Il y a des silences qui parlent plus fort que mille discours.
Et il y a des voix qu’on n’entend plus, mais qui résonnent encore comme un écho dans les entrailles du Centre Bell.
Carey Price est de celles-là.
Depuis qu’il a quitté la glace, l’ancien gardien du Canadien s’était fait discret.
Une ombre, presque une légende vivante qui se tenait loin des projecteurs.
Mais aujourd'hui, dans la foulée de l’annonce dévastatrice du décès de Ken Dryden, Price a brisé ce silence avec un message qui a bouleversé tout le monde du hockey.
« C’est avec le cœur lourd que j’offre mes plus sincères condoléances à la famille Dryden. Merci, Monsieur Dryden, pour votre service, non seulement en tant que joueur des Canadiens, mais aussi en tant que Canadien. Vous m’avez aidé lorsque j’étais jeune gardien de but et je vous serai toujours reconnaissant de vos mots d’encouragement attentionnés. »
Une phrase, quelques mots posés sur X, et soudainement, tout s’arrête.
Carey Price, d’ordinaire si peu porté vers les grandes déclarations publiques, a choisi de rendre hommage à un homme qui avait été bien plus qu’un simple gardien de but avant lui.
Dryden, c’était l’incarnation de la tradition, le colosse masqué qui avait mené le Canadien à six Coupes Stanley en huit saisons.
Price, lui, c’était l’héritier de ce flambeau, le gardien de la patience et des espoirs d’un peuple de hockey qui n’a jamais cessé de l’idolâtrer, même dans la douleur.
Le parallèle est déchirant.
Dryden et Price, deux monuments à des époques différentes, mais unis par le poids démesuré de ce chandail, par la solitude du filet et par la brutalité des attentes montréalaises.
La différence, c’est que Dryden a eu droit au triomphe ultime, alors que Price a surtout connu le fardeau des blessures et le goût amer des finales perdues.
Quand il parle d’avoir été aidé par Dryden dans sa jeunesse, c’est bien plus qu’un souvenir : c’est l’aveu d’un lien intime entre deux gardiens séparés par les décennies, mais soudés par une même mission.
Ce message, il est bouleversant parce qu’il humanise encore davantage Carey Price.
Le grand gardien impassible, l’icône au masque inexpressif, se révèle soudain fragile, reconnaissant, presque à nu.
On le sent atteint par cette perte, comme si, quelque part, la disparition de Dryden lui renvoyait sa propre condition : un homme qui a tout donné à ce sport, mais que la vie a rappelé à l’ordre plus tôt qu’il ne l’aurait voulu.
Et les partisans l’ont bien senti.
À peine le message publié, les réseaux sociaux se sont enflammés.
Des milliers de réactions, d’hommages croisés, de photos de Dryden et Price alignées comme deux générations qui se tendent la main.
Ce qui rend tout ça encore plus troublant, c’est la coïncidence des événements.
Le 5 septembre 2025 restera une date noire dans les livres du Canadien : le jour où le contrat de Carey Price a officiellement été échangé, tournant la page d’une ère, et quelques heures plus tard, l’annonce de la mort de Ken Dryden.
Deux gardiens, deux destins, une même journée marquée par la fin d’un cycle.
C’est comme si le hockey lui-même avait décidé de fermer un chapitre de son histoire, brutalement, sans avertissement.
Et c’est précisément là que le message de Price prend toute sa force.
Il ne parle pas de lui, il ne parle pas de sa transaction, il ne parle pas de sa carrière.
Il parle de Dryden, de l’homme, du mentor, de celui qui avait pris le temps de tendre la main à un jeune gardien autochtone venu du bout du monde canadien.
Un geste d’humanité qui traverse les époques et qui explique pourquoi, malgré les blessures, malgré l’absence de Coupe Stanley, Carey Price restera toujours une légende aux yeux des Montréalais.
Ken Dryden, en un sens, avait ouvert la voie.
Carey Price, à sa manière, l’a prolongée.
Deux hommes qui n’ont jamais eu besoin de beaucoup de mots pour marquer l’imaginaire collectif. Mais quand ils parlaient, quand ils écrivaient, chaque syllabe pesait son poids d’or.
Aujourd'hui, en lisant ce message, ce n’est pas seulement la famille Dryden qui a été touchée.
C’est toute une ville, tout un peuple de hockey qui a ressenti cette douleur partagée.
Carey Price, sans le savoir, a encore une fois été ce qu’il a toujours été : la voix silencieuse d’une nation de partisans, le reflet de leurs émotions, l’incarnation de leur mémoire.
Et c’est peut-être ça, le vrai héritage de Price.
Pas seulement ses arrêts miraculeux, pas seulement son style impeccable, pas seulement ses trophées.
Mais cette capacité rare à capter l’instant, à exprimer sans détour ce que tous ressentent, à relier les générations par un simple message.
Le Centre Bell, cette saison, n’aura plus de Carey Price ni de Ken Dryden pour veiller sur son filet.
Mais il aura leur souvenir, leur empreinte, leur ombre bienveillante.
Et aujourd'hui, en quelques lignes, Carey Price a prouvé une fois de plus qu’il restera, lui aussi, à jamais lié au destin du Canadien de Montréal.
AMEN