Noah Dobson vit présentement un véritable cauchemar de relations publiques, et le plus cruel dans toute cette histoire, c’est que ce cauchemar ne vient pas seulement de ses performances inégales sur la glace, mais de tout ce qui refait surface autour de lui depuis que les projecteurs sont braqués à Montréal, là où chaque nonchalance devient une faute morale et chaque absence d’émotion est perçue comme un aveu de faiblesse.
À Long Island, Patrick Roy avait déjà mis le doigt sur ce malaise-là, non pas en le détruisant publiquement, mais en posant des gestes lourds de sens : réduction du temps de jeu dans des moments clés, confiance retirée lors de séquences défensives critiques, messages clairs envoyés à l’interne sur l’engagement requis pour jouer du hockey de séries.
Roy n’a jamais attaqué Dobson personnellement, mais il a laissé filtrer par ses décisions que le défenseur ne correspondait pas à ce qu’il exigeait d’un pilier défensif, surtout quand l’intensité montait.
À ses yeux, Dobson manquait de mordant, de constance émotionnelle, de ce feu intérieur qui ne se mesure pas en points, mais en lectures rapides, en engagements physiques assumés et en urgence dans les moments où tout bascule.
Aujourd’hui, à Montréal, ce que Roy voyait en coulisses explose au grand jour.
À TVA Sports, le ton est devenu brutal. Jean‑Charles Lajoie n’a pas pris de détour :
« On peut en parler, là. Noah Dobson n’est pas un gars de 9,5 millions par année. »
Et quand Tony Marinaro enchaîne en rappelant que le CH voulait un défenseur capable de manger 25 minutes, ce que Dobson peut faire, mais qu’il ajoute que « là où il me déçoit, il se doit d’être meilleur offensivement », le malaise s’installe.
Puis vient la charge finale, cinglante:
« Le tir, on ne le voit pas. Les instincts offensifs, on ne les voit pas. Les entrées de zone, on ne les voit pas. La créativité offensive, on ne la voit pas. C’est désolant. »
Ce n’est plus une critique technique, c’est un constat d’échec symbolique.
Et c’est là que tout se recoupe. Patrick Roy avait compris avant tout le monde que Dobson était un joueur capable du meilleur, mais dangereusement exposé au pire quand l’intensité grimpe, quand l’émotion devient une arme, quand la série commence réellement.
Montréal découvre aujourd’hui ce que Long Island a décidé de ne plus endurer. Et pendant que Dobson tente de survivre à cette tempête médiatique, chaque critique, chaque reprise vidéo, chaque mot prononcé à TVA Sports renforce une idée de plus en plus lourde : ce n’est peut‑être pas Roy qui s’est trompé… mais bien le Canadien qui a cru pouvoir transformer un joueur que même Roy n’arrivait plus à convaincre.
Mais il manquait un détail capital dans ce récit explosif : le rôle de Mathieu Darche, et cette scène tendue, presque cinématographique, dans laquelle Roy lui aurait lancé en pleine face qu’il refusait de coacher Dobson une minute de plus.
Ce moment-là, dans le bureau, a marqué un point de non-retour. Darche, déjà sous pression come nouveau DG tentait de maintenir un semblant de paix dans le vestiaire.
Mais Patrick Roy, fidèle à son intensité légendaire, lui a balancé la vérité de manière cinglante.
Aujourd’hui, le choc est passé. Mais les séquelles brûlent encore sous la surface. Noah Dobson a trouvé à Montréal non seulement une nouvelle équipe, mais un contrepoids parfait à Patrick Roy : un entraîneur doux, supposément moderne, ouvert, admiré dans les vestiaires et complice des jeunes joueurs.
Au final, on réalise (et Noah Dobson aussi) que Patrick Roy est un meilleur meilleur coach que Martin St-Louis. Ce n’est pas qu’un changement d’adresse. C’est un changement de doctrine. Une déclaration. Un manifeste.
Chaque sourire lors de sa conférence de presse quand il est arrivé à Montréal, chaque mot sur Martin St-Louis, chaque absence de remerciement à Long Island, tout ça, c’était un doigt d’honneur poli à son ancien coach.
Et pendant que Noah Dobson répète qu’il se sent “libre” à Montréal, Patrick Roy, lui, ne cligne même pas des yeux.
Roy l’a regardé partir comme on ferme une porte derrière soi : sans regret. Il savait que dans un marché comme Montréal, les projecteurs sont cruels, les attentes cinglantes.
Il savait que Dobson finirait par se contredire, par décevoir, par s’enfarger dans son image. Et chaque erreur défensive, chaque soirée sans impact offensif, chaque mot vide en conférence de presse ne fait que confirmer ce que Roy savait déjà : ce joueur-là n’est pas bâti pour gagner dans le feu des séries.
Martin St-Louis peut bien lui tendre la main, le choyer, lui offrir du temps de glace en or. Roy, lui, n’offre pas des câlins. Il construit des hommes. Des champions. Des gars qui prennent les critiques et les transforment en carburant.
Et s’il faut choisir entre la discipline impitoyable de Roy et les promesses mielleuses d’un entraîneur “moderne”, Montréal ferait bien de se souvenir d’une chose : les bannières qu’on hisse au plafond ne se gagnent pas avec de la molesse à la Dobson, mais avec des tripes.
