Depuis quelques semaines, c’est le même refrain qui résonne dans les médias traditionnels : Kirby Dach est « en feu », « en pleine forme », « fort comme jamais ».
Un vent d’optimisme souffle dans les studios de RDS, BPM Sports et TVA Sports, où certains chroniqueurs osent même parler d’une « saison de renaissance » pour l’ancien troisième choix au total de 2019.
Mais derrière cette campagne d’image bien huilée, plusieurs observateurs plus lucides se posent une question fondamentale : que vaut réellement Kirby Dach en ce moment?
Parce qu’à y regarder de plus près, il y a lieu d’être sérieusement inquiet.
Dach a beau afficher une silhouette affûtée à l’entraînement et on a beau voir des vidéos inspirantes sur ses réseaux sociaux, la réalité est que ça fait maintenant près de deux ans qu’il n’a pas joué un vrai hockey compétitif à haute intensité. On ne compte pas ses 57 matchs catastropiques de la saison dernière où il se traînait les patins.
En fait, certains membres de l’organisation affirment qu’il se contentait de faire acte de présence, sans véritable engagement physique ou émotionnel.
Et ça, c’est sans parler de sa nouvelle blessure. Car oui, en plus de sa rééducation initiale qui ne semblait pas terminé tellement il était mauvais sur la glace, Dach a subi une autre blessure gravissime à la jambe, ce qui a encore une fois freiné son développement.
Il n’a pas participé aux séries, ni même à la lutte féroce du Canadien pour une place en éliminatoires. Il est demeuré à l’écart, seul, pendant que ses coéquipiers se battaient chaque soir sur la glace.
Ce que les caméras ne montrent pas, ce sont les dixièmes de secondes perdus à chaque poussée. Ce sont les lectures défensives plus lentes, l’instinct un peu rouillé, les contacts évités.
La vérité sera dévoilée cet automne... et fera extrêmement mal...
Des gens très bien placés dans la LNH, y compris des dirigeants et des recruteurs d’autres équipes, craignent que Dach n’ait tout simplement plus le rythme pour jouer à un haut niveau.
Il est très beau à l’entraînement, mais dans un match NHL, tout va plus vite. Une fraction de seconde de retard, et tu deviens une cible ou un boulet.
Et c’est exactement ce qui guette Dach. Parce qu’aussi talentueux soit-il, il est aujourd’hui un joueur fragile. Fragile physiquement, mais surtout mentalement.
Il n’en faut pas beaucoup pour que Dach perde confiance. L’an dernier, on l’a vu disparaître dès que les choses tournaient mal.
Les attentes étaient énormes après sa solide saison 2022-2023 (avant de se blesser), mais le mental n’a pas suivi.
Et ce n’est pas une saison morte productive qui peut effacer deux années de stagnation, de blessures, et d’errance identitaire.
Disons que sa blessure en tout début de saison en 2023-2024 a été... le début de la fin...
Et pourtant, malgré tout ça, le Canadien semble prêt à lui redonner les clés du deuxième trio. Une décision qui frôle l’inconscience, selon plusieurs observateurs.
Car il ne s’agit pas seulement de donner une autre chance à un ancien espoir de premier plan. Il s’agit de confier un rôle stratégique essentiel à un joueur qui n’a donné aucun signe de stabilité depuis deux ans.
Le Canadien ne peut pas se permettre un faux départ. Avec la congestion salariale, les attentes renouvelées, l’émergence de jeunes comme Bolduc et Roy, et le dernier droit du contrat de St-Louis derrière le banc, le CH n’a pas droit à l’erreur.
Et pourtant, Dach, joueur au mieux incertain, est toujours au centre du plan. Pour combien de temps encore?
Derrière les coulisses, l’histoire est toute autre. Selon ce qu’on a appris, le Canadien de Montréal a offert Kirby Dach à au moins trois équipes au cours des derniers mois dans différents "package deals".
D’abord à Saint-Louis pour Jordan Kyroul. Puis à Anaheim, dans le cadre d’un "package" avec d’autres éléments pour tenter d’acquérir Mason McTavish.
Finalement, Dach a aussi été évoqué dans les discussions exploratoires autour d’un possible échange impliquant Sidney Crosby. Car oui, si Crosby devait venir à Montréal après les Jeux olympiques 2026, il est clair que Dach ferait partie du lot de retour vers Pittsburgh.
Ces informations, bien que jamais confirmées publiquement par Kent Hughes, sont bien réelles. Et elles témoignent d’un fait brutal : le Canadien ne croit plus vraiment à Dach comme pierre angulaire du futur.
Un dossier trop médiatisé?
Ce qui est ironique dans cette saga, c’est le contraste entre l’image publique et les réalités internes. Tandis que les analystes multiplient les éloges, plusieurs employés du CH doutent ouvertement de la capacité de Dach à tenir le coup. La direction, de son côté, semble préparer le terrain à une sortie honorable.
Mais les médias, eux, s’acharnent à faire croire que tout va pour le mieux.
Est-ce par nostalgie de la transaction initiale? Est-ce pour éviter d’admettre que Kent Hughes pourrait avoir perdu ce pari? Ou est-ce simplement pour maintenir le narratif d’un jeune talent en ascension? Peu importe la raison, le résultat est le même : une dangereuse illusion.
Et c’est là que la nostalgie devient douloureuse. Car ce n’est pas seulement Alexander Romanov que le Canadien a sacrifié dans cette transaction. C’est aussi Frank Nazar. Rappelons que le choix obtenu des Islanders, le 13e au total, a ensuite été échangé aux Blackhawks.
Quelle transaction de Chicago! Nazar est déjà un centre top 6 dominant dans la LNH.
Pendant ce temps, le Canadien s’accroche à Dach, un joueur aussi incertain que fragile. Voilà le véritable prix de cette transaction : deux piliers potentiels perdus, pour un pari qui commence à ressembler à une erreur de parcours de Kent Hughes.
Et si on le garde à Montréal, que fait-on avec lui? Le prolongera-t-on à moyen ou long terme?
Il deviendra joueur autonome avec compensation dans un an. D’ici là, sa valeur pourrait s’effondrer ou grimper, mais le pari est immense.
S’il performe, tant mieux. Mais s’il s’écrase, le CH sera piégé avec un joueur sans valeur, incapable de percer le top 6 et trop dispendieux pour un rôle de soutien.
Dach n’a pas les qualités défensives d’un centre de 3e trio. Il n’est pas physique, ni intense comme Roy. Il est dépendant de son rôle offensif. Et s’il ne produit pas, il devient inutile.
Surtout qu’en insistant pour faire de Dach un centre top 6, le CH retarde l’inévitable: l'obligation de trouver un 2e centre.
La vérité, c’est que Kirby Dach est un dossier à risque élevé. Sa fragilité mentale, son historique médical, son absence prolongée du jeu et la méfiance interne forment un cocktail explosif. Et l’organisation le sait.
Si Crosby arrive après les Jeux, il partira. S’il trébuche en début de saison, il sera relégué. S’il se blesse à nouveau, sa carrière à Montréal pourrait être terminée.
Mais en attendant, on continue de le promouvoir. De croire. De prier. Comme si l’illusion médiatique pouvait remplacer la réalité du jeu.
Dans quelques semaines, Kirby Dach montera sur la glace du camp d’entraînement. Les caméras seront braquées sur lui. Les journalistes, prêts à parler de sa résurrection. Mais au fond, ce sera un test. Le dernier, peut-être.
Et si le Canadien se trompe encore?
Il ne faudra pas dire qu’on ne l’avait pas vu venir.