Jordan Kyrou est furieux. Et cette fois, ce n’est plus une impression. C’est une réalité qui s’impose de plus en plus dans les coulisses des Blues de Saint-Louis, alors que l’attaquant de 27 ans voit son rôle rétrécir sous ses yeux, malgré trois saisons consécutives de calibre étoile.
Il y a quelques temps à peine, on parlait encore de lui comme du pilier offensif du club. Aujourd’hui, il est relégué sur la deuxième ligne, sur la deuxième unité d’avantage numérique, pendant que Jimmy Snuggerud, 20 ans, prend sa place partout.
Et ce que Kyrou digère encore moins? C’est le silence de l’organisation. Comme si ses 150 buts en 416 matchs ne comptaient plus.
Comme si ses saisons de 36, 31 et 37 buts n’étaient plus qu’un vague souvenir. On ne lui accorde aucun statut. Aucune priorité. Aucun respect.
Snuggerud le tasse. Point.
Le top 6 projeté des Blues pour la saison 2025-2026, publié par The Athletic, le St. Louis Post-Dispatch et confirmé par plusieurs observateurs locaux, est sans équivoque :
Pavel Buchnevich - Robert Thomas - Jimmy Snuggerud
Dylan Holloway - Pius Suter - Jordan Kyrou
Sur le power play? Kyrou perd aussi sa place. Comme en fin de saison dernière...
Kyrou est écarté. Volontairement.
Et c’est là que la mèche a allumé. Ce n’est pas seulement une perte de prestige. C’est un désaveu. Un message clair de Jim Montgomery et Doug Armstrong : le futur, c’est Snuggerud.
Et Jordan Kyrou n’a pas oublié qu’il a été le meilleur marqueur du club trois années de suite. Il n’a pas oublié qu’il a offert 75, 73, 67 et 70 points au cours des quatre dernières saisons. Et lui, il se fait tasser comme un figurant.
C’est dans ce contexte qu’on comprend pourquoi Kyrou a accepté de lever sa clause de non-échange pour venir à Montréal.
Oui, il est ami avec Nick Suzuki. Mais la vraie raison, c’est qu’il sait que Saint-Louis ne veut plus construire autour de lui. Il sent que tout l’édifice est en train de se redessiner sans lui.
Dans son esprit, l’avenir de l’équipe passe par Snuggerud, Buchnevich, Thomas… mais pas lui. Et ça, il ne l’accepte pas.
Le Canadien, lui, voit dans cette frustration une ouverture spectaculaire.
Kyrou n’est pas une location. Il est signé jusqu’en 2031 à 8,125 M$ par saison. Il produit comme un joueur de premier trio. Il a l’habitude des gros marchés. Et surtout, il veut venir.
C’est rare. Et Kent Hughes le sait.
Pour le Canadien, l’arrivée de Kyrou solidifierait immédiatement le top 6. Même qu'il continue d'affirmer qu'il peut jouer au centre.
Mais Doug Armstrong n’a pas l’intention de donner Kyrou. Il veut du solide.
Selon plusieurs sources crédibles, dont Pierre McGuire à TSN 690, les demandes sont connues de tous :
Mike Matheson.
Un attaquant établi comme Kirby Dach ou Alex Newhook.
Et surtout : le choix de 1re ronde 2026 du Canadien.
Et c’est là que ça bloque.
Jeff Gorton refuse de céder le choix 2026.
Dans une entrevue accordée à The Athletic en mai dernier, il a expliqué sa logique : le repêchage 2026 pourrait inclure Gavin McKenna, un jeune au potentiel générationnel.
Et Gorton ne veut pas revivre ce qu’il a déjà vécu à New York ou à Boston : manquer une loterie qui change tout.
Il a dit non au départ. Il le répète aujourd’hui.
Même avec une clause de protection top 10, il hésite. Parce qu’il sait qu’une saison peut basculer : blessures, contre-performances, imprévus.
Mais pour plusieurs observateurs, cette prudence est excessive. Le CH est prêt. Il a Dobson, Hutson, Reinbacher, Caufield, Suzuki, Caufield, Demidov, Slafkovsky, Hage, Guhle… Ce n’est pas une équipe de fond de classement, mais bien une équipe dont le noyau est prêt.
Même si les Blues aiment Mike Matheson, et reconnaissent en lui un vétéran capable de solidifier leur top 4 à la ligne bleue, il ne suffit pas à justifier le départ de Kyrou.
Kirby Dach? Sa valeur est au plus bas.
Alex Newhook? Trop fragile.
Les Blues veulent plus. Ils veulent ce fameux choix 2026. Et tant que Gorton ne le met pas sur la table, Armstrong attend.
Pierre McGuire l’a dit clairement :
« Le Canadien a tous les éléments pour conclure la transaction. »
Bref, si Montréal ne bouge pas, c’est un choix stratégique. Pas une question d’actifs.
Et pour une direction qui clame vouloir gagner maintenant, c’est difficile à défendre.
Kyrou veut venir. Il est dans une colère noire. L’équipe a l’espace. L’alignement est mûr. Et les partisans s’impatientent.
Certains évoquent une solution de compromis : offrir le choix de 1re ronde 2026, protégé top 10.
Si le Canadien termine dans le top 10 de la loterie, le choix est repoussé à 2027.
Cette formule a déjà été utilisée ailleurs. Elle fonctionne. Mais Gorton hésite toujours.
Et chaque jour qui passe, Kyrou devient plus frustré.
Kyrou est en colère, et il a raison Ce n’est pas un caprice.
Jordan Kyrou a fait le travail. Il a marqué. Il a livré. Il a porté l’attaque de Saint-Louis pendant quatre saisons.
Et là, on le tasse pour un espoir. On le place sur la deuxième ligne. On le relègue au deuxième power play.
Sans explication. Sans égard. Sans reconnaissance.
Il est en colère. Et il est prêt à partir.
Le Canadien a une chance unique.
Un joueur offensif dans son prime, qui veut venir. Qui est déjà sous contrat. Qui a un lien avec Suzuki. Qui pourrait transformer le top 6 du club en 48 heures.
Mais la direction hésite.
Parce qu’elle a peur de manquer Gavin McKenna si la saison déraille. Gorton sait trop bien que le CH n'est jamais à l'abri d'une saison catastrophique malgré tous les espoirs.
Voilà pourquoi le duo Hughes-Gorton protège son choix 2026 comme un lingot d’or.
Parce qu’elle ne veut pas faire « le move de courage », comme dirait McGuire.
Mais à un moment donné, il faut décider si on joue pour repêcher… ou pour gagner.
Et à Saint-Louis, Kyrou a déjà pris sa décision.
Il ne veut plus être là...