Martin St-Louis joue avec le feu : sa vengeance froide contre les médias et l'humiliation publique d’Arber Xhekaj va lui faire tout perdre s'il continue comme ça.
Martin St-Louis entretient le doute, cultive le flou, et manipule les médias comme des pions sur un échiquier. Mais ce matin, au Centre Bell, la tension était à couper au couteau.
Car plus qu’un simple « game-time decision », c’est un jeu de pouvoir qui s’est joué — un bras de fer entre un entraîneur en guerre contre ses détracteurs… et une province entière qui réclame justice pour Arber Xhekaj.
Les observateurs aguerris l’ont remarqué tout de suite. Ce matin, contrairement à la coutume, Martin St-Louis a décidé de parler à ses joueurs longuement avant de rencontrer les médias. Ce n’est pas rien. Ce n’est pas un hasard. C’est un choix calculé. Une stratégie médiatique. Un "statement".
Quand un entraîneur choisit de s’exprimer le premier à ses joueurs avant les médias, c’est qu’il veut cadrer le message.
C’est qu’il veut être le narrateur, pas le personnage. Et dans le cas de St-Louis, c’est clair et net : il veut reprendre le contrôle du discours. Un discours qui lui échappe depuis que le nom d’Arber Xhekaj est scandé partout sur les réseaux sociaux, réclamé dans les médias, et défendu par d’anciens joueurs, analystes, et même partisans adverses.
Mais ce matin, au lieu de donner des réponses, Martin St-Louis a distribué des énigmes.
« Quelques gars endurent des bobos. On va prendre des décisions avant le match », a-t-il balancé, l’air détaché. Comme si la tempête qui secoue le vestiaire et l’état-major du CH n’existait pas.
Pendant ce temps, Patrik Laine — cible constante de critiques depuis le début de la série — n’était pas sur la glace.
Selon l’organisation, il reçoit des traitements. La meilleure excuse pour l'envoyer dans les gradins. S’il est absent ce soir, comme plusieurs le pressentent, ce serait le moment parfait pour faire jouer Xhekaj… non?
Les journalistes sont unanimes. le Shérif jouera.
Mais St-Louis cache son jeu.
Parce que pendant ce temps, Arber Xhekaj et Michael Pezzetta étaient les deux seuls joueurs à faire de l’extra après l’entraînement, en compagnie du troisième gardien Jakub Dobes. Et dans le langage codé de la LNH, faire de l’extra = être rayé de l’alignement. Encore une fois.
Pour un défenseur comme Xhekaj, qui a mordu dans chaque occasion comme un pitbull depuis qu’il est arrivé dans la LNH, c’est une autre humiliation publique. Une exclusion délibérée. Un message. Même s'il joue ce soir, St-Louis veut envoyer le message qu'il est là par défaut.
Un message dur. Un message cruel. Mais surtout, un message personnel.
Ce n’est plus du hockey. C’est une vendetta.
Dès le camp d’entraînement, St-Louis a semblé chercher à « casser » Xhekaj. Il lui a retiré son surnom de « Shérif ».
Il l’a forcé à refaire ses classes. Il l’a rétrogradé. Il l’a sorti de l’alignement pour des raisons « d’ajustement ». Et chaque fois, la ligne de presse était la même : il doit apprendre.
Apprendre quoi, au juste? À être moins lui-même?
Martin St-Louis, en voulant gommer la personnalité de Xhekaj, a voulu fabriquer un soldat sans identité. Un défenseur standardisé. Mais le problème, c’est que Xhekaj n’est pas standardisé. Il est unique. Et c’est justement ce qui fait sa force.
Et aujourd’hui, au moment où le CH est dominé physiquement par les Capitals, où Lane Hutson se fait tabasser en série, où Cole Caufield reçoit des doubles-échecs dans la bouche sans que personne ne riposte, le seul joueur capable de rétablir l’ordre a été cloué dans les gradins.
Par entêtement. Par orgueil. Par vengeance.
Et St-Louis envoie maintenant le message que si Xhekaj joue ce soir, c'est uniquement parce que Patrik Laine est blessé.
Depuis deux jours, le coach du CH est piqué au vif. Il lit. Il entend. Il sait que des segments entiers d’émissions sportives lui sont désormais consacrés. Il sait que la foule gronde.
Et au lieu de désamorcer, il souffle sur les braises. Il alimente le mystère. Il joue avec les journalistes. Il lance des phrases creuses, puis quitte la salle.
Et ce n’est pas tout. Des rumeurs persistantes — jamais confirmées officiellement, mais répétées par plusieurs sources dans le milieu — suggèrent que l’entourage de St-Louis aurait demandé aux journalistes accrédités de ne plus poser de questions sur Xhekaj lors des points de presse. Une sorte d’embargo. Un silence imposé.
Et pourtant, le nom du Shérif revient sans cesse. Dans les rues, dans les salons, dans les forums. Parce que le peuple, lui, n’a pas oublié.
Ce qui est fascinant dans tout ça, c’est que Martin St-Louis, qui a bâti son image sur l’authenticité, la transparence, l’humanité, semble aujourd’hui prisonnier d’un ego qu’il ne contrôle plus.
Il refuse d’admettre qu’il a peut-être tort. Il refuse de faire amende honorable. Il refuse de faire confiance à un joueur que l’équipe et la province réclament.
Et ce soir, si le CH perd encore, c’est tout ce château d’orgueil qui pourrait s’effondrer.
Et si Laine est absent, que Xhekaj joue et que Montréal l'emporte, ce sera l’aveu suprême. La confirmation que le problème était personnel et que St-Louis a fait perdre les deux premiers matchs du CH par orgueil.
St-Louis veut que Xhekaj reste dans l’ombre. Un joueur qu’on voit s’entraîner, mais qu’on ne laisse plus exister. Jusqu’à la transaction cet été.
Parce que ne nous trompons pas : Arber Xhekaj partira de Montréal cet été.
Peu importe s'il joue ce soir ou non.