Christian Dvorak a toujours été ce gars-là. Jamais spectaculaire, jamais bruyant, mais toujours présent.
À Montréal, on le regardait à peine. Il ne faisait pas de vagues, mais il gagnait ses mises au jeu.
Il mangeait des minutes en désavantage numérique. Il rendait service à tout le monde… sauf à lui-même.
Il était le genre de joueur qu’on remarque uniquement quand il n’est plus là. Et c’est exactement ce qui est en train de se produire.
Aujourd’hui, il a récolté un but et une passe dans une victoire des Flyers en tirs de barrage.
Mais ce n’est pas le point ici. Le point, c’est avec QUI il l’a fait.
Dvorak a été flanqué aux côtés de Matvei Michkov et Trevor Zegras, dans ce qui ressemble à une troisième ligne, mais qui joue comme une première.
Zegras, le styliste. Michkov, le prodige russe. Et entre les deux… le centre fiable.
Le gars que tu peux envoyer sur la glace contre n’importe qui. Le gars que le Canadien n’a plus.
Ce samedi, Christian Dvorak a marqué sur un superbe échange en zone offensive, après avoir gagné sa mise en jeu, lu le jeu, et coupé vers l’enclave.
But. Puis, en troisième période, il a été complice sur le but de Zegras. Une passe rapide, intelligente. Le genre de jeu qui ne fait pas le tour de Sportsnet, mais qui rend la vie facile à tes coéquipiers.
Même Trevor Zegras, qui n’a pourtant jamais été connu pour distribuer les fleurs gratuitement, a tenu à souligner le rôle de Dvorak dans son réveil offensif.
Après avoir marqué ses deux premiers buts de la saison avec les Flyers, l’ancien des Ducks a lâché, sourire en coin : « J’étais constamment sur le dos de Dvorak pour qu’il m’en crée un. On joue ensemble depuis quelques matchs et il m’en devait une. Quel jeu il a fait, c’était vraiment plaisant. »
Cette complicité soudaine ne vient pas de nulle part.
Zegras, Dvorak et Matvei Michkov ont formé une troisième ligne étonnamment redoutable au cours de ce voyage à l’Ouest, et selon Zegras, le déclic s’est fait naturellement : « On commence à se trouver. Michkov est avec nous depuis quelques jours, on a eu beaucoup de discussions, de bons entraînements, de bons matchs, et ce soir, ça a rapporté. »
Aujourd'hui, ce n’est pas seulement Zegras qui s’est fait justice : c’est aussi Christian Dvorak qui vient de rappeler au Canadien ce qu’il aurait pu encore offrir… avec les bons coéquipiers.
À Montréal, on l’a traité comme un contrat à éliminer.
Rappelons qu’à la fin de la dernière saison, c’est Nick Suzuki lui-même qui avait cogné à la porte de Kent Hughes.
Le capitaine croyait dur comme fer au noyau du Canadien.
Il ne voulait pas voir un seul soldat être sacrifié dans une tentative désespérée de course aux séries. Il voulait que le groupe reste uni, solidaire.
Et pourtant, pendant que Suzuki professait sa foi envers ses coéquipiers, Christian Dvorak, lui, tournait le dos à Montréal.
Il s’est envolé pour Philadelphie sans regarder derrière.
Les Flyers lui ont donné 5,4 millions pour une seule saison.
Un contrat simple, sans engagement à long terme.
Juste une tape dans le dos et une opportunité.
Et tu sais quoi? Le Canadien aurait très bien pu lui offrir la même chose. Un an. 5,4 millions.
Pour un gars de 29 ans, encore capable de stabiliser un trio, de gagner des mises au jeu, de sécuriser un joueur comme Ivan Demidov.
Aujourd’hui, ce contrat-là ne fait même pas mal. Il fait juste mal… parce qu’il ne l’a pas signé ici.
Mais non. Kent Hughes a préféré miser toute sa saison sur Kirby Dach.
Et maintenant que le château s’effondre, il ne reste rien.
On tente Joe Veleno. On espère une étincelle de Newhook. On lance des lignes au hasard et on prie.
Pendant ce temps, à Philadelphie, Christian Dvorak est tranquille, efficace, productif.
En huit matchs, il a déjà quatre points, et il gagne plus de 52 % de ses mises au jeu. Et surtout, il fait jouer Michkov comme une vedette. Il joue le rôle qu’on rêvait pour Demidov.
Le pire dans tout ça? Dvorak aurait adoré jouer ce rôle.
Il aurait accepté. Il l’a toujours fait. Ce n’est pas un gars qui exige l’avantage numérique. Il veut juste être utile. Et en ce moment, il l’est plus que jamais.
On disait qu’il était trop lent. Qu’il n’était plus dans les plans. Qu’il fallait tourner la page.
Mais ce samedi, dans une victoire que les Flyers sont allés chercher contre les Islanders, le nom de Dvorak a encore résonné.
Le genre de journée où tu réalises que les choix de gestion, parfois, ne sont pas que des chiffres sur un tableur Excel.
Ce sont des humains, des carrières, et des erreurs qu’on paie longtemps.
Christian Dvorak n’est pas une star. Il ne sera jamais une star. Mais il vient de rappeler à tout le monde, et surtout à Kent Hughes, qu’il aurait pu faire toute la différence pour un jeune joueur comme Ivan Demidov.
Il aurait pu changer le ton du début de saison du Canadien. Il aurait pu rendre ce projet russe encore plus convaincant.
Aujourd’hui, il le fait à Philadelphie. Silencieusement. Mais brillamment.
Et pendant que Michkov s’éclate à ses côtés, on ne peut s’empêcher de penser à ce que Demidov est en train de manquer.
Ce n’est pas juste un centre qu’on a laissé filer. C’est un stabilisateur. Un joueur de séries. Un gars qu’on aurait aimé avoir quand tout va mal.
Et comme dans tout bon film d’horreur, c’est souvent le fantôme qu’on a oublié qui revient hanter ceux qui ont voulu faire table rase.
Misère...
