Au revoir Cayden Primeau: son père dans tous ses états

Au revoir Cayden Primeau: son père dans tous ses états

Par David Garel le 2025-11-07

Il y a un mois à peine, les Maple Leafs de Toronto ont tenté un pari. En réclamant Cayden Primeau au ballottage, eux qui venaient aussi de mettre la main sur Samuel Blais, ils pensaient peut-être ressusciter une carrière malmenée par l’instabilité montréalaise.

Mais aujourd’hui, la nouvelle est tombée comme une confirmation brutale : Cayden Primeau est de nouveau soumis au ballottage.

Et cette fois, il n’y a plus d’échappatoire, plus de circonstances atténuantes, plus de “il mérite une vraie chance”. Non. C’est la fin. Définitive. Primeau n’est pas un gardien de la LNH. Il ne l’a jamais été. Et il ne le sera jamais.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes, et ils font mal. En trois matchs cette saison avec les Leafs : une moyenne de buts alloués de 4.30, un taux d’efficacité de .838, et ce, malgré deux victoires sur trois.

Deux victoires obtenues malgré lui, pas grâce à lui. À Toronto, les dirigeants ont vu ce que le Canadien avait vu avant eux.

Primeau peut survivre un soir ou deux. Mais il ne tient pas la route. Il est instable, lent à se positionner, incapable de générer un momentum sur plusieurs matchs. Et dans une Ligue où chaque soir est une audition, c’est impardonnable.

On peut comprendre que les Leafs aient voulu tenter le coup. Joseph Woll était blessé, ils avaient besoin d’un troisième homme. Mais maintenant que Woll est prêt à revenir, après quelques matchs préparatoires dans la Ligue américaine, la décision était évidente : Primeau était celui de trop, celui qui coûte plus de buts qu’il n’en prévient. Le gars facile à tasser dans l’équation.

Mais si cette décision est logique sur le plan sportif, elle est surtout dévastatrice sur le plan symbolique. Parce que ce ballottage-là, ce deuxième rejet en un mois, vient régler un vieux débat qui a enflammé Montréal : Martin St-Louis avait-il mal géré Primeau? 

Selon son père Keith Primeau, la réponse était oui. Selon Cayden lui-même, à mots couverts, la gestion à trois gardiens, le manque de communication, le flou autour des décisions, tout ça avait brisé sa confiance, brisé son rythme, et provoqué sa chute.

Keith Primeau avait été particulièrement virulent. Il avait reproché au Canadien d’avoir sacrifié son fils. D’avoir envoyé Cayden dans des matchs sans issue, toujours dans des back-to-back, toujours quand l'équipe était déjà en déroute.

Il avait dit que le CH ne protégeait pas son fils, mais le brûlait. Il avait réclamé que Cayden soit cédé au Rocket de Laval, pour retrouver sa confiance.

Il avait affirmé que son fils avait encore un avenir, à condition qu’on lui donne de la stabilité. Et surtout, il avait blâmé Martin St-Louis, directement ou indirectement, pour l’échec du projet.

Aujourd’hui, avec ce nouveau ballottage, tout ça s’effondre. Cayden Primeau a eu sa chance loin de Martin St-Louis, dans deux organisations différentes (les Hurricanes puis les Leafs), avec un encadrement plus “neutre”, loin de l’hyper-exposition montréalaise.

Et qu’a-t-il fait? Pire encore. Il a montré à toute la Ligue nationale ce que Montréal avait déjà compris : qu’il n’a pas le coffre mental, ni la technique, ni la constance pour s’imposer dans cette ligue.

Ce n’est pas une histoire de timing. Ce n’est pas une mauvaise séquence. C’est une vérité nue, enfin acceptée : Cayden Primeau n’est pas fait pour la LNH.

Et ça doit être très dur à avaler pour Keith Primeau, lui qui avait élevé la voix dans les médias pour défendre son fils, accuser le CH, et faire pression sur Kent Hughes.

Il avait dit que ce n’est pas ainsi qu’on traite un jeune gardien. Il avait évoqué l’histoire de Charlie Lindgren, ce gardien qui, laissé libre par Montréal, était allé s’imposer à Washington.

Il avait espéré que son fils devienne ce nouveau Lindgren. Mais non. Primeau n’est pas Lindgren. Il est le contraire : le gardien qu’on essaie, qu’on protège, qu’on comprend… mais qui s’écroule quand vient le moment de performer.

Et il faut aussi le dire : Cayden Primeau a été extrêmement chanceux financièrement, malgré son incapacité à s’imposer. Grâce à son agent, qui mérite une statue à ce stade, il a obtenu à Montréal un contrat garanti de 890 000 $ par année pendant 3 saisons, alors qu’il passait plus de temps sur le banc ou dans les estrades qu’entre les poteaux.

Puis, après son départ, les Hurricanes lui ont encore offert un contrat à un volet de 775 000 $ garantis, malgré ses performances en dents de scie.

On parle ici de millions garantis, pour un gardien qui, objectivement, n’a jamais été plus qu’un troisième portier temporaire dans la LNH.

C’est ce décalage entre l’espoir initial et la réalité d’aujourd’hui qui rend la chute aussi brutale. À 26 ans, Primeau devrait être dans son prime, pas en train de glisser tranquillement vers la Ligue américaine sans qu’aucune équipe ne veuille plus tenter sa chance.

Et le plus dur dans tout ça? Ce n’est pas seulement que Cayden Primeau a échoué. C’est qu’il a échoué après avoir rejeté la faute sur les autres. Sur l’organisation. Sur l’entraîneur. Sur les circonstances. Sur les rotations. Sur le “manque de rythme”.

Mais maintenant? Il est seul. Il n’y a plus de Martin St-Louis à blâmer. Il n’y a plus de rotation à trois gardiens. Il n’y a plus de conférence de presse où il peut exprimer sa frustration d’être laissé dans le noir. Tout ce qui reste, c’est la vérité crue : il n’est pas à la hauteur.

Et pour un gardien, c’est souvent la fin. La LNH est impitoyable. Il y a toujours un jeune Dobes sorti de nulle part ou un Jacob Fowler prodigieux à la Carey Price.

Et pendant ce temps, les anciens espoirs qui n’ont jamais saisi leur chance disparaissent. Discrètement. Comme Primeau, aujourd’hui.

Le ballottage, cette fois, n’est pas une opportunité. C’est un jugement. Une confirmation. Une condamnation. Il ne sera pas réclamé. Il retournera à la Ligue américaine. Et s’il y reste, ce ne sera plus dans une optique de développement. Ce sera par défaut. Parce qu’il faut bien jouer quelque part.

Keith Primeau devra ravaler sa colère, ses déclarations, ses accusations. Ce n’est pas Martin St-Louis qui a détruit Cayden. C’est le hockey. C’est la dure loi du sport professionnel. On te donne ta chance. Une, deux, trois. À Montréal. À Toronto. Et à un moment, les faits te rattrapent.

Cayden Primeau a été un espoir. Un gardien prometteur. Un nom connu. Il est maintenant un nom barré sur la liste, un joueur de plus dans la colonne des flops.

Et c’est tout ce qu’il restera de cette saga.