Frissons dans la salle de presse: Martin St-Louis vise Bill Guérin

Frissons dans la salle de presse: Martin St-Louis vise Bill Guérin

Par David Garel le 2025-10-30

Il n’a pas mentionné son nom. Il n’a pas rappelé les propos blessants du passé. Il n’a même pas nommé Team USA.

Et pourtant, dans sa façon de parler de Cole Caufield, Martin St-Louis a lancé un véritable missile en direction de Bill Guerin, qui pencherait vers l’exclusion de Caufield de la formation américaine olympique par des propos que plusieurs jugent encore insultants.

Guerin a laissé entendre aux journalsites du site de la LNH que Caufield était unidimensionnel, peu utile sans la rondelle, et trop petit pour les matchs à enjeux élevés.

Mais le petit numéro 22 du Canadien de Montréal a grandi, pas en taille, mais en impact, en respect et surtout en maturité dans son jeu.

Et c’est précisément là que le message de St-Louis devient percutant. Il ne parle pas juste de Cole comme buteur. Il parle de Cole comme joueur complet. Et il s’assure que tout le monde entende, y compris les sélectionneurs américains.

« Il a joué la game. Il a compris que la game, elle demande de faire des actions sur la glace. Puis, de temps en temps, la game, elle va te donner qu’est-ce que t’aimes faire sur la glace. »

Cette phrase est lourde de sens. Martin St-Louis dit à haute voix ce que plusieurs entraîneurs pensent tout bas : tu ne peux pas bâtir une équipe gagnante seulement avec des vedettes offensives qui ne savent pas gagner leurs batailles.

Mais il précise aussi que Cole a compris cela, qu’il a changé, qu’il s’est transformé. Il n’est plus le franc-tireur passif de ses débuts. Il est devenu un compétiteur engagé, conscient que la liberté offensive se mérite.

Et c’est là que le message devient politique.

Bill Guerin fait fuiter dans certains cercles médiatiques que Cole Caufield n’a pas le profil pour des matchs robustes et exigeants. 

Guerin n’a jamais corrigé le tir. Et depuis, une forme de rancune silencieuse s’est installée.

Le message de St-Louis aujourd’hui, c’est donc plus qu’un simple compliment à son joueur. C’est une tentative de réhabilitation publique.

« Il joue plus grand maintenant que sa taille. C’est quelque chose dont on a beaucoup parlé. La façon dont Cole va gagner une bataille est différente, mais il les gagne. Il est plus impliqué physiquement, et ça augmente ses chances de succès. »

On est loin du stéréotype que Guerin avait présenté. Et on est encore plus loin du profil d’un joueur unidimensionnel. St-Louis veut que le monde sache que son joueur a compris la game au complet : le backcheck, les duels en échec avant, la gestion de l’espace, le respect des consignes en zone défensive. Il ne veut plus que Caufield soit vu comme un produit marketing. Il veut qu’il soit considéré comme une arme stratégique.

Mais l’entrevue de Martin St-Louis ne se limite pas à un plaidoyer pour Caufield. Elle contient aussi un segment puissant en faveur de Nick Suzuki, qui n’a jamais raté un match depuis ses débuts dans la LNH, et qui affiche une constance à glacer le sang.

St-Louis insiste sur l’intelligence de jeu de son capitaine, sur sa capacité à gérer son énergie, ses émotions et sa charge mentale tout au long d’une saison.

« Il comprend que ce n’est pas toujours son tour de travailler sur la glace. Des fois, c’est du travail mental. Il est capable de gérer son énergie, je trouve qu’il a toujours du gaz à la fin de la game. Il prend soin de ses affaires. »

Ce que St-Louis fait ici, c’est de décrire exactement ce que les dirigeants de Hockey Canada réclament d’un joueur de centre dans un tournoi à haute pression : un joueur fiable, durable, intelligent, responsable, capable de survivre à un rôle défensif ou de soutien si nécessaire.

Ce n’est pas un plaidoyer pour lui faire gagner le trophée Hart. C’est un plaidoyer pour le mettre au centre d’un quatrième trio de l’équipe canadienne. Dans les mots de St-Louis, Nick Suzuki incarne la stabilité. Et dans un tournoi court comme les Jeux, c’est la ressource la plus précieuse.

Il faut comprendre que Martin St-Louis est trop intelligent pour ne pas savoir ce qu’il fait. Il sait que son entrevue allait être analysée par les médias de Montréal.

Il sait que les dirigeants de USA Hockey et de Hockey Canada écoutent. Et il sait aussi que les Jeux olympiques de 2026 approchent à grands pas. Les discussions sur les noyaux potentiels sont déjà entamées. Et les réputations se construisent maintenant.

En parlant de "puck possession", de "calculated play", de "mental engagement", St-Louis dresse un portrait idéalisé de ses leaders. Et ce n’est pas un hasard si les deux joueurs qu’il met en valeur sont exactement ceux qui ont été ignorés ou sous-estimés par leurs fédérations respectives.

Depuis le début de la saison 2025-2026, Cole Caufield est en feu. Il marque au point d'être le meilleur buteur de la LNH. Mais il fait aussi gagner son trio autrement. Il coupe des passes en repli. Il complète ses mises en échec. Il ressemble à un joueur modèle, sans jamais perdre sa touche de génie.

La transformation de Caufield est réelle, et elle a été amorcée au contact de Martin St-Louis dès son arrivée. Ce dernier le rappelle dans l’entrevue :

« Je n’ai pas enseigné à Cole comment jouer de la game, je jouais juste avec lui. J’ai travaillé à construire la relation, à lever l’esprit et à enseigner. Mais Cole a beaucoup de mérite. »

Ce passage est crucial. Il montre que St-Louis ne veut pas s’attribuer tout le crédit. Il veut que le monde voie la volonté de Caufield de devenir meilleur. Et cette volonté-là, c’est le cœur de tout joueur olympique.

Ce n’est pas la vitesse brute ou le gabarit qui définissent les grands dans un tournoi court. C’est la capacité d’écouter, d’ajuster, de performer dans un système exigeant.

Caufield a prouvé qu’il pouvait le faire. Et s’il est à nouveau ignoré par Team USA, ce ne sera plus à cause de ses défauts. Ce sera à cause de Bill Guérin l'aveugle.

Le cas de Nick Suzuki est plus délicat. Il ne marque pas 40 buts. Il ne fait pas de jeux spectaculaires. Mais il est là, toujours, et il performe toujours. Aucun match manqué. Aucun scandale. Aucune baisse d’effort. C’est l’anti-diva.
St-Louis le sait, et il tente de le vendre au reste du pays comme l’un des centres les plus fiables de la LNH.

Hockey Canada pourrait être tenté de lui préférer des joueurs plus électrisants comme Connor Bedard. Mais dans un rôle de soutien, comme centre du troisième ou quatrième trio, Suzuki pourrait devenir un pilier silencieux d’une conquête olympique. Et Martin St-Louis vient de le leur rappeler.

Ce n’est pas un hasard si Martin St-Louis a livré ces commentaires maintenant. Il sent que la fenêtre se referme tranquillement pour ces deux joueurs. Il sait que la sélection olympique est un jeu de réputation, pas juste de statistiques. Et il veut que la vérité soit dite : Cole Caufield n’est plus un joueur unidimensionnel. Nick Suzuki n’est plus un jeune prometteur.

Les deux sont prêts pour la plus grande scène. Et St-Louis vient d’annoncer au monde entier qu’il est temps de leur donner leur chance.

Si Bill Guerin ou Hockey Canada refusent encore de les voir, ce ne sera plus parce qu’ils ne méritent pas. Ce sera parce qu’ils sont ignorés volontairement.