Martin St-Louis est en train de vivre un cauchemar de relations publiques avec Zachary Bolduc.
La catastrophe d’image que vit le coach du CH aujourd’hui, coincé dans une guerre d’opinion publique qu’il est en train de perdre à vitesse grand V contre… un jeune de 22 ans.
À Brossard, le malaise éclate : le bon petit gars qui marche seul… et l’entraîneur qui l’envoie au quatrième trio. Telle est la conclusion?
Il y a des journées où l’actualité tombe comme un piano sur la tête d’un entraîneur.
Et pour Martin St-Louis, le hasard a eu la délicatesse cruelle de déposer, exactement au moment où il démolit Zachary Bolduc publiquement, le portrait le plus flatteur, le plus humain, le plus attachant jamais écrit sur le jeune homme.
Un long reportage signé Simon-Olivier Lorange dans La Presse, un texte délicat qui présente Bolduc comme un kid épatant, humble, discipliné, reconnaissant, un joueur « privilégié », un être d’une douceur attachante, un travailleur acharné, un jeune homme construit par le respect, la famille, la modestie.
Et pendant que le Québec découvre ce portrait d’un jeune de 22 ans qui fait des « marches » pour se recentrer, qui dit 11 fois qu’il se sent « privilégié », qui avoue sans gêne qu’il « est simplement né pour jouer au hockey », qui parle de sa famille avec une tendresse touchante.
Martin St-Louis, lui, le cloue au banc, le rétrograde au quatrième trio, lui coupe les jambes, lui retire le powerplay et s’entête à refuser obstinément de le placer avec Ivan Demidov.
Dans la bataille de l’opinion publique, Bolduc vient de gagner sans même ouvrir la bouche.
Dans La Presse, Bolduc se décrit comme un gars simple, un gars qui marche pour réfléchir, qui se ressource dans un « petit monde » intérieur, qui prend conscience de sa chance, qui travaille, qui écoute, qui apprend.
Un jeune homme que tous décrivent comme attachant, sociable, bienveillant ; un joueur décrit par ses anciens entraîneurs comme un athlète au sérieux exemplaire, quelqu’un qui ne bougonne jamais, qui accepte la critique, qui veut s’améliorer, qui assume ses erreurs et recommence.
Quand son ancien coach junior dit de lui :
« Il n’essayait jamais de se justifier. Il arrivait au banc et il voulait qu’on aille lui parler, même si c’était négatif. »
Quand Bolduc lui-même dit :
« Je n’ai pas de misère à gérer la critique. Je suis un gars réaliste. »
Et surtout, quand il parle de Montréal en affirmant :
« C’est un privilège de jouer ici. Je suis super content. J’espère pouvoir rester très longtemps. »… le portrait devient presque trop parfait.
On lit ce reportage, et on se demande instinctivement :
Comment ce gars-là peut-il se retrouver dans le "doghouse" permanent de Martin St-Louis ? Comment un entraîneur peut-il briser la confiance d’un jeune homme aussi structuré, discipliné, mature et respectueux ?
Et surtout : pourquoi ?
Le reportage tombe une semaine après que St-Louis ait infligé à Bolduc le traitement le plus humiliant de sa saison :
Rétrogradé en plein match du premier au quatrième trio ;
Seulement 7 minutes 54 de temps de jeu ;
Retiré du powerplay ;
Exposé publiquement comme un joueur sans fiabilité défensive ;
Placé avec deux plombiers (Veleno, Davidson) alors qu'il venait tout juste d’être promu sur le premier trio.
Et dans un timing cinglant, La Presse publie en même temps :
Les témoignages de Mathieu Joseph, qui dit qu’il était « éberlué » de voir les Blues l’échanger ;
Les statistiques montrant qu’il a marqué 19 buts l’an dernier, dont 13 après la Confrontation des 4 Nations, un sommet chez les recrues ;
Des analyses de son ancien entourage expliquant que son développement explosait, que sa progression était fulgurante, qu’il avait trouvé son identité et sa constance.
On découvre un jeune homme qui montait en flèche à Saint-Louis, qui vivait une éclosion spectaculaire, qui venait de s’imposer comme une menace offensive réelle…
Et qui arrive à Montréal pour être transformé en joueur de soutien, coincé derrière des vétérans moins explosifs, privé de powerplay, placé dans un rôle défensif contraire à son ADN.
Et là, la question explose dans la conscience collective :
Comment peut-on maltraiter un joueur comme ça ?
Quitter Saint-Louis a coûté à Bolduc des millions, lui qui devra signer à rabais cet été alors qu'il aurait fait exploser la banque avec les Blues.
Mais avec le reportage de La Presse, cette réalité devient encore plus cruelle.
Parce que Bolduc lui-même ne le dira jamais publiquement: il parle de « privilège », il parle de « chance », il parle de « plaisir », mais la conclusion est cinglante.
À Saint-Louis, il se dirigeait vers un contrat de 6 à 7 millions par saison ;
À Montréal, confiné à un quatrième trio, il va signer un contrat pont à 3 millions ;
Et le pire ?
Il est puni non pas pour ce qu’il fait mal, mais pour ce que St-Louis exige d’un jeune de 22 ans dans un système défensif que même les vétérans n’arrivent pas à comprendre.
C’est une injustice... et une punition sportive.
Et ça, dans le grand théâtre de l’opinion publique, ça brûle.
Un jeune homme humain, discipliné, sensible… et un coach qui semble insensible.
On comprend très vite qu’il n’a absolument pas le profil d’un joueur qui sabote lui-même sa relation avec un coach.
Le problème n’est pas lui.
Le problème est ailleurs.
Et sans le dire directement, sans accuser, sans pointer, le reportage de La Presse montre St-Louis comme le grand coupable de ce fiasco.
Une véritable bombe d’image. Et St-Louis ne contrôle plus le récit. Dans la guerre de l’opinion publique, Martin St-Louis est en train de perdre. Terriblement.
Parce que Bolduc est devenu l’archétype du « bon Québécois maltraité par son coach ». Le plus triste? D'habitude, le bon Québécois est enfoncé par un anglophone.
Mais un gars de chez nous au fond du trou... à cause d'un coach de chez nous... ça brise le coeur.
Le public déteste ça. L’entraîneur commence à ressembler à un homme qui casse un jeune plutôt que de l’élever.
Ce reportage arrive au pire moment possible pour Martin St-Louis
Parce que le traitement de Bolduc devient maintenant un sujet moral, pas seulement sportif.
À Montréal, quand l’opinion publique se range du côté d’un joueur… l’entraîneur perd toujours.
