Cauchemar à Brossard: le pire scénario pour David Reinbacher

Cauchemar à Brossard: le pire scénario pour David Reinbacher

Par David Garel le 2025-09-11

C’était censé être un nouveau départ. Une journée d’espoir. Un camp des recrues comme tremplin. Mais pour David Reinbacher, ce jeudi 11 septembre 2025 restera comme une journée noire.

Le jeune défenseur autrichien, repêché au 5e rang par le Canadien en 2023, a connu un véritable cauchemar sur la glace du Complexe CN de Brossard.

Maladroit, en retard dans les exercices, visiblement encore rouillé malgré ses déclarations rassurantes, Reinbacher n’a pas livré ce qu’on attendait de lui. Et la réaction ne s’est pas fait attendre.

Malgré ses déclarations d'hier, « Je suis maintenant à 100 % », avait-il affirmé, Reinbacher n’a pas réussi à convaincre qui que ce soit lors de la première journée du camp.

Son style discret, peu spectaculaire, ne lui permet pas de briller dans un environnement où les jeunes doivent à tout prix se faire remarquer. Et c’est là tout le paradoxe : Reinbacher est un joueur à valeur sécuritaire et défensive, pas un showman de glace.

Mais à Brossard, dans l’oeil des caméras et des milliers de partisans accrochés aux réseaux sociaux, l’absence de « flamèches » est interprétée comme une défaillance.

Et très vite, la machine à détruire a explosé.

Sur X, sur Instagram, sur TikTok, les extraits envoyant l'Autrichien sous l'autobus se multiplient : Reinbacher battu en un contre un, Reinbacher mal positionné, Reinbacher invisible.

Ce qui rend la situation encore plus douloureuse, c’est le souvenir qui colle à son nom : Matvei Michkov. Le prodige russe fait les manchettes chaque semaine, tandis que Reinbacher, lui, n’a toujours pas disputé un seul match dans la LNH.

Il est d’ailleurs le seul joueur du top 5 du repêchage 2023 à n’avoir pas encore eu droit à un baptême dans la grande ligue.

Connor Bedard, Leo Carlsson, Adam Fantilli, Will Smith... tous ont déjà fait leur place. Reinbacher, lui, doit encore prouver qu’il mérite sa place dans la LNH.

Et cette première journée manquée alimente le doute, amplifie la frustration, ravive la colère des partisans contre la décision de Kent Hughes.

Certes, l’Autrichien revient de loin. Son genou gauche a été sérieusement touché lors du camp l'été dernier et il a été tenu à l’écart pendant plusieurs mois suite à son opération.

Quand il est revenu au jeu, ce fut à coups de matchs limités, un sur deux, dans un protocole strictement surveillé par l’état-major du Rocket de Laval.

Mais même avec toutes les circonstances atténuantes, Reinbacher semble avoir accumulé du retard. Son manque de matchs professionnels, combiné à la pression de son rang de sélection, crée un cocktail délicat.

Il ne peut pas se permettre la moindre erreur. Et malheureusement, il en a multiplié plusieurs lors de cette journée maudite.

Sauf surprise totale, David Reinbacher commencera la saison 2025-2026 avec le Rocket. C’est la seule option logique. Non seulement il ne doit pas passer par le ballottage, mais les postes à la ligne bleue du CH sont déjà figés.

Noah Dobson, Kaiden Guhle, Lane Hutson, Mike Matheson, Jayden Struble, Arber Xhekaj et Alexandre Carrier forment le groupe de sept choisi par Martin St-Louis, comme l’a révélé Struble lui-même en entrevue.

Reinbacher, dans ce contexte, est le huitième homme. Et il est loin d’avoir forcé la main du coach. Surtout qu'il ne doit pas passer par le ballottage, contrairement aux autres.

Le problème, c’est que Reinbacher n’est pas un joueur de camp. Il n’impressionne pas par des feintes, des tirs spectaculaires ou des coups de génie offensifs.

C’est un joueur de système, de structure, de positionnement. Mais dans un camp des recrues, on demande des coups d’éclat. Et c’est exactement ce que Demidov, Florian Xhekaj, Adam Engstrom ou même Oliver Kapanen ont livré aujourd'hui.

Reinbacher, à côté de ces artistes, ressemble à un étudiant en génie civil au milieu d’une classe d’art dramatique. Compétent, sûr, mais incapable de créer l’étincelle.

Et c’est là le vrai danger : la pression. Reinbacher ne peut pas faire un seul mauvais jeu sans que la foule ne grince des dents. Il ne peut pas patiner en deuxième vitesse sans que les comparaisons avec Michkov n'éclatent une fois de plus.

Il est devenu le symbole d’une décision que les partisans n’ont jamais digérée. Et il doit non seulement performer, mais convaincre. Chaque jour. Chaque exercice. Chaque pratique.

Ce mercredi, il n’y est pas parvenu. Et c’est cruel, car c’est exactement ce que Martin St-Louis avait prévenu dans la fameuse capsule de La Reconstruction :

« La balle est toujours en jeu. Tu ne le sais pas, mais t'es jugé à chaque moment. »

David Reinbacher vient d’en vivre la preuve la plus brutale.

La vérité, c’est que le Canadien de Montréal n’a jamais eu l’intention de garder David Reinbacher à Montréal cette saison.

Depuis le départ, sa place est réservée à Laval, et cette décision n’a rien à voir avec sa future performance au camp. C’est un choix stratégique, froid et assumé.

Jeff Gorton et Kent Hughes veulent éviter le cauchemar ultime : lancer un jeune défenseur dans la gueule du loup, trop tôt, sans repères.

Mais ce plan devient de plus en plus délicat à justifier publiquement, surtout quand un certain Adam Engström fait tout pour brouiller les cartes.

Le « showtime suédois », comme il se faisait appeler par les journalistes de son pays (certains commencent à l’appeler ainsi dans les gradins de Brossard) est tout simplement électrisant.

Il patine comme un vétéran de la LNH, anticipe le jeu avec une fluidité rare, et joue avec une confiance incroyable.

Engström, lui, a clairement décidé qu’il ne retournerait pas à Laval. Il veut forcer la main à Martin St-Louis même s'il ne doit pas passer par le ballottage.

Chaque fois qu’il saute sur la glace, il expose involontairement les lacunes de Reinbacher. Non seulement Engström a l’air plus prêt, mais il dégage aussi quelque chose que Reinbacher ne possède pas encore : du style, de l’instinct, de la flamboyance.

Et dans une ville comme Montréal, où chaque geste est scruté à la loupe, ça compte. Plus que jamais.

David Reinbacher ne sera jamais un défenseur séduisant à l’œil. Jamais un joueur qui soulève les foules avec un coup de patin magique ou une relance électrisante.

Il sera, au mieux, un défenseur fiable, correct, calme, qui fait le travail. Mais ce profil-là, ce n’est pas ce qu’on attend d’un cinquième choix au total.

Surtout pas quand un prodige comme Matvei Michkov, déjà une vedette dans la LNH, était encore disponible.

Dans cinq, dix, vingt ans, on parlera encore de cette erreur.

À Montréal, les erreurs ne s’oublient jamais...