Choc mental : Dany Dubé prévient Jakub Dobes

Choc mental : Dany Dubé prévient Jakub Dobes

Par André Soueidan le 2025-11-07

À Montréal, on aime les histoires de passion, de talent, de jeunesse… mais Dany Dubé vient de rappeler une vérité brutale : dans cette ville, l’émotion ne te sauve pas.

Elle peut même te détruire. Et ce qu’il a vu chez Jakub Dobeš après la défaite contre les Devils l’a frappé de plein fouet.

Le jeune gardien était en larmes devant les médias, incapable de retenir ce qu’il ressentait.

« Je suis déçu de moi », a-t-il lancé avec une voix brisée.

C’était touchant. Humain. Mais aux yeux de Dany Dubé, c’était aussi un signal d’alarme.

Il ne l’a pas dit pour faire mal. Il l’a dit parce qu’il a vu le danger :

« Jakub Dobes est encore jeune, un “p’tit bébé”, comme le dirait Ron Fournier! Sa réaction, jeudi soir, m’a beaucoup interpellé puisque le gardien du Canadien devra impérativement apprendre à gérer les attentes s’il ne veut pas que la LNH l’avale tout rond. »

Ça frappe. Et ça résume tout.

Dans cette ligue, tu peux être talentueux, tu peux être intense, tu peux même pleurer. Mais si tu ne sais pas te protéger mentalement, la LNH t’avale tout rond. Et à Montréal, ça va encore plus vite.

Dubé ne remet pas en question l’homme, ni l’athlète.

Au contraire : il insiste sur le fait que cette sensibilité, ce niveau d’exigence envers soi-même, c’est souvent ce qui distingue les vrais gagnants des passagers. Il l’a écrit noir sur blanc :

« Tu ne peux pas réussir dans ce milieu-là si tu n’es pas ambitieux, exigeant. Si tu n’as pas des standards très élevés envers toi-même. Je ne connais personne qui a du succès sur une base régulière sans cet aspect de sa personnalité. »

Mais il ajoute immédiatement .... et c’est là que l’avertissement se loge ... que cette exigence peut te détruire si tu ne fais pas la différence entre performance… et résultat.

Et ce soir-là, selon Dubé, Dobeš ne faisait plus la distinction.

Ce que Dubé reproche à Dobeš, ce n’est pas d’avoir mal joué. Ce n’est même pas d’avoir été émotif. Ce qu’il voit, c’est un jeune gardien prisonnier du résultat. Et ça, selon lui, c’est le piège mortel.

Il l’explique simplement :

« Une réaction comme celle de jeudi soir démontre toutefois une chose : oui, Dobes a des standards élevés envers lui-même, mais il n’a pas encore appris à se détacher du résultat. »

Parce que dans la vie d’un gardien ... surtout dans la LNH ... le résultat n’est pas un choix.

Tu peux faire tout ce qu’il faut, parfaitement, et quand même perdre. Et si tu te définis par ça, tu es condamné à te briser.

Dubé poursuit :

« Parce qu’en fin de compte, le résultat est l’un des éléments sur lequel tu n’as absolument aucun contrôle. Tu ne peux te définir par le résultat. »

Ce n’est pas une phrase pour faire joli. C’est un avertissement. Parce que si Dobeš continue à pleurer chaque défaite, à absorber chaque but comme si sa carrière dépendait de celui-là… il ne survivra pas à Montréal.

Pas dans cette ville où chaque erreur devient virale, où chaque soupir devient un débat radiophonique.

Dany Dubé ne fait pas que critiquer. Il donne un cadre. Un mode d’emploi pour survivre dans ce marché qui dévore ses gardiens depuis 30 ans :

- Préparation ... le travail avant le match, avec les entraîneurs.

- Exécution ...  appliquer ton plan, même si l’adversaire est meilleur.

- Gestion du résultat ... analyser, digérer, puis recommencer.

C’est là que Dobeš a flanché : à l’étape 3. Il a absorbé la défaite comme une identité, au lieu de la voir comme un épisode. Et ça, Dubé le dit clairement :

« Si Dobes ne parvient pas à apprendre ça, il s’infligera de l’usure inutile pour quelque chose sur lequel il n’a aucun contrôle. »

Mais attention : Dubé ne démolit pas Dobeš. Il le respecte. Il voit même en lui ce que les autres ne voient pas : un vrai compétiteur.

Carey Price lui-même l’avait remarqué. Dubé raconte :

« L’an dernier, j’ai passé une demi-heure avec Carey Price à Vancouver, durant un entraînement du CH, et il me disait à quel point ce qui lui sautait aux yeux quand il regardait Dobes, c’était son sens de la compétition, le fait qu’il n’abandonne jamais. »

Et c’est là toute la beauté du message. Dubé ne dit pas à Dobeš : “calme-toi, sois moins intense.” Il lui dit : “reste intense… mais apprends à survivre.”

Même Martin St-Louis l’a compris. Son commentaire, après le match, résume tout :

« on va lui faire une caresse ».

Ce n’était pas une blague. St-Louis sait qu’en ce moment, ce gardien n’a pas besoin d’un rappel technique. Il a besoin qu’on l’empêche de se briser.

Et Dubé conclut avec cette citation qu’il dit avoir gardée en tête toute sa carrière d’entraîneur :

« Les bons joueurs ont besoin de plus de réconfort que de conseils. Le talent va prendre soin du reste. »

C’est exactement le cœur du dossier. Jakub Dobeš n’a pas besoin qu’on lui dise comment bouger ses pieds ou lire les lancers. Il a besoin d’apprendre à survivre mentalement à Montréal.

Parce que Montréal ne fait pas grandir les gardiens. Montréal les teste. Montréal les avale… ou les transforme en légendes.

Et aujourd’hui, ce que Dany Dubé lui dit n’est pas une attaque. C’est peut-être la première main tendue pour l’empêcher de se faire détruire avant même d’avoir commencé.

Jakub Dobeš peut devenir un gardien d’élite. Il a le talent. Il a la compétition. Il a même les larmes — ce qui prouve qu’il en meurt d’envie.

Mais s’il ne comprend pas ça, ce ne sera pas la LNH qui va l’éteindre. Ce sera Montréal.

À suivre ...