Cauchemar en Russie: Dany Dubé a trahi Martin St-Louis

Cauchemar en Russie: Dany Dubé a trahi Martin St-Louis

Par Marc-André Dubois le 2025-04-24

Il fallait s’y attendre. Dès les premières difficultés d’Ivan Demidov en séries éliminatoires, les chiens de garde du hockey russe ont sauté sur l’occasion.

Avec une cruauté glaciale, les médias russes se sont rués sur l’enfant prodige du CH, affirmant sans détour qu’il n’est pas prêt pour la LNH, que son ancien coach Roman Rotenberg avait raison, et que Demidov aurait dû rester un an de plus en KHL. À les entendre, Matvei Michkov est déjà meilleur. Plus rapide. Plus « NHL-ready ».

Le problème, ce n’est pas que ces critiques viennent de Moscou. Le problème, c’est qu’elles résonnent jusqu’à Montréal. Et qu’elles sont renforcées ici même, dans notre cour, par les choix d’un homme : Martin St-Louis.

Parce que ce qu’on voit, ce qu’on sent, ce qu’on comprend entre les lignes, c’est que le coach du Canadien n’a jamais pleinement cru en Ivan Demidov. Il l’a toujours vu comme une distraction. Un défi. Une nuisance potentielle à l’unité du groupe.

Et voilà qu’après deux matchs de séries, Demidov est isolé, dénaturé, entouré des mauvaises pièces, et abandonné à lui-même.

Ivan Demidov est humilié en Russie. Martin St-Louis l’a laissé seul dans la tempête.

C’est un séisme médiatique de l’autre côté de l’Atlantique.

En Russie, les critiques pleuvent. Ivan Demidov est détruit, pièce par pièce, ligne après ligne. Les journaux sportifs du pays — ceux-là mêmes qui le comparaient à Artemi Panarin — affirment aujourd’hui que Demidov n’était pas prêt pour la LNH, que Roman Rotenberg avait raison de vouloir le garder une année de plus, et que le Canadien de Montréal l’a carrément envoyé à l'abattoir nord-américain.

Le plus triste? Ils n’ont pas entièrement tort.

Mais ce n’est pas la faute d’Ivan. Ce n’est pas lui qui a échoué. C’est Martin St-Louis qui l’a trahi.

Car depuis le début des séries, le jeune phénomène russe est abandonné par son coach. Mal entouré, mal utilisé, placé avec des coéquipiers sans vitesse ni vision, et exposé à la violence physique sans la moindre protection.

Le résultat est cruel : Demidov est maintenant la cible d’un lynchage médiatique russe… et personne dans l’organisation ne le défend.

Dans les médias russes, les termes sont brutaux :

« Il est lent. »

« Il n’a pas le niveau physique. »

« Mishkov est bien meilleur. »

« Le Canadien l’a surestimé. »

Et surtout :

« Roman Rotenberg avait raison de le garder. »

C’est une honte monumentale pour le Canadien de Montréal, mais encore plus pour Demidov lui-même, qui vit tout ça à 19 ans, loin de sa famille, dans une nouvelle langue, un nouveau monde.

Ce que les Russes ne voient pas — ou ne veulent pas voir —, c’est que le kid est jeté dans une cage aux lions sans rien pour se défendre.

Et qui lui a tendu cette cage? Martin St-Louis.

Tout le monde le voit. Tout le monde le sent.

Ivan Demidov joue du bon hockey. Il crée des chances, il patine avec aplomb, il veut faire une différence. Mais il est seul. Et Martin St-Louis, loin de le valoriser, l’étouffe lentement.

Dès le match 1, il l’a placé avec Patrik Laine — un vétéran complètement démotivé, lent, frustré, qui n’a pas touché à une rondelle de la série.

Et quand tout le monde a vu que ça ne marchait pas, Martin St-Louis a attendu le troisième match pour faire un ajustement. Trop tard. Les critiques russes s’étaient déjà emballées.

Pire encore : Demidov est maintenant comparé à Mishkov. Et dans cette guerre d’image, il est en train de perdre, non pas parce qu’il est moins bon, mais parce que Martin St-Louis ne le met pas dans une position de succès.

Et là, Danny Dubé en rajoute.

Sur les ondes du 98,5 FM, Danny Dubé a été clair. Il a pointé du doigt Martin St-Louis et son manque de vision.

« Demidov a besoin de vitesse autour de lui. Il faut que ça bouge. Ce n’est pas normal qu’il soit freiné par des coéquipiers qui ne peuvent pas le suivre. »

Et il a raison.

Le hockey, c’est un sport de cohérence. Si tu mets une Formule 1 entre deux Lada, elle va freiner, caler, surchauffer. Demidov est la F1 du Canadien. Et St-Louis l’a attaché à une remorque.

Dubé a aussi rajouté que le manque de robustesse dans l’alignement — et donc l’absence de Xhekaj — a contribué à livrer Demidov en pâture.

Quand tu joues contre Tom Wilson et que personne ne protège ton jeune Russe, c’est du sabotage.

Et cette image-là — celle d’un kid talentueux qui se fait brasser, qui tente de s’exprimer dans le chaos — c’est ce que la Russie voit. C’est ce que Roman Rotenberg voit. C’est ce que Mishkov voit.

Et c’est ce que le monde du hockey voit aussi.

Dans les coulisses, c’est la panique.

L’agent de Demidov, qui a permis cette arrivée en sol nord-américain malgré la guerre et le contexte géopolitique, est maintenant furieux. Il voit son client être comparé à Mishkov, être moqué dans les talk-shows russes, être transformé en blague russe sur Telegram.

Tout ça parce qu’on refuse de lui donner le premier trio, le premier power play, une ligne de feu. Parce qu’on le limite. Parce qu’on le garde sur une laisse.

Demidov ne pourra pas répondre à ces attaques dans les médias russes. Mais s’il reste dans cet environnement, il va casser.

Et le plus tragique?

Ce n’est pas une erreur de développement.

C’est une décision délibérée.

Martin St-Louis semble croire qu’il est encore en reconstruction. Qu’il a le luxe d’attendre. Qu’il peut se permettre d’« envoyer un message » à ses jeunes. Mais ce n’est plus le cas.

Le Canadien est en séries. Le moment, c’est maintenant.

Et Demidov n’est pas un jeune comme les autres. C’est un prodige. Un joueur venu de Russie, dans des conditions politiques impossibles, qui veut jouer pour Montréal.

Et voilà que St-Louis le rabaisse. Que les médias russes le détruisent. Et que le Québec regarde, impuissant.

Si St-Louis voulait envoyer un message de « culture », c’est raté.

S’il voulait garder le contrôle de la chambre, il est en train de la perdre.

Et s’il voulait « protéger » Demidov… c’est tout l’inverse qui se produit.

Ce n’est pas trop tard. Mais c’est le dernier appel.

Il reste un match pour revenir dans la série. Le CH ne peut se permettre d'être en retard 0-3.

Un match à domicile. Une foule en délire. Un moment de vérité.

Martin St-Louis peut encore se réveiller.

Il peut encore placer Demidov sur le premier trio ou sur la première unité d'avantage numérique, alors que Juraj Slafkovsky pourrait être plus relax sur la 2e ligne.

Il peut encore redresser ce qui est en train de virer au désastre diplomatique. Car envoyer Gallagher et Dvorak en fin de match lorsqu'on joue à 6 contre 5 et laisser Demidov sur le banc...c'est une honte nationale...

Et internationale...