Caresse de Martin St-Louis: Chantal Machabée lui donne une leçon

Caresse de Martin St-Louis: Chantal Machabée lui donne une leçon

Par David Garel le 2025-11-07

On a encore le coeur brisé ce matin, en pensant aux larmes de Jakub Dobes. Mais ce qui s'est passé après nous réchauffe le coeur.

Dans un vestiaire à l’écart des caméras de RDS et de TVA Sports, s’est produit un moment déchirant, humain, et bouleversant.

Chantal Machabée est allé consoler le pauvre gardien.

Elle est allé voir le kid de 22 ans, en pleurs, effondré sous le poids de sa première défaite de la sasison, directement pour lui remonter le moral.

Mais c’est une phrase lancée avec un sourire en coin par Martin St-Louis qui a déclenché un débat virulent sur les réseaux sociaux : Martin a-t-il manqué d’empathie envers Jakub Dobeš?

Et, peut-être plus délicat encore : a-t-il exprimé du mépris envers le journaliste qui lui en parlait?

Les faits sont simples. Jakub Dobeš, invaincu depuis le début de la saison, a cédé quatre fois face aux Devils du New Jersey dans une défaite de 4 à 3 en prolongation.

Sur le coup, ce n’était pas une catastrophe. Le CH avait récolté un point. Le match ne fera pas les manchettes des revues de l’année.

Mais pour Dobeš, ce fut la fin d’un conte de fées. Le jeune homme s’est effondré en mêlée de presse, incapable de contenir ses larmes.

Chantal Machabée, vice-présidente aux communications du Canadien, est restée à ses côtés comme une mère silencieuse, le réconfortant bien au-delà de ses fonctions officielles.

Noah Dobson, coéquipier protecteur, a été prévenu de l’état émotionnel de Dobeš à la fin de sa propre entrevue. Immédiatement, il est allé lui aussi lui offrir du réconfort.

Tout cela formait un tableau de solidarité rare, sincère, émouvant. Mais quelques minutes plus tard, dans les couloirs, une autre scène allait changer le ton.

Interrogé par le journaliste Anthony Martineau de TVA Sports, Martin St-Louis a appris que son gardien pleurait. Martineau, avec un ton humain et préoccupé, lui a demandé ce qu’il allait dire à Dobeš pour l’aider à surmonter cette épreuve. Et St-Louis, avec un petit sourire, lui a lancé :

« On va lui faire une caresse. »

Certains y ont vu une tentative bienveillante de désamorcer une question lourde. D’autres, de plus en plus nombreux, y ont perçu un geste de mépris, une réplique glaciale aux allures de sarcasme.

La réaction du public ne s’est pas fait attendre. Sur X, sur les pages Facebook de partisans, dans les segments radio du lendemain, une question dominait : comment un entraîneur peut-il minimiser la douleur d’un jeune joueur aussi vulnérable?

Car dans la foulée, le ton de St-Louis n’a pas réellement changé. Il a enchaîné avec des déclarations sur le fait que « les gars n’arrivent pas ici par hasard », que « ce sont des hommes faits d’une certaine façon » et que Dobeš allait être « encadré »…

Une manière de dire : on ne dramatise pas ici. On ne panique pas pour une défaite. Et surtout, on ne s’apitoie pas.

Mais c’est justement là que le débat s’enflamme. Est-ce que ce moment exigeait autre chose que du sarcasme?

Est-ce que Dobeš méritait un commentaire public un peu plus compatissant? Était-ce trop demander que d’humaniser une situation déjà très émotive, alors que des coéquipiers et même une VP aux communications l’ont instinctivement fait?

« Ce n’est pas tant la phrase que le regard », a noté un partisan sur Reddit.

« Quand il a dit “on va lui faire une caresse”, on aurait dit qu’il se foutait de la question d’Anthony Martineau. Comme s’il disait : tu ne comprends pas c’est quoi le sport de haut niveau, toi. »

Et c’est là que le débat bascule. Car une autre ligne de critique a émergé dans les heures qui ont suivi : est-ce que Martin St-Louis s’est moqué du journaliste plus que du joueur?

Est-ce que son sourire n’était pas tant un manque d’empathie envers Dobeš, mais plutôt une façon de rabaisser Martineau, ou de ridiculiser sa question?

Un extrait vidéo, devenu viral sur X, montre clairement le regard fixe de St-Louis vers Martineau au moment de sa réponse. Il semble contenir un rire. Certains y voient du mépris. D’autres, une forme de fatigue. Mais peu s’entendent pour dire que c’était approprié.

Martineau, pour sa part, est resté professionnel. Il n’a pas répliqué sur le moment. Il a simplement poursuivi avec sa question, quand tous les journalistes riaient de la fameuse caresse.

Chantal Machabée, elle, n’a rien dit. Elle n’avait pas besoin de parler. Sa simple présence, debout derrière Dobeš, une main sur l’épaule du jeune homme, suffisait. On l’a vue tendre un mouchoir. On l’a vue détourner les caméras. On l’a vue, tout simplement, être humaine.

Cette différence entre l’image empathique de Machabée et la réponse cinglante de St-Louis a alimenté le feu. Dans les commentaires, plusieurs internautes ont souligné que l’ancien joueur étoile n’avait peut-être pas encore appris à gérer les émotions de ses jeunes avec la sensibilité qu’exige son poste.

D’autres ont pris sa défense :

« Ce n’est pas le rôle d’un coach d’être une maman », écrivait un internaute

« Il doit garder tout le monde fort mentalement. »

Mais à l’ère de la santé mentale mise à l’avant-plan, est-ce qu’une petite phrase condescendante, même lancée à la blague, est encore acceptable?

Certains diront que Dobeš est jeune, qu’il apprendra. Que c’est le genre de moment qu’il doit traverser pour devenir un numéro un dans la LNH. Et c’est vrai.

Mais d’autres répliquent : est-ce qu’une réponse empathique de Martin St-Louis aurait changé l’exigence de performance? Non. Mais il aurait peut-être permis à un gardien en larmes de sentir qu’il n’est pas seul à porter le poids du monde.

Le débat est lancé. Et pour une fois, il ne porte pas sur un but accordé ou un mauvais changement de trio. Il porte sur l’essentiel : comment traite-t-on les humains derrière les casques?

Et surtout : une caresse verbale, peut-elle parfois faire plus mal qu’un tir frappé?