Pendant des semaines, des fans du Canadien de Montréal ont regardé cet échange avec un mélange d’optimisme naïf et d’inquiétude : Dobson est un défenseur offensif, il va aider notre équipe, il va stabiliser notre jeu à cinq contre cinq, il va permettre au CH de gagner des matchs serrés.
Aujourd’hui, ce même public est divisé, déçu, parfois même en colère. Parce que Dobson, malgré un talent offensif évident, n’a pas été le pilier défensif attendu, et surtout parce que les retours qui ont nourri l’autre équipe, les Islanders de New York, semblent exploser leur propre potentiel.
La question se pose: le Canadien a‑t‑il payé trop cher pour Noah Dobson ? Et plus encore : Kent Hughes a‑t‑il été floué dans cet échange, comme certains affirment en regardant ce qu’a obtenu l’autre côté ?
Avant d’aller plus loin, remettons les pièces du casse‑tête sur la table.
Cet été, le Canadien a envoyé Émile Heineman plus les choix de premier tour #16 et #17 au profit des Islanders de New York pour mettre la main sur Noah Dobson, défenseur droitier de 25 ans.
Sur le papier, plusieurs ont vu une équation logique :
Dobson est jeune, mobile, capable d’attaque, capable de jouer des deux côtés de la glace.
Montréal avait besoin d’un numéro un à la défensive.
Heineman n’avait pas encore largement percé avec le CH et était perçu comme un joueur de 4e trio.
Les deux choix de premier tour étaient des « actifs » plutôt que des joueurs déjà établis, donc des paris, pas des certitudes.
Nombre de partisans ont alors pensé : « On donne du potentiel en échange d’un joueur qui a déjà prouvé qu’il peut être bon dans la LNH. C’est un risque calculé. »
Sauf que les choses sont rarement si simples dans le hockey professionnel.
La première critique que l’on peut adresser au Canadien est d’avoir sous‑estimé Émile Heineman. Chez les Islanders, il est l’un des piliers offensifs du top‑6. Il joue régulièrement avec Horvat, il trouve le fond du filet, il impose une présence physique que le CH espérait voir dans ses propres rangs et il est dans les meneurs de la LNH pour le nombre de mises en échec.
Son tir, sa vitesse, sa capacité à s’engager dans la zone offensive et à produire des chances de qualité sont ce que Montréal espérait avoir dans l’absolu, mais qu’on n’a pas su exploiter à la même hauteur.
Heineman est maintenant vu comme une pièce essentielle dans la production des Islanders, ce qui n’était pas le cas au Canadien avant l’échange. C’est déjà un retour d’investissement considérable pour New York et c’est là que la question commence à piquer à Montréal.
Le choix #16 est Victor Eklund, deviendra une vedette dans la LNH. Il joue déjà professionnel en Suède, dans une ligue où il affronte des hommes, Le genre d'attaquant two-way qui sera parfait pour Patrick Roy.
Le choix #17, Kashawn Aitcheson, a montré un style de jeu que les analystes qualifient de “prêt pour la Ligue”. Il ne se contente pas de se battre dans la OHL, il domine physiquement. Il patine avec une intensité qu’on associe rarement à des jeunes joueurs à ce niveau. Il se bat dans les coins, il gagne des mises en échec, il marque comme un attaquant vedette. (19 buts et 32 points en 27 matchs). C'est ce qui s'appelle imposer sa présence.
Donner deux espoirs de premier plan et Heineman pour une seule défenseur, même talentueux, fait réfléchir. Surtout quand ce jeune brille déjà dans son circuit.
Alors, regardons maintenant Noah Dobson.
Oui, il a 18 points en 29 matchs cette saison, ce qui n’est pas négligeable. Oui, il est mobile, capable de relancer l’attaque, et il peut créer des opportunités de transition.
Mais il y a une faiblesse flagrante qui ressort chaque fois qu’on parle de sa prestation : sa constance défensive. On ne parle pas ici d’un joueur qui « joue parfois mal ».
On parle d’un joueur qui, sur des séquences critiques, manque d’intensité défensive, manque de lecture, manque parfois de l’agressivité minimale attendue d’un défenseur numéro un.
Et ce n’est pas un jugement isolé ou subjectif : des analystes comme Félix Séguin l’ont dit en direct, en termes clairs, avec des sources qui vont jusqu’à commenter pourquoi les Islanders s’en sont départis.
Voici ce que Séguin a dit, mot pour mot :
« Moi, ça m’inquiète beaucoup…
J’ai fait aller mes contacts pour comprendre pourquoi les Islanders auraient été intéressés à s’en départir… ce que mes contacts m’avaient dit, c’est : très bon patin, capable de produire en attaque, mais défensivement par moments, il l’échappe.
Il n’y a pas de la rage en lui… Je le trouve mou défensivement, par moments. Quand il joue avec aplomb, c’est agréable de le voir jouer, il peut aider cette équipe‑là, mais quand il l’échappe, ça donne une séquence comme sur le but d’Holmberg. »
Ce n’est pas une critique isolée. C’est une description d’un profil qui ne répond pas aux exigences défensives d’un joueur que l’on a payé très cher, et qui laisse planer l’impression que le joueur n’est pas fait pour les séries, là où l’intensité, la responsabilité et la rigueur sont absolument essentielles.
Pour mieux comprendre si Montréal a payé trop cher, il est utile de regarder ce que certaines autres équipes ont obtenu dans des échanges où la logique du “qui a gagné” semble plus déséquilibrée.
Prenons l’exemple récent qui a agité les réseaux sociaux : l’échange entre le Wild du Minnesota et les Canucks de Vancouver impliquant Quinn Hughes.
Certains affirment, un peu à la manière dont on critique l’échange Dobson, que Vancouver a “floué” le Wild.
On retrouve dans cette transaction :
Quinn Hughes, peut-être le meilleur de la ligue, gagnant du trophée Norris en 2024, un point par match presque dans sa carrière.
En retour, les Canucks obtiennent une combinaison de jeunes talents, incluant Zeev Buium, Marco Rossi, Liam Öhgren, ainsi qu’un choix de premier tour.
Et pourtant, même dans cet échange, le Wild n’a pas perdu l’échange. Il a choisi de mettre la main sur un joueur élite, tandis que Vancouver s’est repositionné avec de la profondeur et de la jeunesse. Ce n’est pas un vol unilatéral.
Alors, Montréal s’est‑il fait voler ?
Selon plusieurs recruteurs, le CH a autant donné que le Wild dans la transaction pour Dobson. Zeev Buium deviendra un défenseur offensif vedette dans la LNH, mais Kashawn Aitcheson sera bien plus complet.
Marci Rossi n'est pas un centre top-6 dans une équipe prétendante à la Coupe Stanley. Beaucoup trop petit et fragile, autant physiquement que mentalement. On prend Victor Eklund 1000 fois avant Rossi.
Liam Ohgren est un espoir de bas-étage et le choix de 1ère ronde du Wild sera pratiquement un choix de 2e ronde tellement le Minnesota est puissant. (4e dans la LNH en ce moment et ils vont arriver premier selon les experts).
Le CH a reçu Dobeson. Le Wild a reçu Hughes. Ouch.
Dobson, malgré son talent, n’a pas encore réussi à prouver qu'il est un défenseur numéro un. Il est numéro trois en ce moment derrière Mike Matheson et Lane Hutson.
D,accord, une transaction ne se juge pas seulement au nombre de points inscrits par l’un des joueurs. Mais elle se juge sur la valeur potentielle des joueurs sacrifiés pour l’obtenir.
Et là, Montréal asacrifié deux pièces capables d’être des forces dans la ligue pour des années, en échange d’un joueur qui, pour l’instant, n’a pas encore résolu les failles structurelles de sa performance défensive.
Sans oublier Heineman, qui ferait partie de notre top-6 facile.
Le verdict, pour l’instant, n’est pas : Minnesota s’est fait flouer pour Hughes. Le verdict est : Montréal a peut‑être payé trop cher pour un défenseur qui n’a pas encore prouvé qu’il peut être ce pilier indispensable que le CH croyait acheter.
Et tant que Dobson ne redresse pas ces séquences défensives, pas juste à l’occasion, mais avec constance, cette transaction continuera de faire jaser.
Alors... Quinn Hughe sou Noah Dobson? Misère...
