Clap de fin à Pittsburgh : Marc‑André Fleury et Sidney Crosby se font un dernier clin d’œil

Clap de fin à Pittsburgh : Marc‑André Fleury et Sidney Crosby se font un dernier clin d’œil

Par André Soueidan le 2025-09-26

L’air était lourd de nostalgie ce matin à Cranberry Township.

Le jour tant attendu était arrivé ... ou du moins cette parenthèse si chargée d’émotion que personne dans l’univers du hockey n’a osé croire possible.

Pour quelques heures, Marc‑André Fleury a remis son costume de Flower, a ressorti les jambières noires et or, et s’est offert un retour tellement symbolique qu’il a figé le temps pour ceux qui regardaient.

Il était là pour une dernière danse avec ses anciens compagnons. Sidney Crosby n’était pas loin. Et Fleury, dans un arrêt face à lui, a volé bien plus qu’un tir : il a volé un souvenir.

Ce PTO  signé par Fleury, c’est un geste qui ne trompe pas : l’homme se savait semi-retraité, mais il avait besoin de boucler la boucle. 

Il ne revient pas pour raviver un pari de carrière ou monopoliser un poste ; il revient pour un hommage, une dernière ovation. 

Il fera deux entraînements, puis on le verra au filet dans le match préparatoire contre les Blue Jackets, pour ce qui sera son au revoir sous le maillot qu’il a porté pendant treize saisons. 

Mais ce n’est pas cette planification cérémoniale qui fait vibrer le cœur des partisans aujourd’hui. C’est l’instant volé : Crosby devant lui, tir dans les cinq.

Et Fleury, dans sa posture, avec ce masque qu’on connaît, réalise un arrêt splendide. On parle d’un geste pur — pas contre un adversaire inconnu, mais contre un frère de patinoire, un pilier de la même dynastie. Cette image là, pour moi, scelle la fin d’une ère.

Fleury n’a jamais nié qu’il était encore émotionnellement attaché à Pittsburgh.

« Je vais jouer un segment du match. Je ne veux pas revenir à temps plein. J’ai dit que je suis toujours à la retraite » a-t-il affirmé récemment. 

Il ne cherche pas à semer la confusion, mais à offrir une note finale en noir et or, à revoir ce qui a façonné son hockey.

Il dit que ce PTO est un clin d’œil à son passé, une célébration avec ses pairs, ses fans, l’organisation. 

Et pour Crosby, qui l’a vu arriver avec ses premières souliers noirs et or, cette séquence-là ... un tir stoppé, le regard figé sur le filet, l’émotion sous-jacente ... c’est plus qu’un arrêt. C’est un adieu masqué.

Un moment silencieux dans lequel toute une génération se retrouve.

Crosby et lui ne se verront plus ici de cette façon. Plus dans un entraînement matinal. Plus dans un défi de tirs.

Plus sous ce maillot dans la patinoire de Pittsburgh. Ce moment est exclusif, unique, imposé par le temps qui force la séparation.

Mais la vérité, c’est que ce clin d’œil entre Crosby et Fleury n’est pas qu’un adieu au passé.

C’est peut-être un adieu à Pittsburgh. Du moins, à ce que Pittsburgh représentait.

Parce que pour Sidney Crosby, l’horloge tourne aussi.

Et malgré tout le respect qu’il a pour l’organisation, le message est clair depuis quelques mois : il veut encore gagner.

Pas participer. Pas rebâtir. Gagner.

Et quand on l’entend dire que lui, il ne connaît pas ça, un club en reconstruction, parce qu’il a toujours été programmé pour la victoire… ça en dit long.

Il n’a pas le cœur à servir de grand frère pour un noyau de recrues qui ne savent même pas c’est quoi, les séries.

Et c’est là qu’on touche une corde sensible. Si Pittsburgh ne veut pas compétitionner maintenant, il faudra le laisser partir. Et ça, c’est un coup de poing dans le ventre pour les partisans.

Parce qu’après avoir vu Malkin vieillir, Letang ralentir, et maintenant Fleury revenir seulement pour faire ses adieux… l’idée que Crosby  puisse finir sa carrière ailleurs, c’est la confirmation que la dynastie est morte.

On ferme les lumières. Le dernier qui part éteint la switch.

Et s’il part… il y en a qui rêvent déjà à Montréal.

Parce que si Fleury peut revenir à Pittsburgh, pourquoi Crosby ne pourrait pas finir là où son cœur a toujours battu un peu plus fort?

Là où son idole Mario Lemieux est encore un monument.

Là où il a toujours été reçu comme un roi. Et surtout, là où l’histoire pourrait boucler une autre boucle. Un peu comme Fleury l’a fait.

Pas pour recommencer une nouvelle ère. Mais pour fermer la dernière. Avec panache.

La nostalgie est, bien sûr, absolue : Fleury a été repêché numéro un en 2003 par les Penguins, il a posé les fondations du succès de la franchise avec trois Coupes Stanley. 

Crosby, quant à lui, a incarné le hockey post‑lockout — le hockey rapide, technique, moins brutal mais plus intelligent.

Ensemble, ils ont été des symboles d’une transition : l’ancien système laisse place à un nouveau style, et ces deux hommes en furent les fers de lance.

Aujourd’hui, Fleury revient pour rappeler qu’ils ont marché côte à côte pendant une époque où tout changeait. Pour sceller un pacte d’adieu avec un arrêt magistral.

Ce PTO n’est pas un geste forcené. Il est humble, calculé, touchant.

Dubas lui-même avoue que l’organisation a voulu offrir ce moment à Fleury, à sa famille, aux fans.  Il ne revient pas pour supplanter Tristan Jarry ou Arturs Silovs.

Il revient pour être le gardien d’un souvenir. Pour porter un clin d’œil. Pour marquer un point final. Pour que tous ceux qui ont aimé ce maillot, cette patinoire, cette ère puissent respirer une dernière fois ce parfum de leg.

Alors oui, le retour de Fleury est symbolique. Le match du 27 septembre s’annonce comme la fête d’une vie dédiée au hockey.

Mais ce matin à l’entraînement, ce sourire silencieux, ce tir stoppé sur Crosby, c’est ce qu’on retiendra. Ce n’est plus le duel d’un joueur contre un autre.

C’est une affirmation : « Ici, au moins, Fleury finira où il a commencé. »

Dans l’œil des fans, dans les souvenirs gravés, dans le murmure des anciens coéquipiers et adversaires, on va se repasser cette séquence.

Parce que ce n’est pas seulement un arrêt. C’est un dernière image gravée. C’est un dernier clin d’œil, entre deux légendes qui ont façonné notre monde du hockey.

La fin d’une époque ne se crie pas. Elle se chuchote.

Et ce matin, à Pittsburgh, c’est toute une génération qui a vu son rideau tomber.

En silence, mais avec la gueule pleine de souvenirs.

AMEN