Cauchemar dans le studio de Cogeco: le corps d'une femme crée la commotion

Cauchemar dans le studio de Cogeco: le corps d'une femme crée la commotion

Par David Garel le 2025-06-10

C’est une scène qui donne la nausée. Un extrait de balado qui nous donne des sueurs froides dans le dos. 

Biz, oui, le rappeur militant de Loco Locass, l’auteur à succès devenu commentateur radiophonique, mais surtout, collaborateur chouchou de Cogeco, a tenu des propos inacceptable sur le corps de la femme.

Voici ses propos diffusés sur le balado "Filles de joie" :

« Scientifiquement, c’est démontré que les filles avec des grosses fesses sont plus intelligentes. Oui, c’est ça. C’est pas des jokes. À cause de l’oméga-3. Puis le cerveau des enfants, il se développe avec le gras, avec l’oméga-3. Et les mères qui ont des grosses fesses ont des enfants plus intelligents. Et ça, c’est scientifique. »

«Qu'est-ce qui détermine les critères de beauté? C'est associé à la capacité d'une femme, par exemple, d'engendrer des enfants en santé. Pourquoi la figure idéale c'est le sablier? Parce que les gros seins, ça sert à nourrir l'enfant.

Donc, un gars qui voit ça, il dit: «Ok, si j'ai un enfant avec cette fille-là, elle va nourrir mon enfant. Après ça, une taille moins fine, c'est associé au fait qu'elle est enceinte. Et qui, si elle est enceinte, ça ne donne rien d'aller zigner une fille enceinte pour te reproduire. Et tu veux qu'elle aille des grosses fesses, pour les hanches plus larges, ça permet aux enfants de passer, donc moins de mortalité infantile.»

Il aura fallu quatre longs mois de silence gêné pour que le Québec réagisse enfin avec l’intensité nécessaire aux propos choquants de Biz.

Quatre mois pendant lesquels Cogeco, son employeur, s’est muré dans une neutralité complice. Quatre mois pendant lesquels personne n’a levé le petit doigt, malgré les protestations discrètes de plusieurs femmes du milieu culturel.

Et il aura fallu Noovo, la chaîne généraliste de Bell souvent moquée pour ses émissions de téléréalité, pour faire le travail que personne d’autre n’osait faire : publier l’extrait brut, sans filtre, sur ses réseaux sociaux, accompagné d’un message cinglant dénonçant le sexisme pur, froid et « scientifique » de Biz.

Le choc a été immédiat. Sur TikTok, Instagram, Facebook, les extraits ont été partagés des dizaines de milliers de fois, souvent accompagnés de commentaires incrédules, furieux, dévastateurs.

« Comment un homme peut encore dire ça en 2025? »

« Une femme, c’est une paire de hanches, des seins et un utérus? Vraiment, Biz? »

« Et Cogeco n’a rien dit? »

La question centrale s’impose, douloureuse : comment ces propos ont-ils pu rester impunis pendant tout ce temps?

Et qu’a fait Cogeco, encore une fois? Rien. Silence radio. Silence coupable.

Parce que oui, ce nouveau scandale, ce nouvel affront fait aux femmes, vient s’ajouter à une liste de plus en plus longue de controverses nauséabondes dans lesquelles Cogeco s’embourbe avec une indifférence qui frôle le mépris total.

Une station abonnée aux scandales, qui donne une tribune à un homme qui tient des propos aussi déplacés, cela donne mal au coeur.

« C’est scientifique », répète-t-il, sans citer la moindre source.

« C’est scientifique », martèle-t-il, comme si ça excusait tout. Comme si la réduction des femmes à des machines biologiques était une démonstration d’intelligence, de lucidité, de logique naturelle.

Ce n’est pas scientifique. C’est dégradant.

C’est la vulgarité d’un homme qui parle avec certitude d’un corps qu’il n’habite pas, d’un rôle qu’il n’endosse pas, et d’un vécu qu’il piétine allègrement avec la bénédiction d’un réseau qui lui déroule le tapis rouge.

Dans cette tempête médiatique, un réseau respire mieux que les autres : TVA Sports. Et pour cause : Biz n’y est plus en emploi. Imaginez une seule seconde que l’auteur de ces propos ignobles soit encore présenté chaque semaine comme le fier ambassadeur du retour des Nordiques de Québec, à la table de Jean-Charles Lajoie.

Imaginez la bombe politique, sociale et culturelle que ça aurait déclenché dans la maison Québecor, déjà à genoux sous les controverses et les déficits.

C’est un miracle de relations publiques que TVA Sports ait échappé à ce scandale, parce qu’il leur aurait collé à la peau. Pour une fois, le scandale a frappé ailleurs. Mais la question demeure : jusqu’à quand Cogeco va-t-il continuer de nourrir ces bombes humaines à l’antenne, en fermant les yeux sur les dégâts annoncés?

Pendant ce temps, Cogeco est devenu cimetière des excuses.

Ce n’est pas la première fois que le réseau se retrouve éclaboussé par des propos sexistes ou déplacés. Chaque fois, la direction opte pour la même stratégie : se murer dans le silence. Faire le dos rond. Attendre que la tempête passe. Et elle passe. Parce que personne ne les confronte, parce que le réseau est ancré profondément dans le paysage radiophonique, parce qu’ils savent que leur public est captif.

Et pourtant, cette fois, c’est grave. Parce qu’il ne s’agit pas d’un dérapage ponctuel, mais d’une idéologie horrible qui transparaît dans la programmation : une vision dépassée, rétrograde et dangereuse du rôle de la femme.

Et le fait que ces propos soient prononcés par une vedette de la maison, collaborateur de Philippe Cantin, ne fait que souligner l’hypocrisie ambiante.

Après le congédiement de Yanick Bouchard, Cogeco pensait avoir un "break". 

Inutile de rappeler que le 98.5 FM a été secoué par l’un des plus grands scandales de son histoire.

Yanick Bouchard, jadis promu en grande pompe comme le visage « lisse » et « propre » du sport québécois, a explosé en plein vol après avoir envoyé un message odieux à la ministre Caroline Proulx.

En plein deuil, alors qu’elle enterrait sa propre mère, celle-ci a reçu sur Instagram un commentaire sombre signé Bouchard : « Deux vulves aux funérailles. »

C’était une attaque publique, écrite consciemment sur une plateforme officielle, visant une femme en deuil. Bouchard, acculé, a tenté de se défendre en affirmant qu’un ami aurait utilisé son téléphone.

Ce n’était pas une mauvaise blague. C’était un acte de mépris pur, de la méchanceté numérique sur la dignité d’une femme et d’une ministre de l’État. Il aura fallu une indignation nationale pour que Cogeco agisse. Mais le mal est fait. Le masque est tombé. Et Bouchard a montré ce qu’il est : non pas une figure montante du sport, mais une tache morale sur la radio québécoise.

C'est juste logique que Biz suive la même tendance.

Et pourtant, rien. Aucune condamnation. Aucune remise en question. On continue de le présenter comme la nouvelle figure rassurante du matin, alors que ses propos devraient l’exclure d’une station qui prétend valoriser l’égalité et le respect.

À Cogeco, une femme est-elle seulement une fonction?

La question mérite d’être posée. Qu’est-ce qu’une femme, pour Cogeco? Une vulve aux funérailles? Un corps esthétique qui rassure sur la capacité d’enfanter? Une voix qui se tait pendant que les hommes font de la « radio d’opinion »?

Quand Biz s’exprime ainsi, il ne fait que dire tout haut ce que plusieurs semblent tolérer tout bas : qu’on peut réduire les femmes à leur biologie et prétendre que c’est « scientifique ».

Il aurait suffi qu’il prononce ces propos dans un cadre humoristique ou dans un sketch pour qu’on crie au génie. Mais là, il était sérieux. Et Cogeco l’était aussi, en lui donnant cette tribune.

Cogeco, encore une fois, se défile.

Un réseau devenu caricature.On se demande ce qu’il faudra pour que la direction réagisse. Une plainte formelle? Une mobilisation publique? Une poursuite? Ou faudra-t-il attendre qu’un autre « animateur maison » dérape en onde en parlant de femmes comme de bétail reproductif?

L’ironie? Biz était autrefois perçu comme un progressiste, un militant, un penseur critique. Aujourd’hui, il est le porte-parole involontaire d’une masculinité toxique sous stéroïdes intellectuels, d’un regard sur les femmes qui rappelle les théories masculinistes d’une autre époque.

Le scandale Biz n’est pas un incident isolé. C’est le symptôme d’un réseau malade, d’un système médiatique qui recycle les voix masculines problématiques tout en prétendant faire la morale à la société.

Un réseau qui garde les femmes en périphérie, sauf quand il s’agit de faire des jokes sur leurs hanches, leurs seins ou leur utilité reproductive.

Et pendant ce temps, Louis Jean est écarté pour une histoire de vie privée. Congédié de TVA Sports après la révélation de sa relation avec la conjointe de Renaud Lavoie, il a été rejeté des grands réseaux malgré des années de service irréprochable.

Ce qui choque encore plus, c’est que la femme impliquée, elle, a conservé son emploi sans subir de conséquences apparentes. Louis Jean, lui, n’a jamais été accusé de harcèlement, de propos déplacés, ni de manquement professionnel.

Il s’est effacé avec dignité, a refusé de répondre aux attaques, et a protégé la vie privée de tous les impliqués. Et pourtant, les portes des grandes antennes lui sont toujours fermées, pendant que Cogeco déroule le tapis rouge à ceux qui osent parler des femmes comme d’objets reproducteurs. Deux réalités médiatiques. Deux traitements. Une même indignation.

Parce qu’on ne tolère pas l’infidélité, mais qu’on accepte sans broncher qu’un collaborateur parle du corps des femmes comme d’un centre de production infantile.

Il est grand temps que le public cesse d’avaler cette hypocrisie.

Cogeco doit choisir : soit elle évolue, soit elle coule dans son propre silence.