Colère noire à Toronto: Arber Xhekaj rit aux larmes

Colère noire à Toronto: Arber Xhekaj rit aux larmes

Par Marc-André Dubois le 2025-07-12

Ryan Reaves est aujourd’hui un homme brisé.

Échangé comme un vulgaire moins que rien aux Sharks de San Jose, mis à la porte par les Maple Leafs après une série de décisions catastrophiques, le vétéran de 38 ans n’est plus que l’ombre de lui-même.

Pendant ce temps, un certain Arber Xhekaj n’a pas dit un mot. Et pourtant, il n’a jamais eu autant de raisons de sourire. Même qu'il rit aux larmes.

Parce que dans ce duel à distance, entre le roi déchu des bagarreurs et le jeune shérif du Canadien, c’est Xhekaj qui a gagné. Et Reaves qui s’est effondré.

Tout commence en octobre 2023. Une bagarre entre les deux hommes enflamme le Centre Bell. Reaves est projeté au sol. Déclassé. Humilié. C’est le tournant. Un moment viral. Et surtout, le début de la fin pour celui que l’on surnommait autrefois le plus craint de la LNH.

Reaves ne digère pas. Il attaque Xhekaj verbalement, affirmant que le défenseur du Canadien a triché, qu’il a jeté les gants sans prévenir, brisant le fameux « code des bagarreurs ».

Puis, quelques mois plus tard, il insinue que Xhekaj simule une blessure pour éviter un nouveau combat. Il le traite de lâche. Il le ridiculise dans les médias.

Mais la vérité éclate rapidement : Xhekaj doit subir une opération à l’épaule. Une blessure sérieuse, réelle, qui l’éloigne du jeu pour plusieurs semaines.

Reaves est exposé comme un menteur. Un pitoyable provocateur. Et pendant que le Montréalais se rétablit dans le silence, Reaves ne cesse de s’enfoncer.

Pendant l’absence de Xhekaj, Reaves cherche une autre cible. Il trouve Michael Pezzetta. Et il s’en prend à lui avec une rare brutalité.

Mais l’intention est claire : ce n’est pas un message d’autorité, c’est un geste de faiblesse. Il s’acharne sur un joueur beaucoup plus petit, moins expérimenté, comme pour se convaincre qu’il a encore une utilité dans cette ligue.

Ironie du sort : quelques mois plus tard, les Maple Leafs remercient Reaves et embauchent… Pezzetta. Celui qu’il avait humilié devient son remplaçant. Moins cher, plus jeune, plus humble. Un revers symbolique d’une cruauté rare.

Puis vient le clou dans le cercueil : une entrevue accordée au balado Cam & Strick dans laquelle Reaves balance tout.

Il accuse les médias torontois d’acharnement. Il critique les partisans des Leafs, les décrivant comme instables, déloyaux, incapables de résister à la moindre tempête.

« Dès que ça allait mal, la ville me tombait dessus. L’amphithéâtre devenait silencieux. Les partisans étaient instables. »

La transaction est survenue peu de temps après.

Et c’est ainsi que Reaves est expédié à San Jose, dans l’une des pires équipes de la ligue, en retour du défenseur Henry Thrun.

La réaction de Reaves? Il saute une véritable coche.

Il accuse le DG Brad Treliving de ne jamais lui avoir fait confiance. Il affirme avoir été sorti de l’alignement après une seule mauvaise performance, incapable de « gagner du momentum ».

« Il y a eu un manque de confiance dès le départ. Une mauvaise partie et j’étais rayé pour 4, 5, 6 matchs. » affirme-t-il dans une colère noire.

« J’ai dit à Brad Treliving, à la fin de la saison : ce n’est pas un bon fit. Je crois qu’il pensait la même chose, après m’avoir mis au ballottage et envoyé dans les mineures. »

Ces propos ont eu l’effet d’un électrochoc. L’organisation, déjà exaspérée par ses performances désastreuses (2 passes en 35 matchs, aucun but, 28 minutes de punition inutiles), est dégoûtée par son comportement.

C’est là qu’on comprend l’ampleur du désastre. Reaves, qui avait signé un contrat de trois ans à 1,35 M$ par saison à l’été 2023, ne valait plus rien.

Pas une équipe ne voulait de lui à la date limite. Personne n’a réclamé son contrat lorsqu’il a été soumis au ballottage. Et maintenant, il est largué aux Sharks comme un colis indésirable.

San Jose, équipe en ruines, sans structure, sans ambition, devient sa dernière escale. Une prison pour vétérans oubliés. Là où vont mourir les carrières.

Reaves espérait atteindre les 1000 matchs. Il en est à 921. Et très honnêtement, il est peu probable qu’il survive toute une saison de plus. On sent que cela ne sera pas long avant qu'il soit envoyé dans les gradins à San Jose.

Pendant ce temps, à Montréal, Arber Xhekaj renaît. Il revient au jeu, affronte Matt Rempe dans l’un des combats les plus spectaculaires de la saison, tient tête à Mathieu Olivier, et impose sa présence comme jamais. Il est toujours dans la niche de Martin St-Louis, mais il reste l'un des joueurs les plus populaires de Montréal.

« Je sais que je peux contribuer offensivement et défensivement. Je veux être une bête sur la glace. Je n’ai peur de personne. »

C’est dit. Sans jamais nommer Reaves, il le réduit à néant. Il n’a pas besoin de riposter. Il a gagné sur toute la ligne.

Ce que Reaves a laissé derrière lui, ce n’est pas juste une série de mauvais matchs. C’est un climat toxique. Des propos déplacés. Des tensions dans le vestiaire. Un mépris envers les partisans. Une humiliation publique. Toronto s’est trompé en le signant. Et aujourd’hui, la ville entière veut oublier jusqu’à son passage.

Même ses anciens coéquipiers, selon plusieurs sources, étaient tannés de son attitude. Il ne faisait plus peur. Il n’avait plus de rôle. Et il refusait de s’adapter.

Des rumeurs circulaient déjà : Reaves était un poison dans le vestiaire. Loin d’être ce « leader vocal » qu’il prétendait être, il semait plutôt la division. Il refusait d’accepter sa réalité de joueur marginal. Il exigeait du temps de glace. Il méprisait les jeunes. Il imposait un code dépassé.

À Toronto, Reaves n’a pas seulement été un échec sportif. Il a été un échec humain.

La différence entre les deux hommes est frappante. Reaves parle. Reaves se plaint. Reaves attaque tout le monde. Et pendant ce temps, Xhekaj se tait et joue.

Et ça, c’est la plus grande leçon. Dans une ligue en constante évolution, le respect ne se gagne plus avec des coups de poing, mais avec la constance, la dignité et la performance. Arber Xhekaj l’a compris. Ryan Reaves, non.

Il aurait pu partir avec classe. Il a préféré partir dans le vacarme, les accusations, la honte.

Et quelque part, dans son coin du vestiaire, entre deux présences solides et une mise en échec bien placée, Xhekaj doit sourire.

Il n’a rien dit. Il n’a rien eu besoin de dire.

Parce qu’il a gagné.

Il n’a pas gagné un match. Il a gagné la guerre. Une guerre de principes, de fierté, et surtout de respect.

Et le pire, c’est qu’il n’a même pas osé se battre contre Xhekaj une deuxième fois. Il en parlait, menaçait, provoquait… mais ne s’est jamais présenté.

Toronto l’a signé pour faire peur. Tout le monde rit de lui.

Toronto l’a signé pour protéger Matthews. Il l’a embarrassé.

Toronto l’a signé pour donner du tonus au vestiaire. Il l’a contaminé.

Il n’avançait déjà plus à sa signature. Il s’est planté dans la honte.

Et maintenant ? Direction San Jose. L’endroit où les vétérans vont mourir lentement, dans l’indifférence.

La honte...