Cauchemar pour le meilleur ami d'Ivan Demidov: la Russie sans pitié

Cauchemar pour le meilleur ami d'Ivan Demidov: la Russie sans pitié

Par Marc-André Dubois le 2025-07-15

La Russie du hockey est de nouveau secouée.

Un an après le feuilleton Ivan Demidov et sa mise au pas controversée par l’organisation rigide du SKA de Saint-Pétersbourg, voilà qu’un autre prodige du hockey russe, Alexander Zharovsky, attire tous les regards… et pas seulement pour ses habiletés.

À 18 ans, Zharovsky est l’un des espoirs les plus intrigants du Canadien de Montréal. Ami d'enfance d'Ivan Demidov, repêché au 34e rang en juin dernier après que Kent Hughes ait déboursé deux choix (41e et 48e) pour grimper au classement, l’attaquant a connu une ascension fulgurante dans le système du Salavat Yulaev Ufa.

Et pourtant, son entraîneur-chef, Viktor Kozlov, ne semble pas prêt à lui dérouler le tapis rouge. Au contraire : il vient d’annoncer, sur un ton sec, qu’il ne recevra aucune faveur.

Aucun privilège. Aucune passe-droit. Pas de traitement de star.

« Il n’aura aucune faveur de ma part », a lancé Kozlov dans un entretien accordé au média russe RG, en réponse directe aux attentes qui entourent désormais le jeune joueur.

Une phrase choc. Une claque. Un signal clair envoyé autant à Zharovsky qu’aux Canadiens de Montréal : ici, c’est moi le patron.

Et c’est là que le parallèle avec Ivan Demidov devient inévitable.

L’année dernière, Demidov, alors prodige absolu du SKA, avait été clairement mis dans sa niche par Roman Rotenberg et son équipe d’entraîneurs.

Malgré son talent éclatant, malgré les attentes du monde entier, il avait été gardé à distance du grand club. Non pas par manque de talent, mais pour des raisons « politiques » internes.

Son attitude, son style flamboyant, son audace en un-contre-un avaient été perçus comme des menaces à l’ordre établi. Résultat : punition déguisée, temps de glace réduit, rôle effacé.

Et voilà qu’un an plus tard, le même scénario se dessine à Ufa.

Le nom change. Le contexte aussi. Mais la dynamique est tristement familière. Un jeune surdoué, repêché par Montréal, qui émerge trop vite, trop fort, dans un système qui n’aime pas les électrons libres.

Résultat : le message est envoyé. Et il est brutal : « Ici, tu ne fais pas la loi. »

Il faut dire que Zharovsky a tout fait pour forcer la main à ses patrons. Après une saison junior exceptionnelle dans la MHL (24 buts, 26 passes en 45 matchs), il a été appelé d’urgence pour les séries éliminatoires de la KHL à la suite d’une blessure. Et contre toute attente, le jeune attaquant a volé la vedette.

Dès sa première présence, Viktor Kozlov a été frappé :

« Il n’était pas nerveux. Il avait toujours un plan clair avec la rondelle. »

Pas de panique. Pas de passes molles. Pas de gestes précipités. Zharovsky jouait comme un vétéran. Résultat : il a graduellement obtenu de plus en plus de responsabilités.

Mais à peine a-t-il montré ce qu’il avait dans le ventre que la mise en garde est tombée.

« Il devra se battre pour sa place. Il ne suffit pas de faire de belles feintes ou des passes spectaculaires. Il devra prouver, chaque jour, qu’il mérite de jouer. »

Ces mots, dans la bouche d’un coach russe, résonnent comme un avertissement. Et peut-être même comme une menace à peine voilée.

Car dans la KHL, ce genre de déclarations mène souvent à une réduction de responsabilités. Et dans certains cas, à l’enfouissement stratégique d’un joueur dans les bas-fonds du classement.

Ivan Demidov l’a vécu de plein fouet.

Une structure qui étouffe les étoiles.

La KHL n’est pas la LNH. En Russie, les jeunes vedettes sont vues d’un autre œil. L’individualisme, la flamboyance, l’initiative sont souvent perçus comme des menaces à la structure. Et les entraîneurs ne se gênent pas pour écraser les têtes qui dépassent.

Viktor Kozlov ne fait pas exception.

Ancien joueur de la LNH, aujourd’hui reconverti derrière le banc d’Ufa, Kozlov a clairement tracé la ligne.

« Le plus important, c’est son attitude. Il doit penser à l’équipe, pas à ses jeux personnels. »

Autrement dit : pas question que Zharovsky devienne une vedette avant l’heure. Pas question de lui accorder des privilèges. Pas question de le traiter comme une vedette nord-américaine.

Et surtout : pas question que le Canadien de Montréal interfère.

Car dans la même entrevue, Kozlov a lâché une autre bombe : aucun contact n’a encore été établi avec l’organisation montréalaise. 

Et il a clairement laissé entendre que ce n’est pas sa priorité :

« Honnêtement, je ne sais même pas si c’est nécessaire. »

Pour les partisans du Canadien, le parallèle est évident… et inquiétant. Demidov, qui a passé une grande partie de l’année dernière à batailler contre un système qui freinait son développement, est aujourd’hui à Montréal, prêt à exploser. Mais son arrivée a été tout sauf simple.

Et voilà que Zharovsky, qui rêve lui aussi de faire le saut en Amérique du Nord, se retrouve déjà dans une situation similaire.

Camp en août. Début de saison en septembre. Et un avertissement public de son coach avant même que la compétition ne commence.

Le message est clair : si tu veux faire ta place, tu vas souffrir. Tu vas te taire. Tu vas jouer dans le système. Et tu vas attendre ton tour.

Comme Demidov avant toi.

Kent Hughes surveille la situation… de très près.

Du côté du Canadien, on se garde bien de commenter. Mais personne n’est dupe. Hughes et Gorton ont payé cher pour mettre la main sur Zharovsky. Et ils savent exactement ce qui se passe à Ufa.

Le coach Kozlov a même ironisé :

« Si Martin St-Louis n’a rien à faire en août, il peut venir à notre camp à Ufa (rires). »

Une blague… qui cache mal une tension. Car Kozlov ne veut pas que Montréal mette son nez dans sa gestion. Et Hughes, lui, ne veut pas qu’un autre Demidov subisse une saison de stagnation dans la KHL.

La situation est explosive.

Une saison cruciale pour l’avenir de Zharovsky.

Tout se jouera dans les prochaines semaines. Le camp du Salavat Yulaev Ufa débutera en août. Zharovsky devra y prouver qu’il mérite une place dans l’alignement régulier. Sinon, il retournera dans la MHL, ou pire : il pourrira dans les gradins.

Et s’il connaît un bon début de saison? Il pourrait forcer la main. Monter rapidement. Et rêver d’un départ vers Montréal dès la saison 2026-2027.

Mais tout cela dépend désormais d’un homme : Viktor Kozlov.

Et Kozlov, lui, l’a dit haut et fort : aucune faveur.

Zharovsky devra se battre contre le système. Contre l’orgueil. Contre la hiérarchie. Contre le plafond invisible imposé aux jeunes étoiles dans le hockey russe.

Comme Demidov avant lui.

Et à Montréal, on prie pour que l’histoire ne se répète pas.