On pensait que Martin McGuire avait peut-être appris de ses récents déboires.
Entre les humiliations répétées en conférence de presse, les échanges cinglants avec Martin St-Louis, les bourdes de micro ouvert et l’humiliation publique qui a suivi, tout indiquait qu’un peu de retenue aurait été salutaire.
Mais non. Fidèle à lui-même, McGuire est revenu à la charge, encore une fois en tentant de coincer Martin St-Louis avec une question à double tranchant — une question sournoise, déguisée en simple observation, qui avait un but clair : blâmer Lane Hutson pour la défaite.
Le jeune défenseur, prometteur et audacieux, a tenté une percée offensive en toute fin de match, une initiative qui a mené à un revirement et au but gagnant de Bo Horvat.
Était-ce un risque calculé? Sans doute pas.
Était-ce une erreur d’un jeune qui veut créer, provoquer, changer le match? Absolument. Mais de là à pointer du doigt un kid de 20 ans après une défaite crève-cœur, c’est non seulement malhabile, c’est indigne.
Et c’est exactement ce que Martin McGuire a essayé de faire:
« Qu’est-ce que tu penses? C’est une prise de décision de Lane. Je sais qu’il va vous faire gagner des matchs plus souvent qu’autrement dans l’avenir, mais qu’est-ce que tu as pensé de son choix de jeu? C’est-tu de l'expérience? »
Derrière la fausse bienveillance de cette question se cache une tentative claire de blâmer un espoir du CH.
Comme si McGuire espérait que St-Louis lâche un mot de travers, un aveu de culpabilité, une critique déguisée — quelque chose, n’importe quoi, qui pourrait être repris en boucle à la radio. Mais Martin St-Louis ne s’est pas laissé prendre au piège. Pas cette fois.
« Je ne sais pas. C’est une décision que tu prends dans les tranchées. C’est un kid qui a faim. On va regarder ça. »
Court. Froid. Tranchant. Fin de la discussion.
St-Louis n’avait aucune intention de laisser McGuire piétiner son jeune joueur. Et surtout, aucune patience pour se faire coincer par une tournure de phrase qui était visiblement un piège.
C’était une réponse qui voulait dire :
Touche pas à mes gars. » Et surtout : « Ne me prends pas pour un imbécile. »
Ce qui dérange ici, c’est que Lane Hutson n’est pas un joueur de bas-étage. C’est un "gamer", un talent brut, un défenseur qui a déjà montré qu’il pouvait changer l’allure d’un match à lui seul.
Oui, il a fait une erreur. Mais c’est le prix de l’audace, de l’instinct, du hockey offensif moderne. Qui oserait le crucifier pour avoir tenté de gagner?
McGuire, lui, semble avoir vu là l’opportunité parfaite d’alimenter un cycle médiatique. Et franchement, après tout ce qu’il a vécu ces derniers mois, c’est presque pathétique.
Il tente désespérément de reprendre le contrôle, de montrer qu’il a encore du mordant, qu’il est encore capable de “brasser la cage”. Mais le ton est mauvais. La cible est mauvaise. Le moment est mauvais.
Il faut dire qu’en 2024-2025, Martin McGuire accumule les dérapages. Entre les micros restés ouverts où on l’a entendu critiquer son équipe technique après les menaces verbales envers un réalisateur américain pendant les séries de 2021, les regards dédaigneux de Martin St-Louis en point de presse et maintenant cette tentative de blâmer un espoir du CH après une défaite, on assiste à la lente déconstruction d’un commentateur qui jadis imposait le respect.
Mais c'est vraiment depuis ce fameux incident du micro ouvert que sa réputation est en chute libre.
Martin McGuire, croyant être hors d’ondes, s’est exprimé sans filtre devant son équipe technique, visiblement ébranlé par la coupure soudaine de son entrevue avec Nathan MacKinnon.
« Ça a coupé. On était en entrevue avec MacKinnon et il était hyper pompé pis ça a débarqué. Tsé quand je te disais à matin qu’on fait pic-pic, on fait pic-pic. On essaie de jouer aux grands mais on n’est pas grands. »
Dès les premiers mots, le ton est donné. McGuire est furieux, déçu, et surtout, à bout.
Il a poursuivi, dans un déferlement d’émotions non maîtrisées, qui laisse entrevoir toute la tension accumulée en lui :
« Je suis un peu en maudit parce qu’on a le gars, on a MacKinnon pis là POUF, esti, ça pète! Je te le dis, ça me met hors de moi! On est dans les ligues majeures, on est là, on a toute la patente, on négocie l’entrevue, on a ça pis ça nous chie dans les mains encore! »
L’impression d’un homme qui s’effondre sous ses pieds en temps réel.
Mais ce n’était pas fini. McGuire, déjà lancé, a été sans pitié avec ses mots quand est venu le temps de viser la direction technique :
« Là, la technique va faire un meeting demain et dire qu’y vont regarder ça. Le prochain coup que Claude Hébert me dit que toute est beau pis c’est parfait pour tout le monde, je vais lui en reparler de celle-là. J’espère qu’y va l’écouter! Ça a chié! »
Ces propos, crus, sans retenue, étaient destinés à rester privés. Mais ils ont été diffusés, partagés, immortalisés.
C’est ce qui rend cette affaire encore plus dramatique. Il ne s’agit pas seulement d’un homme frustré. Il s’agit d’un professionnel de la radio, à bout de souffle, dont les plaintes internes deviennent publiques, livrées telles quelles à un public médusé.
Martin McGuire ne réalise pas que c’est toute sa crédibilité qui s’éffondre en direct.
Une scène d’une rare intensité, à la fois troublante, gênante et profondément triste pour un vétéran des ondes qui semble peu à peu s’effondrer sous le poids des attentes, de la pression… et de ses propres mots.
Et le plus tragique? McGuire ne semble même pas réaliser qu’il est en train de devenir le symbole de tout ce que les partisans détestent des médias sportifs : les jugements à l’emporte-pièce, les critiques faciles, les angles négatifs imposés de force, même au détriment de jeunes joueurs qui se donnent corps et âme pour l’équipe.
Non, Lane Hutson ne mérite pas d’être blâmé pour cette défaite. Il mérite qu’on l’encourage, qu’on lui donne le droit de faire des erreurs, d’apprendre, de grandir.
Et Martin St-Louis l’a parfaitement compris. C’est pourquoi il a refusé de s’engager dans le jeu mesquin de McGuire. C’est pourquoi il a tranché net, sans hausser le ton, mais avec une autorité glaciale.
McGuire est seul. De plus en plus seul.
Et plus il s’acharne, plus il semble dépassé. À une époque où les partisans sont plus informés, plus connectés, plus sensibles à l’attitude et à la rigueur des journalistes, les vieilles tactiques de provocation ne passent plus.
Surtout quand elles s’attaquent aux mauvaises personnes, au mauvais moment.
Cette fois, il a tenté de faire tomber un "kid". Mais c’est lui qui est tombé. Encore.