut rendre aveugle... et très fatigué...
Pour un joueur de hockey professionnel censé performer dès 10 h à Brossard, les spéculations ont fusé :
“Slaf dort-il assez ? Est-ce qu’il récupère correctement ? Quelle influence son entourage a-t-il sur sa rigueur professionnelle ?”
Bien que plusieurs aient minimisé l’affaire, elle est venue amplifier le doute ambiant sur la discipline de Slafkovský, surtout à un moment où l’on s’interrogeait déjà sur son implication, sa constance… et ses nuits trop courtes. Une chose est claire : à Montréal, les projecteurs ne s’éteignent jamais.
Et cette saison, il n’aura plus droit à l’erreur.
Le public est derrière lui, mais il n’est plus intouchable. Et les médias québécois, eux aussi, ont commencé à lui poser les vraies questions. Sa fatigue visible après certains matchs. Ses baisses de régime.
Dans les coulisses, on le dit obsédé par l’image qu’on a de lui. Et c’est précisément ce qui fait peur à ses proches : il est prisonnier de sa propre réputation.
Ce n’est pas seulement Pastrňák qui l’a critiqué.
Plus tôt cette année, la légende slovaque Vincent Lukáč avait lui aussi dégainé contre Slaf :
« Il est à moitié Canadien maintenant. Il oublie d’où il vient. »
La fédération slovaque est glaciale. Les anciens le regardent avec méfiance. Et les fans commencent à se demander si Slaf a encore la Slovaquie à cœur.
Son absence des derniers Mondiaux n’est toujours pas digérée. Et son désintérêt pour les activités de l’équipe olympique est vu comme une insulte.
Le divorce est consommé.
Une saison charnière
Juraj Slafkovský entre dans la saison la plus importante de sa carrière.
Il a tout pour réussir : le physique, le talent, le soutien des partisans… et une chimie avec Suzuki et Caufield.
Mais il devra faire un choix : vivre pour les autres, ou jouer pour lui-même.
S’il continue à lire chaque commentaire, à traquer chaque article, à réagir à chaque story, il s’éteindra. Il sera toujours en réaction, jamais en action.
Et s’il veut vraiment aider Ivan Demidov, il doit commencer par se libérer lui-même.