Changement de scénario à Montréal: Zachary Bolduc perdant dans la chambre

Changement de scénario à Montréal: Zachary Bolduc perdant dans la chambre

Par Marc-André Dubois le 2025-07-28

Il y a parfois des moments, dans une carrière de joueur, où tout peut basculer sans même que le principal intéressé ne soit sur la photo.

Pour Zachary Bolduc, ce week-end était de ceux-là. Et même s’il n’a rien fait de mal, même s’il continue de faire tout ce qu’il faut pour se tailler une place dans l’alignement, force est d’admettre qu’il a peut-être perdu gros… sans même avoir mis un pied sur la glace.

Le mariage de Nick Suzuki n’était pas qu’un événement festif ou romantique. Il s’est transformé, bien malgré lui, en une démonstration de hiérarchie interne au sein du Canadien de Montréal.

Qui était là? Qui était sur les vidéos virales? Qui dansait torse nu avec un verre à la main, riant à pleins poumons au cœur du groupe? Patrik Laine.

Et Bolduc, lui? Absent. Invisibilisé. Silencieux.

Bien sûr, personne ne s’attendait à ce qu’un joueur qui n’a pas encore disputé une saison complète dans la LNH soit sur la liste d’invités d’un mariage aussi intime.

Mais ce n’est pas la question. Ce que les images ont projeté, c’est un message brutal et percutant : Laine est dans le cercle. Bolduc ne l’est pas encore.

Le vent tourne… et vite...

Il y a quelques semaines à peine, les experts et les partisans répétaient en boucle que le deuxième trio du Canadien allait être formé de Kirby Dach au centre, Ivan Demidov à droite, et Zachary Bolduc à gauche.

L’affaire semblait entendue. Un joueur physique, capable de jouer nord-sud, de faire de l’échec avant et de libérer de l’espace pour le magicien russe. Le complément idéal.

Tous les médias validaient cette vision d’un trio équilibré où Bolduc remplirait un rôle essentiel dans la mécanique de Demidov. Et il faut l’avouer : ça avait du sens.

Mais entre les plans théoriques et la réalité du vestiaire, il y a un monde.

Parce que pendant que Bolduc se prépare loin des projecteurs, c’est Patrik Laine qui vole le show à Brossard. Premier sur la glace. Premier à danser. Premier à rétablir le lien avec ses coéquipiers. Et surtout, premier à dire publiquement qu’il veut jouer avec… Ivan Demidov. Encore. Malgré leur première tentative catastrophique en fin de saison dernière. 

Chaque jour à Brossard, une routine intrigante s’est installée : Ivan Demidov et Patrik Laine s’entraînent ensemble, sans relâche, comme s’ils tentaient délibérément de créer une chimie bien réelle avant même le début officiel du camp.

Tandis que plusieurs joueurs alternent entre séances sur glace et soins hors-glace, ces deux-là patinent, échangent des passes, pratiquent des jeux à deux, et peaufinent des enchaînements offensifs.

Ce n’est pas un hasard. Il y a dans cette collaboration une volonté claire d’établir une connexion. Laine veut prouver qu’il peut évoluer aux côtés du prodige russe.

Demidov, lui, semble ouvert à l’idée. Ce duo improbable commence tranquillement à bâtir un langage commun sur la glace… une complicité qui pourrait bien rebrasser toutes les cartes dans la construction du deuxième trio.

On parle ici d’un joueur qui a été vu comme un fardeau contractuel, une erreur à corriger, une priorité à échanger dès que possible.

Et pourtant, non seulement il n’a pas été racheté, mais les rumeurs de transaction qui faisaient rage en juin se sont éteintes aussi vite qu’elles sont apparues.

Le camp d’entraînement sera un champ de bataille déguisé.

Tout va se jouer en septembre. Martin St-Louis a entre les mains un échiquier complexe. Un alignement jeune, talentueux, mais encore fragile à certains endroits. Et dans cette configuration, chaque poste du top 6 va se mériter à la sueur du front.

Si Bolduc veut jouer avec Demidov, il devra faire plus que remplir un rôle défensif. Il devra voler la vedette. Parce qu’en ce moment, c’est Laine qui va avoir la pôle considérant la mentalité de "méritocratie" de St-Louis.

Surtout qu'il ne voudra pas que Laine fasse la baboune.

Le Finlandais a marqué 20 buts en 52 matchs la saison dernière, malgré une blessure, malgré une insertion tardive, malgré un état émotionnel "shaky".

Et sur ces 20 buts, 15 sont venus en avantage numérique. À lui seul, il représentait près du tiers de la production sur le power play du CH.

Imaginez un instant ce qu’il pourrait faire en santé, avec Demidov pour le servir…

Bolduc est-il une victime collatérale d’une renaissance?

L’ironie, c’est que Zachary Bolduc n’a rien fait de mal. Au contraire. Il a connu une excellente fin de saison dans la Ligue américaine, il a brillé lors de ses appels à Montréal, il a même séduit les entraîneurs par son éthique de travail. Mais dans la LNH, le timing est tout. Et le timing, actuellement, est cruel.

Le narratif a changé.

Laine, qui devait quitter, est maintenant vu comme une possible pièce centrale.

Bolduc, qui devait être le nouveau venu à encadrer Demidov, est peut-être en train d’être relégué sur un troisième trio avec Jake Evans et Josh Anderson.

Un luxe… ou une injustice?

Est-ce une mauvaise chose pour l’organisation? Non. Avoir trop de bons joueurs, c’est un problème de luxe. Mais pour Bolduc, c’est une réalité brutale.

Il avait une autoroute devant lui. Et maintenant, il y a un feu rouge à cause d’un certain Finlandais qui refuse de quitter la route.

Car soyons honnêtes : Laine ne veut pas partir. Il l’a prouvé par sa présence sur la glace. Il l’a crié dans les médias. Et il l’a hurlé sur la piste de danse au mariage de Suzuki. Ce gars-là veut faire partie du groupe. Il veut marquer des buts. Il veut jouer avec Demidov. Et il est prêt à tout pour le prouver.

Tout n’est pas perdu. Loin de là. Bolduc aura toutes les chances de se faire valoir. Le camp d’entraînement sera le moment crucial pour renverser la vapeur.

Il devra montrer qu’il est plus qu’un gars de soutien. Qu’il peut, lui aussi, produire. Être physique ne suffit plus. Il doit être un moteur offensif. Parce que sinon, Martin St-Louis choisira le vétéran aux 8,7 millions. Celui qui est dans la salle. Celui qui a des antécédents de 40 buts.

Il ne faut pas sous-estimer non plus l’importance des symboles. Dans une ligue où les dynamiques de vestiaire pèsent lourd, ne pas être au mariage du capitaine, c’est compréhensible pour un nouveau venu… mais ce n’est pas neutre.

Et voir Laine si bien intégré, voir les gars rire avec lui… tout ça crée un univers auquel Bolduc devra s’adapter rapidement.

Parce que dans le monde de la LNH, l’intégration sociale est souvent le prélude à l’intégration tactique. Surtout dans le "country club" de Martin St-Louis.

Zachary Bolduc n’a pas perdu son talent. Il n’a pas perdu son potentiel. Mais il a perdu l’effet de surprise. Il a perdu l’avantage du momentum. Et si rien ne change d’ici là, il devra se battre plus fort que prévu pour se tailler une place dans le top-6.

C’est injuste? Peut-être. Mais c’est aussi ça, la réalité de la LNH.

Et pendant que Patrik Laine danse, Bolduc devra frapper à la porte avec un seul objectif : changer la musique.