Cauchemar à la billetterie du Centre Bell: une vente catastrophique

Cauchemar à la billetterie du Centre Bell: une vente catastrophique

Par David Garel le 2025-04-20

C'était censé être une célébration. Une communion entre le peuple et son club, après des années de disette, de patience, de reconstruction et de foi aveugle.

Le retour des séries au Centre Bell devait récompenser les partisans les plus fidèles du Canadien de Montréal. Mais samedi, ce qui aurait dû être une journée de fête a tourné en crise.

Une crise de confiance. Une insulte collective. Une gifle en plein visage des fans de la première heure, relégués au rang de spectateurs impuissants d’un système verrouillé, opaque et profondément injuste.

11h : l’infolettre promise comme une clé d’or… qui n’ouvre aucune porte ...

Sur le site du Canadien, on annonçait que les abonnés à l’infolettre auraient accès à une prévente exclusive dès 11h samedi matin.

Pour des milliers de partisans, c’était la promesse de pouvoir devancer la cohue de midi, où s’ouvrirait la vente grand public.

Mais dès les premières secondes, le ton a été donné : impossible d’obtenir une paire de billets. « Aucun billet disponible », « vérifiez à nouveau plus tard », « votre place dans la file est 8000e... »

Des messages d’erreur, des salles virtuelles bloquées, et un immense sentiment d’impuissance.

Le plus choquant ? C’est que tout semblait déjà parti avant même que les partisans aient eu le temps de rafraîchir leur navigateur.

« J’ai cliqué à 11h00:01, et déjà, tout était inaccessible », témoigne un abonné frustré. Sur les réseaux sociaux, la colère a explosé.

Un système truqué ?

Rapidement, les soupçons se sont tournés vers Ticketmaster. L’entreprise, déjà accusée à maintes reprises de pratiques douteuses, est revenue au cœur du débat.

« Ce n’est même plus de la vente publique. C’est une mise aux enchères contrôlée par des robots », dénoncent plusieurs internautes.

L’hypothèse des « bots » qui achètent instantanément les billets avant de les revendre à prix exagérés sur le marché secondaire a refait surface avec une vigueur redoutable.

Et dans ce cas précis, tout semble pointer vers une structure qui privilégie l’élite au détriment des vrais partisans.

Il faut le dire franchement : les partisans réguliers n’ont jamais eu la moindre chance. Dans les coulisses, le Canadien avait déjà offert la priorité aux détenteurs de billets de saison.

Non seulement ces derniers ont pu acheter leurs sièges pour les séries, mais ils ont aussi eu la possibilité d’acheter des blocs entiers pour des amis, des clients ou des revendeurs.

Résultat : le bassin de billets disponibles pour la « vente publique » ou même la prétendue « prévente » de l’infolettre était mince, voire inexistant.

« J’ai acheté 4 billets dans la section 300 pour 1500$, haha. »

Mais pour la grande majorité, la journée s’est terminée dans la déception. Plusieurs ont attendu dans la file virtuelle depuis 10h45, pour n’avoir accès qu’à des sièges séparés à des prix faramineux. 

Le karma du Centre Bell ?

Et pendant que les partisans se font rejeter de la billetterie, le Centre Bell continue de charger des prix exorbitants pour de la nourriture médiocre.

12$ pour une bière. 15$ pour une poutine. 8$ pour une bouteille d’eau. Et les prix augmenteront avec les séries.

Un employé du Centre Bell, qui a requis l’anonymat, nous confie que Molson va battre un record de profits pour le premier match à Montréal vendredi prochain..

Autrement dit, pendant que le Canadien vend ses billets à des prix inaccessibles, Molson rit.

Tout cela arrive au pire moment. Le Canadien est sur le point de disputer ses premières séries significatives en plusieurs années. L’ambiance devait être festive, euphorique, rassembleuse. Mais à la place, c’est un sentiment de trahison qui domine.

Les partisans, ceux qui ont tenu bon durant les saisons de misère, se sentent exclus de la fête. Le Centre Bell est devenu un temple inaccessible, réservé à une élite fortunée et à un marché secondaire alimenté par la spéculation.

Geoff Molson, qui s’apprête à encaisser des millions avec les revenus des séries, devrait écouter la grogne. Il a le pouvoir de changer les choses. De limiter les achats massifs par les détenteurs de billets de saison. D’installer un système équitable, qui offre réellement une chance au partisan moyen.

Il peut même intervenir pour limiter les pratiques de revente sauvage sur des sites comme Ticketmaster.

Mais pour cela, il faudrait qu’il le veuille. Et pour l’instant, tout indique qu’il préfère ne pas entendre les cris d’indignation. L’argent parle plus fort.

Et au sommet de cette pyramide de profits démesurés trône Geoff Molson. Propriétaire du Canadien de Montréal, mais aussi d’Evenko, il incarne plus que quiconque la dualité entre passion sportive et capitalisme sans limite. 

Ticketmaster, le partenaire de billetterie du CH et d’Evenko, a encaissé jusqu’à 342 $ en frais de service sur une seule revente de billets, pour un concert au Centre Bell selon le Journal de Montréal.

Le plus scandaleux? Ces frais, imposés sans pitié à des amateurs de musique ou de hockey déjà étranglés par les prix initiaux, ne profitent même pas aux artistes ou aux fans, mais bien à l’intermédiaire. 

Ticketmaster et Evenko, liés comme les deux faces d’une même pièce, empochent silencieusement des marges indécentes, tout en maintenant une opacité totale sur leurs ententes contractuelles.

Pire encore : sur quatre paires de billets totalisant 1764 $, 1152 $ ont été avalés en frais par le système Ticketmaster.

Et Geoff Molson, en tant que propriétaire des deux entités, ne peut pas faire semblant qu’il n’est qu’un simple spectateur.

Il est juge, partie, et guichet automatique. Le public n’est pas naïf : quand le hockey devient une affaire de spéculation et d’exploitation, il perd son âme. Il est temps que Molson choisisse. Entre le respect des partisans... ou les profits sans morale.

Ce qui s’est passé ce samedi est une honte. Une trahison des principes mêmes sur lesquels le hockey à Montréal est bâti.

Le Canadien de Montréal est peut-être prêt pour les séries. Mais les partisans, eux, se sentent abandonnés.

Et ça, c’est une défaite avant même que la première mise au jeu ait lieu.