Cauchemar pour Chantal Machabée: des photos sèment la controverse

Cauchemar pour Chantal Machabée: des photos sèment la controverse

Par David Garel le 2025-06-17

Il y a des jours où être à la tête des communications du Canadien de Montréal ressemble à une mission de paix dans une zone de guerre.

Chantal Machabée le sait mieux que quiconque. Mais ce qu’elle traverse en ce moment dépasse tout ce qu’elle avait anticipé depuis son arrivée en janvier 2022.

Ce qu’on vit actuellement, c’est un véritable cauchemar de relations publiques, une spirale toxique qui mêle fausses nouvelles, désinformation, arnaques virales et intelligence artificielle. Et devinez qui doit éteindre l’incendie ? Toujours la même : Chantal Machabée.

Depuis plusieurs jours, les plateformes sociales, notamment Facebook, sont inondées de publications mensongères mettant en vedette les joueurs du Canadien. (voir les photos au bas de l'article)

 Lane Hutson aurait donné 2 millions à des œuvres de charité. Nick Suzuki aurait remis l’entièreté de son salaire aux sans-abri. Juraj Slafkovsky aurait distribué 10 millions pour lutter contre la pauvreté. Martin St-Louis, lui, aurait transformé un château en refuge pour les démunis. 

Le tout accompagné de photos générées par intelligence artificielle, de liens vers des sites frauduleux et de commentaires naïfs mais sincères de milliers de partisans qui y croient dur comme fer.

Et tout ça… est complètement faux.

Ces publications, qui se font passer pour officielles en usurpant l’image du Canadien, atteignent des sommets d’engagements, des milliers de likes, de partages, de commentaires.

Elles sont rédigées avec une telle subtilité émotionnelle qu’elles paraissent crédibles. Et elles exploitent le lien de confiance entre les joueurs et les partisans. Plutôt que de chercher le scandale, elles misent sur le « feel good », sur le miracle humanitaire.

Résultat : les gens y croient. Ils partagent. Ils commentent. Et sans le savoir, ils propagent de la fraude.

Ce ne serait qu’une perte de temps si ce n’était que ça. Mais le danger est bien plus grand. Parce que ce qui commence avec des gestes inventés de générosité peut rapidement dégénérer.

Qu’arrivera-t-il quand les mêmes technologies seront utilisées pour créer des vidéos truquées, des faux propos haineux, des comportements déplacés ?

Une image trafiquée de Lane Hutson qui donne de l’argent, ça fait sourire. Mais une vidéo de Suzuki prononçant des propos diffamtoires générée par une IA sophistiquée, ça pourrait détruire une carrière, ruiner une série, et éclater en scandale international.

Et cette bombe à retardement, c’est Chantal Machabée qui est assise dessus.

Chantal n’est pas une simple porte-parole. C’est une colonne vertébrale. Elle protège ses joueurs, elle filtre les tempêtes médiatiques, elle gère les crises avec doigté.

C’est elle qui est intervenue pour calmer le jeu entre Cole Caufield et un journaliste lors d’une conférence de presse tendue.

C’est elle qui a défendu Juraj Slafkovsky lorsque des rumeurs infondées circulaient sur sa vie personnelle. C’est elle encore qui a permis à une partisane en deuil de remettre un chandail symbolique à Brendan Gallagher, en pleine convalescence avec deux attelles aux jambes.

Elle est maternelle, stratégique, discrète, mais essentielle.

Mais aujourd’hui, c’est une vague massive de désinformation numérique qui vient s’échouer sur son bureau. Et cette fois, ce n’est pas une rumeur de vestiaire, un tweet maladroit ou un article mal interprété.

C’est un fléau global. Alimenté par des réseaux anonymes à l’étranger, hébergés dans des juridictions opaques, protégés par des lois sur la vie privée.

Des pages Facebook frauduleuses se font passer pour le Canadien de Montréal, récoltent l’attention et les clics des fans, et monétisent le tout à travers des réseaux publicitaires douteux. Et le plus grave, c’est que la Ligue nationale n’a aucun plan concret pour gérer ça.

Chantal Machabée doit maintenant composer avec une tempête sans précédent : des joueurs confus, des partisans induits en erreur, des journalistes qui cherchent des réponses, des sites frauduleux inaccessibles à retracer, et un environnement technologique incontrôlable.

Dans un article percutant, Alexandre Pratt de La Presse a levé le voile sur les mécanismes troublants derrière cette vague de désinformation.

Il explique comment les auteurs de ces fausses nouvelles opèrent à partir de sites web hébergés dans des zones grises juridiques, comme un édifice en Islande abritant entre autres… le Musée du phallus. C’est là qu’est enregistrée Withheld for Privacy, une entreprise spécialisée dans l’anonymisation numérique, souvent utilisée pour masquer l’identité des véritables propriétaires de ces plateformes.

Selon une enquête du New York Times, des dizaines de milliers de sites frauduleux y sont domiciliés. Et pendant que la fraude explose, Meta (Facebook) a cessé de faire vérifier les faits, laissant ces mensonges se propager librement. 

Le Wall Street Journal parle désormais de Facebook comme d’une véritable “pierre angulaire de la fraude sur internet”.

Ce que décrit Pratt, c’est un univers numérique devenu un véritable far west, où les arnaqueurs agissent en toute impunité… pendant que les victimes, comme Chantal Machabée et le Canadien, doivent gérer les retombées.

Aujourd’hui, ce n’est pas une controverse régionale qu’elle doit gérer. C’est un problème structurel mondial, une crise de confiance informationnelle, un chaos alimenté par l’intelligence artificielle, l’anonymat numérique et l’absence de régulation sur les géants comme Meta.

La question maintenant, c’est : jusqu’où ça va aller ?

Parce qu’on rit encore un peu de ces fausses histoires mignonnes où McDavid offre une Ferrari à un concierge fictif.

Mais quand la technologie permettra, dans quelques mois à peine, de générer une vidéo convaincante où Nick Suzuki insulte des fans ou Martin St-Louis se fait filmer dans un faux scandale, là, ça ne rira plus.

Et ce sera à Chantal Machabée, encore, de prendre le téléphone à 2h du matin, d’appeler les avocats, d’activer les démentis, d’apaiser les familles, de parler aux médias, de protéger les joueurs. Encore elle. Toujours elle.

Elle qui ne demande rien. Elle qui ne cherche pas la lumière. Elle qui a quitté une carrière médiatique prestigieuse pour servir une organisation qu’elle aime profondément. Une organisation qu’elle considère comme une famille.

Aujourd’hui, cette famille est menacée. Pas par une autre équipe. Par l’ère de la post-vérité, où la réalité est générée à la volée par des IA anonymes, hébergées dans des édifices absurdes à Reykjavik, et monétisées par des réseaux qui se fichent complètement des conséquences humaines de leurs actions.

Et dans cette noirceur grandissante, Chantal Machabée est notre bouclier.

Alors non, elle ne mérite pas d’être pointée du doigt. Elle mérite notre admiration, notre soutien, notre respect. Elle fait face au plus grand défi de sa carrière, une tempête numérique, morale, stratégique, avec la même droiture qu’elle a toujours démontrée.

Elle mérite notre reconnaissance. Parce qu’en pleine ère de l’illusion, elle est une des rares encore debout pour défendre la vérité.

Cauchemar pour Chantal Machabée: des photos sèment la controverse
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